FR :
Le présent article porte sur l’utilisation d’une langue autochtone sur Facebook et WhatsApp par de jeunes autochtones, soit des élèves du secondaire bilingues parlant le quechua et l’espagnol. Sur la base de données empiriques issues d’une étude menée de 2018 à 2020 et dans une perspective épistémologique et socio-écologique de la langue, il examine les effets des réseaux socionumériques comme nouveau scénario de risque en ce qui concerne les langues minoritaires ou comme potentiel de revalorisation. Les principaux aspects de l’étude ont trait à la plasticité du territoire de la langue autochtone, aux perceptions linguistiques et aux attitudes des jeunes élèves bilingues à l’égard de cette langue de même qu’à l’incursion de cette dernière dans l’écosystème numérique. Parmi les principales raisons qui limitent l’utilisation de la langue autochtone dans ces réseaux figurent la stigmatisation par l’environnement socioculturel à son égard, les subjectivités des jeunes quant à son utilisation et à sa convivialité ainsi que sa difficulté d’écriture sur des dispositifs électroniques.
Malgré les restrictions mentionnées ci-dessus, la langue quechua est utilisée dans le cyberespace par l’entremise des réseaux socionumériques et d’Internet en général, grâce à la volonté et à l’engagement de ses locuteurs qui, en tirant parti de ces ressources numériques, sont en mesure d’étendre systématiquement les domaines d’utilisation de cette langue. Les jeunes profitent des facilités linguistiques multimodales offertes par les réseaux socionumériques pour renforcer et revitaliser une langue minoritaire. Ces réseaux montrent une écriture intuitive et progressive de la langue quechua, depuis des mots isolés jusqu’à des textes complets et complexes qui reflètent leur entrée dans la littératie numérique.
EN :
The article focuses on the use of an Indigenous language on Facebook and WhatsApp by young Quechua- and Spanish-speaking bilingual Indigenous high school students. Based on empirical data from a study conducted between 2018 and 2020 and from a socio-ecological and epistemological perspective of language, it addresses the impact of social media networks as a new risk scenario for minority languages or as a potential for revalorization. Key aspects of the discussion include the plasticity of the Indigenous language’s territory, the young bilingual students’ perceptions and attitudes regarding this language and the introduction of the language into the digital ecosystem. Some of the main reasons limiting the use of the Indigenous language on social media include sociocultural stigma, youth’s subjectivity regarding its use and usability, and the difficulty of writing the language itself on electronic devices.
Despite the abovementioned restrictions, Quechua is used in cyberspace on social media networks and the Internet in general, thanks to the willingness and commitment of its speakers who, by taking advantage of digital resources, manage to systematically expand the language's outreach. Youth take advantage of the multimodal language features of social media networks to strengthen and revitalize a minority language. The networks show intuitive and progressive writing of the Quechua language, from isolated words to complete and complex texts, reflecting their introduction to digital literacy.