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Louis-Edmond Hamelin nous laisse une oeuvre colossale. En témoigne la biobibliographie qu’il a déposée aux Cahiers de géographie du Québec et qui sera bientôt disponible sur le site Internet de la revue. Le document – deux tomes qui font ensemble 369 pages en version papier – présente sa production échelonnée sur 60 ans de carrière en géographie. Il traite de deux sujets : le parcours de son auteur et ses travaux. Le format est celui de la liste, ponctuée de brèves explications sur la sélection des travaux et des informations s’y rattachant. Plusieurs entrées sont possibles, ce qui contribue à l’intérêt du document. En 2006, M. Hamelin expliquait sa démarche intellectuelle et ses valeurs dans un ouvrage publié aux Éditions MultiMondes, qu’il intitulait L’âme de la terre. Parcours d’un géographe. Sa biobibliographie permet d’en voir les multiples retombées. Il en constitue un heureux complément.
La biobibliographie de Louis-Edmond Hamelin constitue le curriculum vitae le plus complet qu’on puisse imaginer. Précédé de trois exposés abrégés des grandes étapes de la carrière – thématique, par champ disciplinaire et chronologique, qui inclut notamment des informations sur la vie de famille –, il s’organise en quinze sections distinctes. Il couvre scolarité et assistance financière, enseignement, manifestations médiatiques, conférences publiques et allocutions, séjours géographiques sur le terrain, structures d’accueil du travail, publications, collections d’illustrations, correspondance. On remarquera la liste complète de tous les cours donnés de 1948 à 1978, le détail de 700 interventions dans les médias, les latitudes extrêmes atteintes au cours des nombreux voyages… sans compter la bibliographie comme telle ou, si l’on veut la liste des écrits publiés ou non, qui fait à elle seule plus de 100 pages très serrées. La biobibliographie offre des informations précieuses sur les activités de l’auteur dans les organisations les plus diverses : associations, commissions, instituts, festivals, académies, universités. Elle inclut aussi des témoignages sur l’auteur, parmi lesquels une liste complète des citations depuis la présentation humoristique des finissants du collège en 1945 jusqu’à une émission sur la nordicité à la première chaîne de Radio-Canada, le 28 janvier 2009. Trois mentions relatent le recours au nom Louis-Edmond Hamelin pour une rue de Sherbrooke, une bourse et une chaire de recherche. Enfin, des photographies, placées à la fin du premier tome, illustrent des moments forts de sa carrière.
L’auteur utilise pour cette biobibliographie un système de classification qui lui est propre. Il intéressera ainsi celles et ceux qui partagent la passion de Louis-Edmond Hamelin pour l’arrangement documentaire. Le schéma ayant présidé à la sélection des 15 cotes se rapportant aux activités de l’auteur autour desquelles s’organise l’ouvrage étonne un peu, compte tenu du fait qu’il autorise les répétitions. Il n’en est pas moins heureux, car l’introduction de cotes « synthèse » (les cotes 10, 12 et 13 notamment) facilite le repérage des contributions les plus marquantes. Si les cotes se rapportent aux travaux classés ailleurs, elles les reprennent par sujets chers à l’auteur et les commentent. La section 10 analyse les contributions au vocabulaire de la géographie, auxquelles s’ajoutent des références aux quelques travaux que l’auteur s’est autorisés sur l’imaginaire – récits, contes, légendes. La section 12 offre certaines réflexions sur ses motivations et ses contributions à l’étude de certains lieux – Saint-Didace en Lanaudière, les Laurentides, le Québec, le Canada – et de certains thèmes – l’autochtonie et l’hiver. Elle inclut un index des principaux lieux considérés par M. Hamelin, alors que l’index sommaire des sujets se trouve à la toute fin de l’ouvrage. La section 13 reprend les écrits se rapportant à deux thèmes dits fondamentaux : l’implantation de la géographie dans les différentes universités et les diverses autres organisations scientifiques où il a oeuvré ainsi que la recherche d’une idée de Nord par le concept de nordicité.
« En somme » pour reprendre une expression chère à l’auteur, il existe différentes entrées à l’ouvrage, qui en font un outil d’une grande utilité pour qui s’intéresse au personnage Hamelin, à son travail d’édification d’une géographie proprement québécoise et à son regard sur le Nord. Une meilleure mise en page en faciliterait toutefois la consultation. À l’heure où il est si facile de jouer avec la forme des paragraphes – alignement, retrait- ainsi qu’avec les polices – taille, formes, couleur – j’ai été assez déçue du travail d’édition. Mais on ne s’en formalisera sans doute pas, devant l’intérêt d’un contenu on ne peut plus informatif. Ni du long avant-propos, où l’auteur partage certaines réflexions sur le travail intellectuel et l’opération classification, beaucoup moins articulées dans L’âme de la terre.