Résumés
Résumé
Très présent à la radio et dans la presse françaises après la Seconde Guerre mondiale, le jazz va conquérir peu à peu la télévision à partir de 1955. À la recherche du jazz, première série régulière sur le sujet, créée par Maurice Blettery et réalisée, pour l’écrasante majorité des émissions, par Jean-Christophe Averty, révèle une tension entre deux ambitions didactiques : l’une qui fait du jazz un prétexte pour aborder des « sujets de société », l’autre qui marque une volonté d’étudier la musique pour elle-même et d’affirmer le jazz comme témoignage d’un nouvel équilibre entre le « savant » et le « populaire ». Alors que les premières émissions sont construites autour d’une succession souvent maladroite d’extraits de longs métrages et de discours d’experts reconnus, Averty s’émancipe progressivement des contraintes éditoriales de la série pour mettre en images la musique et explorer les moyens propres à la télévision. À partir de la fin de la décennie, il prend en charge de nouvelles émissions, dont Modern Jazz at Studio 4, dans lesquelles il privilégie la performance des musiciens et fait du jazz un terrain d’expérimentation idéal pour inventer un univers plastique que l’on peut qualifier, bien avant les oeuvres de Nam June Paik, d’art vidéo.
Abstract
Jazz had a prominent place on French radio and in the French press after the Second World War, and gradually took its place on French television after 1955. The vast majority of the programs making up the first regular series on jazz, À la recherche du jazz, created by Maurice Blettery, were directed by Jean-Christophe Averty. They reveal a tension between two didactic ambitions: one used jazz as a pretext to address “social topics,” while the other sought to explore music for its own sake and to espouse jazz as the sign of a new equilibrium between “high-brow” and “popular” culture. Although the earliest programs were constructed around an often awkward alternation of clips from feature films and remarks by acknowledged experts, Averty gradually broke free of the series’ editorial constraints to set the music to images and explore the resources television offered. In the late 1950s, he took over new programs such as Modern Jazz at Studio 4, in which he featured musical performances and made jazz an ideal locus of experimentation for inventing a visual world which we might describe, long before the work of Nam June Paik, as video art.
Parties annexes
Bibliographie
- Delavaud 2003 : Gilles Delavaud, « André Bazin, critique de télévision », dans Jérôme Bourdon et Jean-Michel Frodon (dir.), L’oeil critique. Le journaliste critique de télévision, Paris/Bruxelles, INA/De Boeck, 2003, p 47-56.
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- Mouëllic 2014 : Gilles Mouëllic, « La télévision comme dispositif d’enregistrement du jazz », dans Pierre-Henry Frangne et Hervé Lacombe (dir.), Musique et enregistrement, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, p. 259-267.
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- Sauvage et Veyrat-Masson 2012 : Monique Sauvage et Isabelle Veyrat-Masson, avec la collaboration de Géraldine Poels, Histoire de la télévision française de 1935 à nos jours, Paris, Nouveau Monde, 2012.
- Tournès 1999 : Ludovic Tournès, New Orleans sur Seine. Histoire du jazz en France, Paris, Fayard, 1999.