Une nouvelle direction à la revue : l’avenir et le passé d’une discipline en développement[Notice]

  • André Gaudreault

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  • André Gaudreault
    Directeur de la revue de 1999 à 2016
    Membre du Comité de direction depuis 1993

Le signataire du présent texte a eu l’insigne honneur et l’immense privilège de diriger la revue Cinémas durant dix-sept années (à partir du volume 10, en 1999). À compter du présent numéro, c’est Richard Bégin, professeur au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal, qui est désormais au gouvernail. Pour assurer son avenir, la revue pourra compter sur ce chercheur, jeune mais déjà confirmé, et dont la feuille de route est à tous égards remarquable : on lui doit notamment d’avoir ouvert un nouveau champ de recherche — la mobilographie, cette « écriture de la mobilité » rendue possible par les divers dispositifs portables que la « révolution » numérique a mis à notre disposition —, qui se développe à une vitesse stupéfiante et qui attire de nombreux candidats à la maîtrise et au doctorat. Passer ainsi à la direction de Cinémas ne tient pas du saut périlleux pour Richard Bégin, puisqu’il a été le directeur adjoint de la revue à partir de juillet 2015 et qu’il est membre de son comité de direction depuis cinq ans, ce qui lui a permis de se familiariser avec l’ensemble des opérations. Le nouveau directeur a donc de l’expérience dans la gestion d’une revue, sans compter qu’il en a déjà lui-même fondé une — la revue en ligne Écranosphère — il y a quelques années. Je suis donc à même d’en témoigner : Richard sait faire, mais il sait aussi parfaire. Heureusement, car ses responsabilités sont énormes : en ces temps difficiles où le monde de l’édition est en bouleversement continuel, il devra veiller au devenir d’une revue qui peut s’enorgueillir de la réussite qui a marqué l’histoire de ses vingt-six années d’existence, depuis sa fondation par ce duo de visionnaires qu’étaient Michel Larouche et Denise Pérusse (alors respectivement professeur et chercheuse à l’Université de Montréal), en ces temps « reculés » (le début des années 1990) où le champ des études cinématographiques était encore, au Canada du moins, dans un état fort embryonnaire. Il en fallait de la vision, me semble-t-il, pour avoir l’audace de penser qu’une revue savante, comme on dit, pouvait être viable au Québec, dans une discipline qui devait encore faire ses preuves dans l’institution universitaire avant de pouvoir s’y faire reconnaître pleinement. Au Québec, en 1990, les docteurs en cinéma se comptaient sur les doigts d’une main… Il n’y avait alors aucun programme de maîtrise — et encore moins de doctorat — en cinéma, ni au Québec, ni dans le reste du Canada. On peut imaginer l’angoisse du directeur d’une revue d’études cinématographiques devant un tel désert : qui donc va écrire des articles dignes d’être publiés dans ma revue ? En effet, une revue savante, la chose est connue, se doit de publier des textes savants, qui doivent, par définition, être écrits par des… savants. Or, en ces temps-là, des « savants » en cinéma, il n’y en avait, au Québec en tout cas, qu’un tout petit contingent. Certes, une revue peut compter sur des chercheurs étrangers comme auteurs, mais elle doit aussi pouvoir s’appuyer sur les forces locales, ne serait-ce que pour arriver à réunir dans un même lieu les membres de son comité de direction (la visioconférence restait un procédé assez lourd). Quand on y pense, fonder au Québec une revue du type de Cinémas en 1990, dans l’état peu avancé où se trouvait alors le champ des études cinématographiques, c’était une manière indirecte de lancer un appel pour que ce champ se développe dans l’immédiat. Et comme c’était dans l’air du temps, c’est exactement …

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