Résumés
Résumé
Après avoir rappelé que la prise de parole est hautement conditionnée par les deux premiers niveaux d’organisation – la faculté de langage est donnée inégalement comme les talents, et la langue évolue dans des conditions sociales diverses et souvent inégales aussi –, l’article, centré sur la langue et les conditions qui favorisent son maintien en milieu minoritaire, incite d’abord à «penser ce que nous faisons»: contre l’ignorance, le défaitisme et la naïveté, il plaide en faveur d’une posture d’un «devenir-sujet», condition pour se donner une dignité. Il traite ensuite de langue et de culture, sous diverses dimensions: l’absence en milieu minoritaire, mais aussi le sens (qui sommes-nous? Pourquoi agissons-nous ainsi?), l’identité (la langue et la culture, c’est avant tout un processus de construction résultant du faire-ensemble et de l’emploi du sens, et non strictement une adhésion à une tradition) et l’appartenance (comment assurer une égalité dans l’unicité de chacun et une co-construction sociale de l’appartenance?). Mais cette construction volontaire n’est pas suffisante en elle-même: elle doit pouvoir compter sur des lois fortes, des institutions bien investies et des individus motivés. Pédagogiquement, cette construction est favorisée par des conditions telles que la mise en place de situations réelles, l’instauration d’un agir ensemble, la mise sur pied d’un projet culturel et l’établissement d’une communauté d’apprentissage. Plus fondamentalement, des principes d’action, tels que le droit d’être soi, un sens d’ordre et de compétence, une estime de soi à la base de l’identité, un apprentissage qui repose sur le faire, une formation enseignante adaptée et un projet éducatif global, doivent orienter les échanges sur la vision d’avenir de l’éducation francophone en milieu minoritaire, puisque leur mise en oeuvre est condition de la vitalité d’une langue et d’une culture. L’article se termine par l’évocation d’un cas à la fois personnel et symbolique, qui met en cause les pratiques du bilinguisme officiel canadien, leurs limites et leurs effets sur la validité d’une langue.
Abstract
After reminding readers that the act of speaking is highly conditioned by the first two levels of organization (individuals are given unequal portions of linguistic ability—as is true of talents—and language development occurs in a variety of social settings, which are often unequal as well) this article, which focuses on language and the conditions that help to keep it alive in a minority setting, begins by encouraging readers to align thought and action. To combat ignorance, defeatist attitudes, and naïve thinking, the article argues in favour of adopting an empowered stance as a devenir-sujet (a projection of self into an imaginable and realizable future), a precondition to acquiring a sense of dignity. It then goes on to address various dimensions of language and culture—namely, a sense of absence that comes with living in a minority setting, but also the search for meaning (who are we and why do we act the way we do?); identity (language and culture are first and foremost a process of identity-building resulting from “acting together“ and the application of what it means to be part of that language and culture—and not simply adherence to a tradition), and finally, belonging (how do we achieve equality while at once respecting the uniqueness of each individual and collaborating in building a socially defined sense of belonging?). But this voluntary act of building is not sufficient in and of itself; it must be able to rely on strong laws, institutions invested with the authority to exercise their mandate, and highly motivated individuals. From a pedagogical point of view, this act of building can be helped along by establishing conditions such as enacting true-to-life situations, initiating a process of “working together,“ setting up a cultural project, and establishing a community of learning. More fundamentally, action principles such as the right to be oneself, a sense of order and competency, a sense of self-esteem at the basis of identity, learning based on doing, appropriate teacher training, and an overall educational project, must inform discussions on our vision for the future of francophone education in a minority setting, because the vitality of a language and a culture is conditional upon implementation of these action principles. The article concludes with an anecdote that is at once personal and symbolic and that calls to question the practices of official bilingualism in Canada along with the limitations of these practices and their effect on the validity of a language.
Parties annexes
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