Les jeunes sont peu visibles dans notre société. Ils ont peu de poids politique, ils sont généralement en bonne santé et heureux de vivre, et ce n’est que de façon exceptionnelle qu’ils font la une des journaux. Pourtant, ils restent nombreux, ces jeunes, à naître et à grandir dans un contexte difficile alors que ce qui se joue à cet âge, imperceptiblement, progressivement, sera lourd de conséquence. Ce contexte marquera en effet profondément la réussite scolaire, la satisfaction au travail, l’expérience de la maladie, la qualité du réseau social et nombre d’autres dimensions essentielles au bien-être de la personne. On ne peut donc passer sous silence cette période-clé qu’est l’enfance. Voilà pourquoi des chercheurs autant que des fonctionnaires et des représentants d’organisations non gouvernementales de Colombie-Britannique ont uni leurs efforts, dans cet ouvrage collectif, afin de partager leur savoir et leur expérience de questions relatives à la santé et au bien-être des jeunes. Cette initiative s’inscrit également dans la foulée d’un rapport ministériel sur la santé et le bien-être des jeunes de Colombie-Britannique, produit en 1997, et d’une réorganisation des services qui débuta dès 1996. Dans cet ouvrage, la santé et le bien-être des jeunes sont lus à travers différents problèmes tels que la surdité, l’autisme, le syndrome de mort subite, l’abus et la négligence, la délinquance, la perception des adolescents face à certains comportements dits « à risque », etc. Ces problèmes sont le plus souvent remis au centre d’un schéma explicatif qui correspond, chez plusieurs auteurs, au modèle écologique élaboré par Uri Bronfenbrenner. On comprend dès lors l’importance accordée à l’environnement social (pauvreté, faible scolarité) et familial (mère seule) dans la genèse des difficultés vécues par les jeunes. L’intervention face à ces difficultés est d’ailleurs l’objet d’une revue critique, qui reprend d’abord les débats ayant cours entre l’approche individualiste et l’approche communautaire, la vision professionnelle et la vision profane des besoins des jeunes, et les activités de protection et de prévention. Le passé et les changements récents survenus dans l’organisation des services aux jeunes en Colombie-Britannique sont aussi revus et des recommandations sont faites pour en accroître la performance. S’ensuit un texte proposant un tour d’horizon des politiques publiques qui, sur la foi d’évidences, ont montré leur efficacité pour améliorer le sort des jeunes. Le tout se termine sur une note plutôt négative, quand on apprend que le gouvernement actuel envisage de sabrer dans l’aide et les services publics, ce qui devrait pénaliser les personnes et les groupes que les auteurs de ce collectif souhaitent soutenir davantage, soit les plus démunis. Dans cet ouvrage, le géographe trouvera des éléments utiles. Il profitera d’abord d’une mise en contexte extrêmement riche de la problématique de la santé et du bien-être chez les jeunes, de la conception à l’adolescence. Il pourra aussi situer sa propre démarche dans un modèle théorique faisant une large place au milieu régional et local. Quelques auteurs introduisent enfin une dimension géographique à leur analyse, en distinguant les régions Nord et Sud de la Colombie-Britannique, l’urbain et le rural et certains groupes particulièrement vulnérables résidant dans les centres-villes et en milieu autochtone.
HAYES, Michael V. and FOSTER, Leslie T., dir (2002) Too Small To See, Too Big to Ignore: Child Health and Well-being in British Columbia. Victoria, Western Geographical Press (« Canadian Western Geographical Series », vol. 35), 277 p. (ISBN 0-919838-25-1)[Notice]
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Robert Pampalon
Institut National de Santé Publique du Québec