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Cet ouvrage aborde la culture en région à partir des aires géographiques où travaillent ses deux directeurs, respectivement Bordeaux et Toulouse, et s’ouvre souvent sur le Sud-Ouest de la France voire à celle-ci tout entière, mais alors dans une perspective comparative. Cela confère une grande unité au propos d’ensemble, au détriment toutefois de comparaisons avec des travaux menés dans d’autres régions ou pays, ou de discussions plus larges.
Approcher la culture par le biais de ses ancrages géographiques est encore relativement nouveau ; ce n’est certes pas étranger à ce qu’on appelle glocalisation. S’il existe encore des métropoles culturelles, se multiplient les activités culturelles dans toutes les régions. D’une part, des circuits touristiques culturels, mettant en valeur le patrimoine ou des festivals spécialisés, s’adressent surtout aux visiteurs et, d’autre part, diverses fêtes, bals visent davantage la population locale. De plus, la pratique des arts est favorisée par la multiplication des écoles d’art, le cas de la musique étant discuté dans l’ouvrage.
Les principales thèses du livre sont énoncées dès le premier paragraphe de l’excellente introduction de Jean-Pierre Augustin et Alain Lefebvre : la culture devient un enjeu pour le développement local ; culture populaire et « haute » culture tendent à se confondre ; la culture occupe désormais tout le territoire, de la ville à la campagne en passant par les banlieues et autres territoires périurbains.
De la lecture, se dégagent aussi deux thèmes forts : les concepts de tradition et de modernité culturelles sont inadéquats pour traiter de la culture actuelle et celle-ci devient de plus en plus un mode de renforcement des identités locales, une occasion de sociabilité. L’exemple des bals, analysé dans deux textes, montre bien que ceux-ci sont passés au fil des ans de « soupape » à celui de renforcement des liens. Même si perdure dans certaines municipalités l’impression que la culture est un luxe, la plupart y voient un atout de développement, d’où une implication croissante des administrations municipales et régionales dans le financement de la culture, mais aussi dans la réglementation et les politiques culturelles.
Les tensions ne passent pas là où on le croirait ; elles sont entre des activités pensées par en haut, par les autorités politiques, et celles qui viennent d’ en bas, d’une part, et surtout entre le privé et le public, tant en matière d’espace que de financement, d’autre part. Un enjeu important est celui de l’accessibilité tant géographique que social. De tout cela se dégage l’impression de pratiques hybrides, complexes et d’une prolifération de manifestations culturelles très diversifiées, dont rendent bien compte plusieurs cartes et graphiques, et les textes, dans l’ensemble, évitent le jargon. La situation à plusieurs égards est comparable à ce qu’on observe de ce côté-ci de l’Atlantique, comme le montre le texte de Daniel Latouche, et espérons que se multiplient non seulement les études sur des territoires particuliers, mais les comparaisons sur les nouveaux contours et territoires de la culture.