Résumés
Résumé
L’article interroge la façon dont la rupture représentée par la révolution des Oeillets oriente le rapport au passé et sa représentation dans Tabou (2012), de Miguel Gomes, et La dernière fois que j’ai vu Macao (2012), de João Pedro Rodrigues et João Rui Guerra da Mata. Dans ces films, l’évocation du passé colonial implique une réflexion sur l’événement révolutionnaire et ses conséquences qui, même en partie implicite, voire déniée, ne saurait être négligée. Deux caractéristiques communes soulignent la relation entre le présent et le passé : la reprise distanciée d’une forme de narration populaire et codée ; et l’utilisation d’une voix off abondante qui creuse, selon des modalités singulières, l’écart entre le visible et le sonore pour interroger le lien entre connaissance historique et mémoire subjective. Le cinéma portugais contemporain essaie ainsi de se situer par rapport à un passé fragile, voué à un certain oubli, même s’il demeure toujours actuel.
Abstract
The present article interrogates the way in which the rupture represented by the Carnation Revolution orients relations with the past and its depiction in Tabu, by Miguel Gomes, and The Last Time I Saw Macao by João Pedro Rodrigues and João Rui Guerra da Mata. In these films, the evocation of the colonial past involves thinking about the Revolution and its consequences which, even though partly implicit, even denied, cannot be overlooked. Two shared features in these films underscore the connection between past and present: the distanced use of a popular and coded form of narration; and the abundant use of voice-over which, in a singular manner, looks deeply into the difference between the visible and the aural in order to explore the connection between historical knowledge and subjective memory. In this way, contemporary Portuguese cinema is attempting to situate itself in relation to a fragile past that seeks a kind of forgetting, even though it is still present.
Parties annexes
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