Comptes rendus bibliographiques

TREMBLAY, Diane-Gabrielle, KLEIN, Juan-Luis et FONTAN, Jean-Marc (2015) Initiatives locales et développement socioterritorial. Montréal, Télé-université, 408 p. (ISBN 978-2-7624-2541-3)[Notice]

  • André JOYAL

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  • André JOYAL
    Centre de recherche en développement territorial, Université du Québec à Trois-Rivières

Ces trois auteurs font oeuvre commune depuis longtemps en concentrant leurs recherches sur la reconversion industrielle de Montréal, d’une part, et, depuis quelques années, sur l’innovation sociale. Pour cet ouvrage, si le nom de Diane-Gabrielle Tremblay paraît en premier, alors que l’usage veut que l’ordre alphabétique domine, c’est que, de toute évidence, elle en est la cheville ouvrière. Très prolifique, dans l’édition de 2009, celle qui est toujours professeure à la Télé-université du Québec (TÉLUQ) avait rempli une page complète de ses ouvrages « récents ». À peine sept ans plus tard, le lecteur s’en voit offrir cette fois deux pleines pages. Alors, comme on le devine, l’ouvrage n’a pas été écrit d’un trait, beaucoup s’en faudrait, car plusieurs chapitres renvoient le lecteur à une version antérieure déjà parue dans d’autres ouvrages ou dans des revues scientifiques. Bien sûr, pour les références bibliographiques, certaines mises à jour ne manquent pas même si, très souvent, elles ne font que de la « figuration » en s’ajoutant aux anciennes à la fin d’un paragraphe issu de la première édition. Les nombreux renvois à la faveur de multiples autocitations font comprendre que, en la matière, on n’est jamais mieux cité que par soi-même. En fait, on ne peut dire qu’on est ici en présence, comme le veut l’usage, d’une version revisitée et augmentée. Car, mis à part l’ajout du chapitre XI, tout le reste est identique à la première édition, je dirais dans une proportion de 95 %, avec les mêmes travers, telles des répétions à l’avenant. Dans un premier chapitre intitulé « Initiative locale et développement territorial », les auteurs précisent que l’approche sociale à laquelle ils se rapportent prend appui sur des travaux où le territoire local représente un cadre générateur de liens sociaux et d’action collective à l’intérieur des mouvements sociaux. On y présente un modèle où la concertation se conjugue avec les initiatives locales, la mobilisation des ressources et la conscience territoriale. Le terrain se trouve ainsi pavé pour bien définir ce que recouvre le concept de développement local (DL). On retrouve donc dans le chapitre suivant ce que Tremblay et Fontan avaient décrit dans un ouvrage paru il y a 22 ans : la différence entre le DL de type « progressiste » et le DL de type « libéral ». Le premier, la tasse de thé de Fontan, correspond à ce qu’on désignait, dans les années 1970, comme étant le développement communautaire. C’est une forme de DL marquée par un fort préjugé en faveur des formes économiques « alternatives », ou non traditionnelles, que sont les coopératives et les organismes sans but lucratif. En distinction, voire en opposition, le DL de type « libéral » se rapporte au modèle dominant d’entrepreneuriat, soit celui qu’incarne l’entrepreneur privé. Le chapitre III, « Les initiatives de développement local et l’économie sociale », est, à n’en pas douter, l’oeuvre de Fontan même si l’on n’y trouve que deux citations de lui-même. On doit lui savoir gré de ne pas tout idéaliser en n’occultant pas le piège dans lequel peuvent se prendre l’économie sociale et ses partisans en étant coincés entre la manipulation étatique et l’économie de la pauvreté. On doit le chapitre IV vraisemblablement à Tremblay à en juger par le nombre (22) d’autocitations, soit quatre de plus que dans l’édition précédente. On retrouve ici ce qui fut longtemps la spécialité de ma collègue de la TÉLUQ : les systèmes de production locaux, les districts industriels, les grappes et autres milieux innovateurs. Oui, comme l’écrit l’auteure, ces questions continuent de faire couler beaucoup d’encre. À ses yeux, les compétences doivent compter …