Les Cahiers de géographie du Québec célèbrent cette année leur cinquantième anniversaire. Cinquante ans ! À ce compte, la durée de toute revue savante est synonyme de pertinence et d’endurance. Ces deux qualités méritant certainement le respect, honneur doit être rendu aux fondateurs de la revue, Fernand Grenier et Louis-Edmond Hamelin, et à leurs continuateurs qui, de près ou de loin, ont voulu et fait en sorte que notre revue remplisse la promesse de ses débuts, celle de devenir un organe de diffusion compétent et crédible au service de la géographie d’ici et d’ailleurs. Le dévouement et la perspicacité des artisans qui ont donné vie aux Cahiers de géographie du Québec depuis cinq décennies inspirent notre reconnaissance. À nous maintenant de préserver l’héritage, de le faire fructifier et de le transmettre. La tâche n’est pas aisée. Car notre passé a beau offrir les meilleures garanties, le futur reste malgré tout incertain : le financement de la revue est un éternel recommencement ; le lectorat, dans un contexte de vive concurrence, est volatile ; la compétition pour le recrutement des meilleurs auteurs s’accentue ; le passage à l’édition électronique exige des ajustements organisationnels et administratifs qui secouent les habitudes ; etc. Mais par-dessus tout, le défi constant d’une revue comme la nôtre est de demeurer le porte-parole d’une recherche scientifique innovante et de haut niveau. C’est en effet la qualité même et la vigueur de la recherche géographique qu’elle diffuse qui constituent la meilleure assurance de son développement. Comment s’assurer que ce qui suivra sera à la pleine mesure de ce qui fut accompli ? Voilà donc le véritable défi de cet anniversaire. C’est pourquoi nous avons pris le parti de commémorer la fondation des Cahiers de géographie du Québec en organisant un colloque consacré aux diverses initiatives de recherche qui aujourd’hui émergent en géographie et qui demain formeront le coeur de la discipline. Ces chantiers de la géographie, comme nous les appelons, sont, croyons-nous, une façon utile de servir un dynamisme scientifique qui, en retour, ne pourra que nous être bénéfique. Le but de ce colloque anniversaire, dont les résultats paraîtront dans notre numéro de décembre 2006, est de mettre en relief et en débat les recherches actuellement en émergence au sein de la géographie. De ce tableau, où divergences et convergences se combinent, l’idée est de dégager, selon une double perspective disciplinaire et interdisciplinaire, les différents enjeux théoriques, méthodologiques et sociaux propres à la géographie qui s’annonce. En nouant un dialogue autour de ces enjeux, en prenant la mesure des doutes et des espoirs qu’ils suscitent, la géographie d’aujourd’hui et de demain n’en sera, selon nous, que mieux servie. De plus, cet exercice devrait aider à préciser la place qu’occupe la géographie dans le concert des sciences, la géographie se distinguant tout particulièrement, on le sait, par son ouverture à l’interdisciplinarité. En agissant comme maître d’oeuvre de ce colloque, les Cahiers de géographie du Québec veulent aussi fournir aux nouveaux spécialistes de la géographie du monde francophone la chance de mieux se connaître. Une occasion leur est ainsi offerte d’entrevoir des collaborations fructueuses. Il n’est pas non plus à négliger qu’ils pourront dans la foulée réaliser à quel point une revue comme la nôtre constitue un avantageux outil pour communiquer les résultats de leurs recherches à la communauté scientifique internationale, communauté où la revue, autant par son lectorat que par ses auteurs, est très bien implantée. Le souci de l’avenir domine donc les fêtes du cinquantenaire des Cahiers de géographie du Québec. Ce choix se défend. On pourrait néanmoins nous reprocher de négliger notre devoir de mémoire. Ce …