Résumés
Résumé
Les deux notions d’errance et de tropismes ont, chacune à leur façon, suscité maintes études littéraires. La première, souvent évoquée au sujet de la littérature canadienne d’expression française, relève aussi des littératures migrantes en général, regroupant une thématique à la fois variée et commune: absence de racines, sentiment d’altérité et questionnement sur un avenir précaire (ou pressenti comme tel). Sous la plume d’auteurs canadiens, de tels sujets de réflexion et d’inquiétude deviennent fréquemment ceux de personnages caractérisés comme étant nouvellement arrivés au Canada, ou comme des francophones vivant les difficultés issues de leur fait minoritaire. La notion de tropismes, quant à elle, ne semble pas a priori appartenir à la rhétorique canadienne. En effet, elle se centre plutôt sur l’écriture de Nathalie Sarraute et du monde littéraire qui s’y rattache: le Nouveau Roman, l’absurde, l’après-guerre. Cette étude rassemble pourtant les deux notions, formant un nouveau cadre d’analyse dans l’approche de trois romans de Simone Chaput, écrivaine manitobaine: Le coulonneux, La vigne amère et Un piano dans le noir. Alors que les deux premières parties de cette recherche relèvent les éléments s’apparentant à l’errance ou aux tropismes, la troisième partie tente d’en interpréter les motivations sous-jacentes. S’agit-il d’une représentation philosophique spécifique à Simone Chaput, de portraits défaitistes de femmes, ou bien cette écriture exprime-t-elle le malaise dû au fait minoritaire de l’Ouest canadien francophone?
Abstract
The concepts of errance (wandering) and tropism have both been the subject of many a literary study. The former is frequently alluded to when referring to French Canadian Literature, but also in reference to migrant literatures in general, as it brings together themes that are both varied and universal—rootlessness, feelings of otherness, and contemplation of a seemingly uncertain future. When developed by Canadian writers, such musings and feelings of anxiety are often given voice through characters who have only recently arrived in Canada or who are simply French-speakers experiencing the difficulties inherent in being part of a minority group. As for the concept of tropism, it is not, at first glance, part and parcel of Canadian rhetoric. Indeed, it is more commonly associated with Nathalie Sarraute’s writing and the literary world of which it is a part: the nouveau roman, the absurd, and the post-war period. Nonetheless, this study seeks to unite the two concepts to form a frame of reference for analysis of three novels by Manitoban writer Simone Chaput: Le coulonneux, La vigne amère and Un piano dans le noir. While the first two parts of this article focus on elements that relate to either wandering or tropism, the third part seeks to assess the underlying motives for these choices. Are they the expression of a philosophy specific to Chaput, painting defeatist portraits of women? Or does this writing express the malaise inherent in being part of the francophone minority in Western Canada?
Parties annexes
Bibliographie
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