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L’ouvrage de Bernard Lortic publié par l’IRD s'intitule Manuel de cartographie rapide. De l'échelle de la région à celle du mobilier urbain. Si à la notion de manuel on peut associer la définition « petit livre qui contient l’essentiel de ce qu’on a besoin de savoir sur une question déterminée », par contre la notion de cartographie rapide ne trouve de définition que dans l'ouvrage de l'auteur, c’est-à-dire « réalisable dans un délai raisonnable », visiblement dans un contexte de manque d'information géographique numérique, mais où les moyens du projet sont suffisants pour avoir recours à l'acquisition d,images à très haute résolution spatiale. La notion de cartographie rapide n'est pas associée ici, comme on aurait pu s'y attendre, à un contexte de crise où une production rapide d'information est nécessaire. L'ouvrage est réalisé à partir d'une expérience de cours dans une formation universitaire en urbanisme en Éthiopie. Organisé en 28 fiches techniques illustrées, il vise à donner des fondements théoriques et surtout des trucs et astuces pour des néophytes dans le domaine de la géomatique devant dresser des plans de villes ou analyser un contexte urbain. Associé à l'ouvrage : un DVD comprenant 34 séquences vidéo liées aux fiches, une version pdf du manuel et une documentation sur le logiciel SavGIS de l'IRD.
Cet ouvrage est difficile à classer et à qualifier, car il ne répond pas aux règles érigées en excellence dans le monde scientifique, ni dans celui de l'ingénieur. Il laisse donc le scientifique perplexe sur l'intérêt d'une telle publication sous forme d'ouvrage. L'utilisation erronée de certains concepts, la présence de coquilles dans le texte, les légendes de figures et les problèmes de bibliographie ainsi que de la qualité de reproduction de certaines illustrations posent la question de la précipitation dans laquelle a pu être édité cet ouvrage. Le livre, qui repose essentiellement sur une expérience « de terrain », propose des méthodes dont la généricité n'est pas toujours évaluée. Ainsi, l'extraction de la canopée en contexte urbain par simple seuillage d'image est-elle réalisable dans d'autres contextes que l'Éthiopie ? A-t-on besoin de citer une thèse en informatique lorsqu'on parle de géodésie ? Pourquoi parler du Géoportail de l'IGN dans un ouvrage qui semble destiné aux pays faiblement avancés dans le domaine de la géomatique ? Ces problèmes de forme desservent cet ouvrage, qui n'est pas sans intérêt pratique à l'échelle de la numérisation des infrastructures urbaines, où il dénote une vraie pratique et une connaissance des écueils à éviter. Les séquences vidéo associées et commentées par l'auteur sont de facture artisanale. Elles sont réalisées parfois dans un parti pris très descriptif et destiné à un public averti de certains concepts. Il manque souvent aux spectateurs des informations explicatives sur les cheminements et l'intérêt de telle ou telle pratique.
Si le principe de la valorisation d’expériences d’enseignement en pays en voie de développement est intéressant, cette valorisation est de traitement trop « rapide » pour être véritablement pertinente.