Comptes rendus bibliographiques

GUÉRIN, Florian, HERNANDEZ, Edna et MONTANDON, Alain (dir.) (2018) Cohabiter les nuits urbaines. Des significations de l’ombre aux régulations de l’investissement ordinaire des nuits. Paris, L’Harmattan, 248 p. (ISBN 978-2-34314-342-2)[Notice]

  • Yannick Brun-Picard

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  • Yannick Brun-Picard
    École maternelle et primaire La Peyroua, Le Muy (France)

Une vingtaine d’auteurs sont regroupés sous la direction de Florian Guérin, d’Edna Hernandez et d’Alain Montandon. Ils ont pour objectif de dévoiler nombre de facettes des nuits urbaines où la cohabitation des habitants et des consommateurs réclame que soit conscientisée la part d’ombre existante, tout en incluant les régulations et les investissements privés ou publics effectués afin que les actants puissent vivre la nuit urbaine selon leurs aspirations. L’attractivité constatée de la nuit urbaine implique une régénération de son tissu pour que les territoires puissent être valorisés tout en intégrant les tensions induites par les usages et les orientations, lesquelles mettent en relief le rôle des instances institutionnelles et des droits des citoyens. Quelques images et de rares cartes ponctuent les chapitres pour imager des situations particulières liées aux évolutions des éclairages urbains, aux localisations ou aux dynamiques spécifiques de certains lieux brièvement présentés par les auteurs. Ceux‑ci nous font voyager de l’Afrique à Montréal en passant par Lyon ou Lille ainsi que par l’Espagne ou Beyrouth. Le premier thème s’attache aux vécus et à des perceptions de la vie nocturne urbaine : la dangerosité de la nuit, la prostitution, les comportements sexuels rendus visibles dans leurs implications nocturnes. Les représentations de ce qu’est la vie nocturne attestent d’un esthétisme où l’obscurité joue avec la lumière, où la luminosité et les couleurs produisent des paysages pouvant être photographiés et exposés. Le paysage urbain de Montréal montre l’évolution de la production de paysages construits par des professionnels en lien avec l’expansion urbaine et les nécessités sociétales. Le second thème met en évidence l’éclairage dans une fonction de source de sécurité. Le travail de CONCEPTO (une agence française active, entre autres, dans le domaine de la lumière urbaine) démontre une volonté de faire émerger une silhouette nocturne de la ville et de l’agglomération en créant une ambiance spécifique. Le tourisme nocturne avec ses contraintes de coûts et d’impacts de l’éclairage nocturne prend pour support Valladolid, où les aménagements sont conçus pour améliorer l’attraction des lieux. Les nuisances, les pollutions lumineuses, les territorialités nocturnes ne sont pas ignorées. Elles sont rationnalisées avec l’introduction de technologies performantes pour limiter les consommations en fonction de temporalités propres. Le troisième thème débute par les berges du Rhône à Lyon. Il expose des réaménagements à destination des activités nocturnes pour des zones définies, en prenant en compte les comportements des consommateurs de la nuit. À Beyrouth, le mode de vie de la ville et ses socialités avec les actions événementielles attestent d’un style de vie. Pour Ouagadougou, les usages selon les spatialités avec les bakoromans montrent des traits de la nuit locale. La vie madrilène est, elle aussi, prise en considération avec ses inductions. Enfin, le dernier thème porte sur la régulation et le contrôle, avec les externalités, les besoins de sécurité, de santé et de gestion du bruit, comme à Caen ou à Rennes. Les videurs sont présents pour leurs rôles au sein de la nuit et de ses réalités partagées par les consommateurs. La richesse et la diversité des 13 chapitres mériteraient une conceptualisation transdisciplinaire, non pas interdisciplinaire, qui aille plus loin que les traits exposés synthétiquement dans la conclusion. Un tel ajout aurait permis aux auteurs d’oeuvrer collectivement en montrant que la nuit urbaine, peu importe le lieu, révèle des aspects similaires et qu’il est souhaitable de s’inspirer de ce qui fonctionne pour reconnaître cette temporalité de vie urbaine. L’objet socioconstruit dépasserait sans dogme les pratiques contemporaines pour suggérer des orientations qu’il reste à dessiner. Il est vrai que cette attente dépasse les vies nocturnes au coeur de l’urbain, mais de telles orientations sont …

Parties annexes