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Présenté par ses auteurs comme un atlas, ce splendide ouvrage renferme une cinquantaine de plans d’arpentage et cartes dressés au cours des siècles derniers. Désigné avec insistance dans le titre du recueil (paru à point nommé peu avant les célébrations du quatrième centenaire de Québec), Samuel de Champlain est confirmé comme le pionnier dans le domaine de l’arpentage puisque, dès 1626, il rédigeait un acte de bornage d’une terre en faveur de Louis Hébert. Le premier arpenteur sera toutefois Jean Bourdon, venu ici en 1634 et qui contribuera à imposer l’arpent de Paris, mesure qui ne sera cependant obligatoire qu’après la Proclamation de 1663.
La première partie de l’ouvrage expose l’historique de l’arpentage. Dans les archives couvrant la Nouvelle-France, on a retrouvé 36 commissions accordées à des arpenteurs qui ont su également exercer les fonctions de mathématicien, hydrographe ou notaire. Sous le Régime anglais, l’arpentage sera régi par des dispositions administratives rigoureuses. En 1764, Samuel Holland devient arpenteur général de la Province of Quebec et John Collins sera bientôt son adjoint. Aux besoins de mesurage dans les anciennes villes et seigneuries s’ajoutera la délimitation des townships, des paroisses, catholiques et protestantes, des municipalités, des frontières et des territoires publics. La cartographie des lacs et rivières en vue de l’exploitation forestière, du commerce et du transport justifiera de nombreux travaux. C’est dans ce contexte que s’illustrera notamment Joseph Bouchette (1774-1841) dont les oeuvres font encore autorité.
Parmi la pléthore d’habiles géomètres du XIXe siècle, il n’est pas sans intérêt de citer Pascal-Horace Dumais, reçu arpenteur en 1857. Excellent dessinateur, il a laissé, en plus de ses plans et souvent pour les accompagner, un remarquable portrait de Louis Riel, un dessin très réaliste de la passe dangereuse sur la rivière Péribonka, un croquis des roches transportées par les glaces sur les bords de la rivière Vermillon et de nombreuses esquisses extraites de ses plans, tout cela démontrant la valeur de ses observations, notées d’ailleurs par le géographe Élisée Reclus.
D’une première chaire d’arpentage établie en 1907, l’Université Laval fera une École d’arpentage et de génie forestier, créée en 1934 et devenue faculté en 1945. Aujourd’hui, l’enseignement et la recherche y relèvent d’un Département des sciences géomatiques résultant de la fusion, au cours des années, de la géodésie, de la photogrammétrie, de la cartographie et de la télédétection.
Les documents reproduits et commentés font la part du lion à Québec et à ses environs. Cela s’explique sans doute par la carrière des auteurs : Claude Boudreau est spécialiste de l’histoire de la cartographie. Michel Gaumond, géographe devenu archéologue, est sûrement l’un des meilleurs connaisseurs de l’archéologie de Québec. Fouilles et recherches leur ont donc permis de consulter nombre de cartes et plans anciens parmi lesquels ils ont exercé leur choix.
Tous les documents reproduits présentent de l’intérêt et révèlent des styles dont on aurait pu préciser davantage l’originalité et la conformité avec les règles et usages du temps. Chaque document s’accompagne d’extraits agrandis favorisant l’observation de détails. Des photos ou cartes postales plus récentes permettent d’utiles comparaisons. On compte ainsi, au total, 154 illustrations dont les sources sont soigneusement signalées en fin d’ouvrage. Chaque planche, souvent étalée sur deux pages, renferme des commentaires, plus ou moins élaborés mais pertinents, sur le sujet même du plan ou sur les circonstances, souvent anectodiques, qui en expliquent la confection. Certaines de ces notes ne tiennent pas suffisamment compte de recherches récentes sur le sujet. Le cas le plus frappant est celui de la maison du Chien d’or ou les auteurs s’en tiennent aux travaux, remarquables d’ailleurs, de « Philipp B. Casgrain (1905) » plus correctement cité dans la bibliographie sous le nom de Philippe-Baby Casgrain, avec l’indication ca 1903.
Chez un éditeur de l’importance des Publications du Québec, on s’étonne de la révision trop peu rigoureuse d’une langue quelquefois fautive et bien souvent répétitive. L’ouvrage n’en demeure pas moins remarquable.