Résumés
Résumé
L’article qui suit tente de démontrer l’intérêt pour la méthodologie juridique de prêter attention aux présupposés épistémologiques du jugement juridique. En examinant la théorie de l’imprécision législative élaborée par la Cour suprême du Canada, l’auteur s’intéresse d’abord aux obstacles épistémologiques que rencontre le raisonnement judiciaire suggéré par la Cour suprême, et qu’elle essaie par la suite de surmonter ou de contourner. Passant de l’obligation de fournir un avertissement raisonnable aux citoyens au critère du guide suffisant pour un débat judiciaire, l’approche retenue demeure néanmoins mentaliste. C’est précisément pour éviter ce nouvel obstacle que l’auteur propose une conception pragmatiste de l’opération de production du sens, qui repose sur l’usage réflexif et la signification normative partagée, et ce, pour éclairer l’arrière-plan épistémologique de l’application méthodologique de la norme constitutionnelle d’imprécision.
Abstract
This article aims at emphasizing in legal methodology the importance of paying particular attention to epistemological presuppositions inherent in legal judgment. In his analysis of the doctrine of vagueness as enunciated by the Supreme Court of Canada, the author examines the epistemological obstacles to the reasoning suggested by the Supreme Court, but which the Court then attempts to surmount or by-pass. From the duty of providing fair notice to the citizens to the criterion of giving sufficient guidance for legal debate, the approach remains nonetheless mentalistic. It is precisely in order to avoid this new obstacle that the writer proposes a pragmatic conception of the operation of the production of meaning, based on a reflexive usage and a shared normative significance, in order to shed light upon the epistemological background of the methodological application of the constitutional doctrine of vagueness.