Volume 60, numéro 1, mars 2019
Sommaire (11 articles)
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La pensée de Paul-André Crépeau à travers ses écrits doctrinaux
Sylvio Normand et Pierre-Gabriel Jobin
p. 3–93
RésuméFR :
Au milieu du xxe siècle, l’engagement de professeurs de carrière annonce la transformation des facultés de droit. Paul-André Crépeau compte au nombre de ces recrues qui ont poursuivi des études supérieures à l’étranger. Il se voit confier en 1965 la présidence de l’Office de révision du Code civil. Il pilote ce vaste chantier ; son nom demeure indissociable du Projet de Code civil. Comme auteur de doctrine, il publie abondamment en droit des contrats, puis s’intéresse à la codification et à la lexicographie. Il s’exprime en usant de nombreux procédés d’écriture. Il écrit souvent pour influencer l’orientation du droit ; ses propositions reçoivent un accueil tantôt favorable, tantôt critique. Son oeuvre est empreinte de principes et de droit comparé et manifeste sa volonté de constituer une solide doctrine. Il a un attachement singulier à la doctrine française, qui lui sert de source d’inspiration et exerce une indéniable influence sur sa pensée.
EN :
In the mid-20th century, the hiring of full-time professors led to a transformation of Québec’s faculties of law. Paul-André Crépeau was one of those who had completed graduate studies abroad. In 1965 he was appointed president of the Civil Code Revision Office. He supervised this vast enterprise and his name is forever associated with the Draft Civil Code. As a legal scholar, he published abundantly in the field of contract law, and then addressed codification and lexicography, using a wide range of writing approaches. He often sought to influence the evolution of the law. His proposals were greeted sometimes favourably and sometimes critically. His work is imbued with principles and comparative law, and it reflects his will to build a strong body of legal scholarship. He was particularly attached to French doctrine, which was an important source of inspiration for him that clearly influenced his legal thought.
ES :
A mediados del siglo XX el compromiso de los profesores de carrera anuncia la transformación de las Facultades de Derecho. Paul-André Crépeau figura entre aquellos que habían cursado estudios superiores en el extranjero, y en 1965 se le encomendó la presidencia del ente encargado de la revisión del Código Civil. Le corresponde dirigir esta vasta obra, y desde entonces, su nombre no se ha podido disociar del proyecto de Código Civil. Como autor de doctrina ha publicado profusamente en Derecho de contratos, y se ha interesado en la codificación y en la lexicografía. Se ha expresado utilizando numerosos métodos de escritura, y con frecuencia ha escrito para influenciar la orientación del derecho. Algunas veces sus propuestas han sido recibidas de manera favorable, mientras que otras han sido criticadas. Su obra está marcada por los principios y por el derecho comparado, y ha manifestado su voluntad en el establecimiento de una doctrina sólida. Además, ha tenido un compromiso particular con la doctrina francesa, que le ha servido de fuente de inspiración, y que ha ejercido una indiscutible influencia en su pensamiento.
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La réception réciproque de la jurisprudence et de la doctrine dans les systèmes belge, français et luxembourgeois
Safia Bouabdallah
p. 95–137
RésuméFR :
Les droits civils belge, français et luxembourgeois partagent d’importantes convergences systémiques. Ces droits ont conservé un code civil hérité de la période napoléonienne, et ce code deux fois centenaire contenait encore de nombreuses dispositions maintenues dans la lettre du Code de 1804. De manière identique dans ces trois systèmes juridiques, une place importante a été laissée à la jurisprudence et à la doctrine pour faire évoluer le sens de la loi civile. Ce constat est le point de départ d’une recherche consacrée à la circulation des formants juridiques. L’auteure propose ainsi d’étudier la question des transferts de droit dans des systèmes romanistes encore classiquement présentés comme légalistes, et ce, pour comprendre la façon dont un système national de tradition civiliste parvient — ou non — à accueillir un élément jurisprudentiel ou doctrinal de droit étranger en vue de l’associer aux réflexions et aux controverses locales, voire de l’intégrer à son droit positif.
EN :
The civil law systems in Belgium, France and Luxemburg share many similar features. Each country has retained a Civil Code from the Napoleonic period, and many provisions of the Code, now over two centuries old, are still worded as in 1804. In an identical manner across all three legal systems, an opening is left for case law and doctrine to advance the meaning of the civil law. This provides the starting-point for an examination of the circulation of legal determinants, which aims to review transfers of law between the Romanist systems classically referred to as legalist systems, to understand how a national system in the civilist tradition is able — or unable — to deal with a foreign element of case law or doctrine and apply it to local debates and disputes, and even to incorporate it into its own positive law.
ES :
El derecho belga, el derecho francés y el derecho luxemburgués comparten importantes convergencias sistémicas. Estos derechos han conservado un Código Civil heredado del periodo napoleónico, este código bicentenario detentaba aún muchas disposiciones que se han preservado del texto del Código de 1804. De forma idéntica, en estos tres sistemas jurídicos se le ha otorgado un lugar importante tanto a la jurisprudencia como a la doctrina, con el fin de que evolucione el sentido de la ley civil. Esta constatación es el punto de partida de esta investigación, que se ha consagrado a la circulación de los formantes jurídicos. Esta contribución propone entonces, el estudio de la cuestión sobre las transferencias del derecho en los sistemas romanistas, clásicamente presentados todavía como legalistas, para comprender cómo un sistema nacional de tradición civilista logra (o no) acoger un elemento jurisprudencial o doctrinal de un derecho extranjero, para asociarlo con reflexiones y controversias locales, y posteriormente integrarlo en su derecho positivo.
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Le Canada et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes : une obligation d’enquête
Véronique Breton
p. 139–169
RésuméFR :
Le présent article s’intéresse aux obligations du Canada à l’égard de la situation des filles et des femmes autochtones assassinées ou disparues au Canada. Plus précisément, il aborde la question suivante : le Canada avait-il l’obligation de donner suite à la recommandation du Comité chargé de la mise en oeuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, soit celle de faire une enquête sur les filles et les femmes autochtones disparues ou assassinées ? Les arguments avancés par l’auteure lui permettent de conclure que le Canada avait une obligation positive à cet égard.
EN :
This article reviews Canada’s obligations with respect to the situation of Aboriginal girls and women who have disappeared or been murdered in Canada. More specifically, it asks : does Canada have an obligation to act on the recommendation made by the committee responsible for monitoring implementation of the Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination against Women, by investigating the disappearance or murder of Aboriginal girls and women ? The arguments, as set out in the article, lead to the conclusion that Canada has a positive obligation in this regard.
ES :
Este artículo trata sobre las obligaciones que tiene el Canadá con respecto a la situación de las jóvenes y las mujeres autóctonas que han sido asesinadas o que han desaparecido en Canadá. De manera más precisa, se aborda la siguiente cuestión : ¿El Canadá tenía la obligación de cumplir la recomendación del Comité encargado de implementar la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Convention sobre la eliminación de todo tipo de discriminación contra la mujer) y llevar a cabo una investigación sobre las jóvenes y las mujeres autóctonas desaparecidas o asesinadas ? Los argumentos que se presentan en este artículo nos permiten llegar a la conclusión que el Canadá tenía una obligación positiva en este sentido.
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Les deux solitudes de l’assurance voyage : cap sur une nouvelle théorie interprétative
Vincent Caron
p. 171–217
RésuméFR :
Alors qu’il est souvent affirmé que le contrat d’assurance s’interprète en cherchant l’intention commune des contractants, l’étude de la jurisprudence des 30 dernières années ayant interprété le contrat d’assurance voyage contredit fortement cette affirmation. En effet, la compréhension du contrat d’assurance voyage ressemble davantage à un jeu de souque à la corde où tantôt les intérêts de l’assuré auront préséance au moment de la démarche interprétative, tantôt les intérêts de l’assureur auront le dessus, ne laissant ainsi aucune place à la recherche de l’intention commune, véritable zone interdite (no man’s land) juridique. Le phénomène de la solitude contractuelle offre alors la possibilité d’entrevoir une nouvelle théorie interprétative explicative beaucoup plus adaptée au contrat d’adhésion à large distribution.
EN :
Although it is often stated that an insurance contract should be construed by seeking the common intention of the contracting parties, this is clearly contradicted by a survey of case law from the last 30 years in cases involving travel insurance contracts. It appears that travel insurance contracts are construed in a way that resembles a tug-of-war. Sometimes the interests of the insured party take precedence, and sometimes the interests of the insurer, leaving no room for the identification of a common intention, which has become a legal no-man’s-land. Contractual solitude makes it possible to envisage a new explanatory theory of construction that is better adapted to widely-distributed contracts of adhesion.
ES :
Con frecuencia se ha afirmado que el contrato de seguros se interpreta buscando la intención común de las partes contratantes. No obstante, el estudio de la jurisprudencia de los últimos 30 años en los que se ha interpretado el contrato de seguro de viaje contradice vehementemente esta afirmación. En efecto, la interpretación del contrato de seguro de viaje parece más bien un juego de sokatira, en el cual prevalecen tanto los intereses del asegurado como los del asegurador al momento de realizar la interpretación, y en donde, a fin de cuentas, no hay lugar para la búsqueda de la intención común de las partes, convirtiéndose así en un verdadero « no man’s land » jurídico. El fenómeno de la soledad contractual ofrece, sin embargo, la posibilidad de vislumbrar una nueva teoría interpretativa, mucho más adaptada al contrato de adhesión de distribución amplia.
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Les problèmes de qualification de la compétence internationale des tribunaux québécois : la solution réside dans l’alliance du Code de procédure civile et du Code civil du Québec
Sylvette Guillemard
p. 219–250
RésuméFR :
Le Code de procédure civile répartit les règles de compétence des tribunaux de première instance en deux catégories parfaitement étiquetées, soit la compétence matérielle et la compétence territoriale. À chacune correspondent des particularités propres — et opposées —, notamment en ce qui a trait au rôle des personnes concernées et à la mise en oeuvre des moyens déclinatoires.
Lorsque le litige comporte un élément d’extranéité, la compétence directe des tribunaux québécois est prévue dans le livre X du Code civil du Québec et le codificateur l’a intitulée « compétence internationale ». Il est pourtant absolument nécessaire de la ranger dans une catégorie connue en droit interne pour des raisons procédurales.
Certains, peu versés dans le droit international privé, pourraient penser que la question ne présente pas de difficulté et que la réponse est simple, tant elle paraît évidente. Pourtant, le chemin qui mène de l’une à l’autre en passant par le Code civil et le Code de procédure civile est semé d’embûches, presque de pièges, qu’une analyse fine et minutieuse permet à la fois de déceler et de surmonter. Il faut en outre déplorer que le législateur n’ait pas réglé le problème à l’occasion de la récente réforme du Code de procédure civile, le maintenant ainsi dans un flou peu salutaire.
EN :
The Code of Civil Procedure uses two sets of rules to define the jurisdiction of the courts of first instance, based on subject-matter and territorial jurisdiction. Each has its own — opposing — features, in particular concerning the role played by the people involved and the implementation of declinatory exceptions.
When a dispute involves an extraneous element, the direct jurisdiction of the Québec courts is provided for in Book X of the Civil Code of Québec, under the heading “International jurisdiction”. However, it must necessarily be placed in a known category of domestic law for procedural reasons.
Some people with little experience of private international law may think that the question is not difficult and the result only too obvious. However, the path from one to the other, via the Civil Code and the Code of Civil Procedure, is strewn with obstacles and in some cases pitfalls that only a finely-scaled and thorough analysis can detect and overcome.
ES :
El Código de Procedimiento Civil determina las reglas de competencia de los tribunales de primera instancia en dos categorías perfectamente identificadas : la competencia material y la competencia territorial. A cada una le corresponden particularidades propias — y opuestas — concretamente en lo que se refiere al rol de personas vinculadas, y a la aplicación de los medios declinatorios de competencia.
La competencia directa de los tribunales quebequenses se encuentra prevista en el Libro X del Código Civil de Quebec si el litigio comprende un elemento internacional. El codificador la ha denominado « competencia internacional », por consiguiente, es absolutamente necesario clasificarla en una categoría conocida en el derecho interno, y esto, por razones procesales.
Para algunos, poco familiarizados con el derecho internacional privado, podrían pensar que la cuestión no representa dificultad alguna, y que la respuesta es simple y evidente. Sin embargo, la vía que conduce de una a otra, pasando por el Código Civil y por el Código de Procedimiento Civil está llena de obstáculos, casi de trampas, que solamente un análisis detallado y minucioso permite a la vez detectar y superar. Convendría también deplorar el hecho que el legislador no haya solucionado el problema cuando se llevó a cabo la reciente reforma del Código de Procedimiento Civil, hallándose ahora en una incertidumbre poco beneficiosa.
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Le calcul des aliments du parent de fait : de l’approche synchronique à l’approche étapiste
Michaël Lessard
p. 251–281
RésuméFR :
Le présent article porte sur le calcul des aliments versés par les parents de fait en droit québécois. Il se divise en quatre parties. Dans la première, l’auteur explique dans quelle mesure les parents de fait québécois peuvent être tenus de fournir des aliments en vertu de la doctrine in loco parentis qui s’applique aux couples mariés. Dans la deuxième partie, il détaille la méthode prévue en droit privé fédéral pour calculer les aliments payables par une personne tenant lieu de parent. Dans la troisième, l’auteur émet l’hypothèse selon laquelle le droit civil québécois préconise une approche synchronique de calcul des aliments payables par les parents de fait et les parents civils non gardiens. Enfin, dans la quatrième partie, il recommande l’adoption d’une approche étapiste pour le calcul des pensions alimentaires.
Selon l’approche étapiste, l’obligation alimentaire du parent de fait est subsidiaire à celle du parent civil. La pension alimentaire de ce dernier est d’abord déterminée sans prendre en considération le parent de fait. Celle du parent de fait est ensuite évaluée suivant les règles habituelles mais, pour obtenir sa valeur réelle, on lui soustrait le montant versé par le parent civil : la pension du parent de fait devient complémentaire de la pension du parent civil. Le parent civil est donc soumis à une obligation primaire et le parent de fait, à une obligation secondaire. Cette approche comporte quatre avantages : 1) elle favorise la stabilité de la situation financière de l’enfant ; 2) elle témoigne du rôle exercé par le parent de fait au cours de la vie commune ; 3) elle permet d’éviter des injustices envers le parent civil gardien ; et 4) elle favorise la préservation de l’institution de la filiation.
EN :
This article aims to explain the shortcomings of Québec law regarding the calculation of child support when paid by a de facto parent, and to present an alternative. Part I discusses the extent to which Québec de facto parents are required to pay child support under the doctrine of in loco parentis. Part II outlines how child support is calculated under federal private law when payable by a person standing in the place of a parent. In Part III, I put forward the hypothesis that Québec law imposes a synchronic approach to the calculation of child support when a de facto parent is involved. Last, in Part IV, I recommend the adoption of a layered approach to the calculation of child support.
Under this layered approach, the support obligation of a de facto parent is subsidiary to the obligation of the civil parent. First, the amount of child support paid by the civil parent is determined without considering the de facto parent. Then, the support obligation of the de facto parent is assessed using the usual rules. To obtain the real value of the de facto parent’s support obligation, the civil parent’s support must be subtracted, making the de facto parent’s contribution complementary to the contribution of the civil parent. The civil parent has a primary obligation, while the de facto parent has a secondary obligation. There are four advantages to this approach : (1) it helps ensure financial stability for the child, (2) it reflects the role played by the de facto parent during cohabitation, (3) it helps avoid unfairness towards the custodial civil parent, and (4) it helps preserve the institution of filiation.
ES :
Este artículo se divide en cuatro partes, y tiene como objetivo exponer el problema que existe para calcular la pensión de alimentos que deben sufragar los padres de hecho en el derecho quebequense. En este artículo, se presentan algunas pistas de solución. En la primera parte explico en qué medida los padres de hecho quebequenses pueden ser responsables de proporcionar alimentos, en virtud de la doctrina in loco parentis que se aplica a las parejas casadas. En la segunda parte, explico el método que se ha previsto en el derecho privado federal para calcular el monto de la pensión de alimentos que debe pagar una persona que haga las veces de padre. En la tercera parte, he formulado una hipótesis, según la cual en el derecho civil quebequense se recomienda adoptar un enfoque sincrónico de los cálculos de la pensión de alimentos, que deben sufragarse por parte de los padres de hecho, y por los progenitores civiles que no poseen la custodia. Finalmente, en la cuarta parte, recomiendo la adopción de un enfoque por etapas en el cálculo de pensiones alimenticias.
Según el enfoque por etapas, la obligación alimenticia del padre de hecho es subsidiaria a aquella del progenitor civil. La pensión alimenticia del padre civil está determinada sin considerar la del padre de hecho. La pensión del padre de hecho se evalúa siguiendo las reglas habituales, pero para obtener su valor real se le sustrae el monto que ha sido sufragado por el progenitor civil : la pensión del padre de hecho es complementaria a la pensión del progenitor civil. El progenitor civil está sometido a una obligación primaria, y el padre de hecho a una obligación secundaria. Este enfoque tiene cuatro ventajas : 1. Se favorece la estabilidad financiera del menor. 2. Da fe del rol que ejerce el padre de hecho durante la vida común. 3. Se evitan injusticias con respecto al progenitor civil que tiene la guarda. 4. Se favorece la preservación de la institución de la filiación.
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La fiducie de protection d’actifs : un mirage ?
Mario Naccarato
p. 283–308
RésuméFR :
Le patrimoine de la personne constitue le gage commun de ses créanciers. Le législateur québécois a rompu avec la conception classique du patrimoine unique pour instaurer un régime de fiducie permettant la création d’un patrimoine d’affectation sur lequel le constituant peut se nommer cofiduciaire et bénéficiaire à la fois sans toutefois posséder de droits réels sur ces biens. Voilà qui constitue à priori un patrimoine à l’abri des créanciers du constituant, communément appelé « fiducie de protection d’actifs ». Depuis son instauration en 1994, les tribunaux québécois ont fait un constat que ce patrimoine d’affectation en vue de protéger le débiteur de ses créanciers contrevient à des normes axiomatiques du droit civil lesquelles doivent l’emporter sur la validité de pareil patrimoine d’affectation. En effet, les tribunaux n’hésitent pas à déclarer nulles les fiducies de protection d’actifs faites au détriment des créanciers du constituant. C’est ainsi que la fiducie de protection d’actifs n’est qu’un mirage.
EN :
A person’s patrimony stands as collateral for all the person’s creditors, but the Québec legislator broke away from the classical conception of a single patrimony when it introduced rules for a trust that allowed the creation of a patrimony by appropriation. The settlor can be named as both joint trustee and beneficiary without possessing a real right to the property. This constitutes, a priori, a patrimony sheltered from the settlor’s creditors, generally called an “asset protection trust”. Since the introduction of the patrimony by appropriation in 1994, Québec courts have found that its goal of protecting a debtor from creditors contradicts some axiomatic principles of civil law, which must take precedence over the validity of the patrimony by appropriation. In fact, the courts have not hesitated to annul asset protection trusts designed to protect assets from the settlor’s creditors. The asset protection trusts is simply a mirage.
ES :
El patrimonio de una persona constituye la garantía común de sus acreedores. El legislador quebequense se ha desvinculado del concepto clásico del patrimonio único, para instaurar un régimen de fideicomiso que permite la creación de un patrimonio especial en el que el constituyente puede denominarse cofiduciario y beneficiario al mismo tiempo, aunque no posea derechos reales sobre dichos bienes. Esto constituye a priori un patrimonio protegido de los acreedores del constituyente, y generalmente, se le denomina « fideicomiso de protección de activos ». Desde su instauración en 1994, los tribunales quebequenses han constatado que dicho patrimonio especial, que tiene por objeto proteger al deudor de sus acreedores, infringe normas axiomáticas del derecho civil que deben prevalecer, con respecto a la validez de tal patrimonio especial. En este sentido, los tribunales no dudan en declarar la nulidad de los fideicomisos de protección de activos creados en detrimento de los acreedores del que los constituye. Es por eso que el fideicomiso de protección de activos es solamente un espejismo.
Chronique bibliographique
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Elodie Bordes, Le silence et le droit. Recherches sur une métaphore, Québec, Presses de l’Université Laval, 2018, 230 p., ISBN 978-2-7637-3348-7.
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Guillaume Rousseau, L’État-nation face aux régions. Une histoire comparée du Québec et de la France, Québec, Septentrion, 2016, 525 p., ISBN 978-2-89448-857-7.
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Julie Desrosiers et Geneviève Beausoleil-Allard, L’agression sexuelle en droit canadien, 2e éd., Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2017, 405 p., ISBN 978-2-89730-310-5