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Cet ouvrage propose une analyse et une présentation du même type que les atlas géostratégiques publiés à partir de la fin des années 1980 (à l’italienne : orientation de page de type paysage) et composée d’une cartographie très schématique avec une projection essentiellement centrée sur l’Arctique. Les deux auteurs de l’Atlas du monde global présentent une lecture originale du monde en quatre grandes parties fort distinctes les unes des autres, mais dont l’ensemble est néanmoins cohérent.
La première partie, Les grands repères du passé, aborde sommairement les premiers peuplements et permet de comprendre la mise en place des grands blocs mondiaux et des multiples alliances qui se sont formées lors de cette période. Par la suite, dans la deuxième partie intitulée Les diverses interprétations du monde, les thèmes abordés peuvent paraître contradictoires au lecteur, mais lui permettent de réfléchir sur ses propres positions. En effet, entre le choc des civilisations, la communauté internationale ou un monde bipolaire, l’argumentation des auteurs et les thèmes des cartes laissent une marge de manoeuvre considérable à diverses interprétations. Cette partie est la plus courte du livre, ce qui est dommage. La troisième partie, Les données globales, est plus traditionnelle, incluant une panoplie de thèmes très actuels. Tant les principales caractéristiques de la population mondiale (religion, langue, etc.) que les enjeux environnementaux ou la question énergétique y sont abordés. Le contenu des textes est simple, la structure méthodique et avec l’appui des cartes, le lecteur peut prendre conscience rapidement de la portée mondiale de ces thèmes. Finalement, la dernière section, Le monde vu par, représente près de la moitié de l’atlas. Les différentes perceptions et vues des principaux acteurs de ce monde y sont analysées. Avec la seconde partie, cette section présente un contenu généralement bien appuyé pour ce type d’ouvrage, à l’exception des cartes historiques insérées, comme celles de la construction territoriale des États-Unis ou de la Russie, qui n’apportent aucune plus-value aux thématiques abordées.
Malgré le fait que l’atlas s’adresse à un large public, nous notons un manque de liens entre les cartes et les textes. De plus, le style des cartes, très schématique, leur confère des qualités didactiques indéniables, mais cette simplification, souvent à outrance, enlève de la pertinence au thème cartographié. Par ailleurs, la majorité des projections déforment largement les zones situées à proximité de l’équateur et quelques cartes deviennent ainsi difficiles à lire. En outre, le choix de certains symboles de représentation cartographique augmente ces difficultés. Bien que l’information et l’analyse présentes dans les textes soient fort pertinentes et justes, les cartes comportent plusieurs coquilles et erreurs. Certaines de ces erreurs nous interpellent sérieusement sur les sources de l’information utilisées par les auteurs. Par exemple, à la page 48, l’anglais et le français définissent sur un pied d’égalité l’« usage officiel de la langue » au Québec, alors que pour l’ensemble des provinces de l’Atlantique, seule la langue française est d’usage officiel ! Certes pour un Européen, l’erreur peut paraître minime, mais elle est plus irritante pour une personne vivant dans l’est du Canada. Une coquille encore plus aberrante apparaît à la page 16 : une carte illustre l’Iran comme un pays allié des États-Unis à la fin des années 1980. Bref, il s’agit là d’un atlas de bonne qualité sur le plan des textes et des thèmes retenus bien que la cartographie aurait pu être rehaussée d’un niveau.