Résumés
Résumé
La littérature d’expression française contemporaine de l’Ouest canadien rejette aujourd’hui les «totalités» immuables qui ont défini traditionnellement l’identité et le territoire pour repenser l’appartenance identitaire en d’autres termes. Les oeuvres récentes de Simone Chaput, écrivaine francophone du Manitoba, participent à cette tendance, surtout dans leur représentation de l’errance. Il est frappant cependant de constater que la langue d’écriture semble déterminer l’attitude qu’adopte l’auteure envers les déplacements géographiques et leur fonction identitaire. L’errance, dans son roman Le coulonneux, est motivée, d’une part, par le retour au lieu des origines constituées en mémoire construite par le sujet même et, d’autre part, par un élan complémentaire de fuites et de quêtes viscérales qui doit précéder la reconstruction du moi. Or, en 2004, Simone Chaput a fait paraître Santiago, son premier roman écrit en anglais. L’étude de cet ouvrage dans le contexte des récits de pérégrination et au regard des traversées linguistiques et culturelles effectuées permet de postuler certaines différences fondamentales quant aux liens entre la langue et l’imaginaire dans la francophonie canadienne minoritaire actuelle.
Abstract
Contemporary French-language literature of the Canadian West now rejects the immutable “totalities“ that have traditionally defined identity and territory, preferring to rethink identity and a sense of belonging in new ways. The recent writings of Franco-Manitoban writer Simone Chaput follow this trend, especially in their depiction of wandering. It is striking, nonetheless, to observe how the language in which a text is written seems to determine the attitude that the author adopts when writing about geographical displacement and its function in shaping identity. Wandering, in her novel Le coulonneux, is motivated, on the one hand, by a desire to go back to where life began, as formulated in memories constructed by the subject and, on the other hand by a complementary impulse towards flight and a viscerally driven quest, which must precede the rebuilding of self. In 2004, Chaput published Santiago, her first novel written in English. Through study of this novel as travel narrative and in regard to cultural and linguistic crossovers, we are able to postulate certain fundamental differences pertaining to the ways language and imagination are linked contemporary Franco-Canadian minority cultures.
Parties annexes
Bibliographie
- BERTRAND, Jean-René et MULLER, Colette (1999) «Géographie des pèlerinages», dans BERTRAND, Jean-René et MULLER, Colette (dir.) Religions et territoires, Paris, L’Harmattan, p. 39-64.
- CHAPUT, Simone (1998) Le coulonneux, Saint-Boniface, Éditions du blé, 233 p.
- CHAPUT (2004) Santiago, Winnipeg, Turnstone Press, 229 p.
- DANSEREAU, Estelle (2005) «Pour une réflexion nomade sur la culture: Laure Bouvier et Simone Chaput rencontrent Édouard Glissant», dans FAUCHON, André (dir.) L’Ouest: directions, dimensions et destinations, Winnipeg, Presses universitaires de Saint-Boniface, p. 189-201. [Actes du vingtième colloque du Centre d’études franco-canadiennes de l’Ouest, tenu au Collège universitaire de Saint-Boniface, du 15 au 18 octobre 2003]
- DOIRON, Normand (1995) L’art de voyager: le déplacement à l’époque classique, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval, 258 p.
- DUBÉ, Paul (2005) «La littérature d’écrivains francophones écrite en anglais», Liaison, no 129, p. 108.
- DUMAS, Jacqueline (1989) Madeleine and the Angel, Saskatoon, Fifth House, 188 p.
- GÉLINAS, Nicole et BÉRAUD, Luc (2004) Sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle: Camino blues, récit de pèlerinage, [Canton de Magog], Éditions de Mine, 279 p.
- GLISSANT, Édouard (1990) Poétique de la relation: poétique III, Paris, Gallimard, 241 p.
- GLISSANT (1995) Introduction à une poétique du divers, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 106 p.
- LANDOWSKI, Eric (1997) Présences de l’autre: essais de socio-sémiotique II, Paris, Presses universitaires de France, 250 .
- L’HÉRAULT, Pierre (1991) «Pour une cartographie de l’hétérogène: dérives identitaires des années 1980», dans SIMON, Sherry et al. Fictions de l’identitaire au Québec, Montréal, XYZ, p. 53-114.
- MOSER, Marie (1987) Counterpoint, Toronto, Irwin, 166 p.
- NOËL, Francine (1990) Babel prise deux – ou Nous avons tous découvert l’Amérique, Outremont, VLB, 411 p.
- PARÉ, François (2003) La distance habitée: essai, Ottawa, Le Nordir, 277 p.
- TOSTEVIN, Lola Lemire (1988) Sophie, Toronto, Coach House Press, 73 p.