FR :
Le fa’a’amu est une forme d’adoption coutumière ancestrale pratiquée en Polynésie française. L’histoire coloniale de ce territoire, notamment l’implantation du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP), a provoqué de profonds changements sociaux, dont une importante transformation du mode d’organisation de la famille polynésienne, le ‘utuafare. Basé sur un modèle familial élargi, composé d’éléments relatifs à la gestion de la terre et à la subsistance, le ‘utuafare fut affecté par des changements de nature économique, l’influence du modèle de famille nucléaire occidental, plus compatible avec l’économie de marché, et la montée de la privatisation des terres. Or, malgré ces profonds changements sociaux, on remarque une continuité, celle de la pratique du fa’a’amu, et ce, en dépit de l’application du Code civil français qui ne reconnaît pas, comme telle, cette forme d’adoption. Cet article se penche sur certaines des stratégies pouvant être employées par les Polynésiens afin de continuer à pratiquer ce don d’enfant. Certains parents décident de rester en marge du droit officiel, alors que d’autres préfèrent recourir aux procédures du Code civil, de façon à obtenir malgré tout, une certaine reconnaissance officielle de leur parentalité.
EN :
Fa’a’amu is a form of ancestral customary adoption practiced in French Polynesia. The colonial history of this territory, in particular the establishment of the Pacific Experimentation Center (CEP), brought about profound social changes, including a significant transformation in the mode of organization of the Polynesian family, the ‘utuafare. Based on an extended family model, which is composed of land management and subsistence, ‘utuafare was operated by changes of an economic nature, influenced by the Western nuclear family model, more compatible with the market economy, and the rise of land privatization. However, despite these profound social changes, we notice a continuity, that of the practice of fa’a’amu, and this, in the absence of the application of the French Civil Code which does not recognize, as such, this form of adoption. This article looks at some strategies that can be employed by Polynesians to continue to practice this gift of children. For these parents, it may in some cases mean to stay outside official law, while others prefer procedures relating to the Civil Code so as to still benefit from some official recognition of their parenthood.