Résumés
Résumé
Cette étude se veut un hommage au poète Alexandre L. Amprimoz. Né à Rome de père français et de mère italienne, il porte en lui les signes d’une double sensibilité. Sans cette clef, il serait difficile d’apprécier sa voix, son intarissable désir de créer: l’écriture devient la traduction du drame de celui qui cherche à se libérer de ses peurs, de son passé. C’est au Manitoba que sa plume subira des avatars nécessaires à sa création, à la quête du salut: nouveau Prométhée, il réussira à vaincre le désespoir, à dépasser cette nostalgie si typique des émigrés. Héritier du pays du soleil, il en est en même temps la métaphore et l’antithèse. Il porte en lui l’expérience de la mort et la joie de vivre des méditerranéens, un phénomène culturel d’ailleurs bien connu surtout à Rome. Encore enfant, il ne sera pas sourd à l’appel de ce «bateau ivre» qui le séparera définitivement un jour de l’Italie, de la France. C’est l’appel de l’inconnu où l’enfant et l’exilé se rejoignent dans la même blessure, celle causée par les rêves, le mal du retour et la prise de conscience d’un monde autre, celui du Manitoba et du ciel de la prairie. Son drame touche au paroxysme dans Bouquet de signes où le poète vainc le pessimisme de Conseils aux suicidés. Cependant, cet univers nordique l’enferme comme un oiseau en cage: son chant interminable, comme les hivers manitobains, se colore d’ironie, même d’angoisse existentielle. Amprimoz s’y livre au combat contre les forces de la nature et contre sa sensibilité, combat face auquel il se voit souvent démuni, impuissant: la parole poétique semble échouer au Manitoba, le linceul blanc qui enveloppe les êtres et les choses demeurant celui de la mise au tombeau du crucifié. Il faudra cependant sortir de ce tombeau, se débarrasser du marbre et des cathédrales, des collines toscanes, de la Méditerranée. Malgré les métaphores et images déchirantes qui se dégagent de la poésie d’Amprimoz, le cycle manitobain marqua certes un renouveau de son écriture. C’est dans ce pays en noir et blanc qu’il trouvera les véritables Changements de tons, le fil qui le conduira hors du labyrinthe intérieur, de son purgatoire: il aura enfin trouvé sa maison, sa voix. Prométhée aura conquis la peur, aura atteint la lumière d’autres soleils, certes un rappel émouvant de la Divine comédie de Dante qu’il aimait tant.
Abstract
This study pays tribute to the poet Alexandre L. Amprimoz. Born in Rome to a French father and an Italian mother, he carried within him the traces of a double sensibility. Absent that division, it seems difficult to appreciate his voice, his inexhaustible desire to create: writing became the drama of one who sought to liberate himself from his fears, his past. It was in Manitoba that his writing style was to undergo the changes necessary for his creativity, for his search for salvation: a new Prometheus, he was to succeed in vanquishing despair, in overcoming the nostalgia that is so typical of émigrés. The product southern climes, he was at the same time metaphor and antithesis. He carried within him the experience of death and a Mediterranean joie de vivre, a cultural phenomenon well known, especially in Rome. Even in youth, he was acutely aware of the call of the “bateau ivre” that would eventually separate him permanently from Italy and France. It was the call of the unknown, that which unites the child and the exile in the same trauma, the pain caused by dreams, nostalgia, and awareness of another world, that of Manitoba, the sky and the prairie. His drama reached its heights in Bouquet de signes, where the poet triumphs over the pessimism of Conseils aux suicidés. Nonetheless, the Nordic universe enclosed him like a bird in a cage: his unending son, like the winters of Manitoba, was colored with irony, even with existential fear. Amprimoz did battle with the forces of nature and against his own sensibility, a struggle in which he frequently found himself defenceless, powerless: his poetic voice seemed to fail him in Manitoba; the white shroud which envelopes beings and things remained that of the entombment of the crucified. He was nonetheless compelled to leave the tomb, to escape the marble of the cathedrals and the hills of Tuscany, of the Mediterranean. Despite the harrowing metaphors and images which emerge from Amprimoz’s poetry, the Manitoban cycle certainly marks a renewal in his writing. It was in the land of black and white that he would find his true Changements de tons, the path that would lead him from the inner labyrinth, from his purgatory: he would finally find his mission, his voice. Prometheus would conquer fear, would discover the light of other suns, a moving allusion to Dante’s Divina Commedia that he so loved.
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Parties annexes
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