Comptes rendus bibliographiques

TREMBLAY, Diane-Gabrielle et TREMBLAY, Rémy (dir.) (2006) La compétitivité urbaine à l’ère de la nouvelle économie, enjeux et défis. Québec, Presses universitaires du Québec, 410 p. (ISBN 2-7605-1460-9)[Notice]

  • Jacques Fache

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  • Jacques Fache
    Université de Nantes

Diane-Gabrielle Tremblay et Rémy Tremblay ont réussi à faire d’un recueil de communications un véritable ouvrage, structuré et cohérent. La réflexion va au coeur d’une problématique centrale : la compétitivité des villes et de leurs régions dans le contexte d’une économie reposant sur le savoir et l’innovation. Elle se situe au carrefour de l’économie du savoir, des régions apprenantes et des milieux innovateurs. Partant du poids croissant de la connaissance dans le développement territorial, les auteurs posent la question de la concurrence, de la compétition accrue entre les villes, et donc des enjeux de la création, de l’attraction et de l’ancrage de l’innovation et des compétences. Se greffent ensuite les questions d’évaluation des compétences stratégiques, de fonctionnement des systèmes urbains innovants, de relation entre innovation, compétence et compétitivité, etc. Les pistes théoriques explorées (milieux innovateurs et grappes, et théorie de la classe créative) mettent en évidence une difficulté essentielle : la compétitivité ne relève pas de facteurs aisément identifiables, mais d’inter-actions complexes entre des populations, des politiques, des formes de gouvernance et des entreprises. La compétitivité, en tant que système, amène à une remarque méthodologique : si l’on est passé d’une compétitivité des coûts à une compétitivité par le système, cela signifie qu’il faille changer d’outil, en se tournant vers la systémique, jamais utilisée dans l’ouvrage. La première partie aborde quatre questions théoriques. De quoi dépend la compétitivité urbaine et régionale ? Quelle est l’importance de l’innovation dans la dynamique géoéconomique ? Quel est le rôle de la qualité de vie dans la compétitivité ? Et enfin quelle est la part de la communication et du marketing territorial dans la compétitivité ? En utilisant des régressions, P.-P. Proulx identifie des déterminants de la croissance métropolitaine, mais en illustrant par sa méthode les problèmes reliés au choix de l’outil. M.-U. Proulx, au-delà de l’importance affirmée de l’innovation, souligne le passage d’une vision linéaire de celle-ci à une nécessaire vision systémique complexe, que les politiques devraient davantage intégrer dans leurs approches. Naud et R. Tremblay abordent la difficile question de la qualité de vie, importante mais jamais définie et encore moins étudiée. Cette question de définition, centrale dans une optique de compétitivité et des thèses de Florida, est trop souvent posée sans tenir compte de la perception des populations concernées. Enfin, Benko souligne le rôle crucial du marketing territorial dans une économie mondialisée à l’intérieur de laquelle les villes et les régions sont placées en situation de concurrence brutale. Les études de cas, souvent centrées sur des grappes, les districts et les milieux innovateurs, éclairent de manière pertinente et convaincante la première partie. En étudiant le pôle commercial et financier de Pittsburg, Kresl suggère l’idée iconoclaste pour certains selon laquelle des villes doivent parfois opérer des ruptures par rapport à leur passé, les politiques devant se libérer des héritages. Klein, D.-G. Tremblay et Fontan démontrent le rôle de la proximité dans les échanges entre acteurs du district de la fourrure à Montréal, en particulier pour la diffusion des innovations, ainsi que l’importance de l’organisation des acteurs (Conseil canadien de la fourrure) qui constitue une manière d’innover en soi. Des constats similaires ressortent de l’étude du secteur multimédia de Montréal (D.-G. Tremblay et Rousseau) et de Vancouver (Smith). Le district maritime du Québec (Doloreux et Shearmur) et le cas de Moncton (Desjardins) montrent comment des régions et des villes périphériques tirent leur épingle du jeu dans un système de concurrence territoriale à l’intérieur duquel elles n’ont pas la masse suffisante pour s’imposer. Dans les deux cas, un même constat : il faut utiliser avec prudence et discernement des outils et des modèles de …