Résumés
Abstract
The perceptions afforded by the study of legal pluralism assist an understanding of the full scope and the social and moral significance of alternative dispute resolution. The latter term includes all modes and forms of dispute resolution within the legal order of the state other than the usual forms of adjudication by the ordinary courts. These modes may be classified in relatively wide and fluid categories as other forms of adjudication, and arbitration, mediation and negotiation. However, alternative dispute resolution also includes instances of all these processes which are not established, adopted, or made effective by the state. The study of legal pluralism throughout the world shows that almost everywhere are many such instances, generated within many semi-autonomous social fields other than the state, and falling into all the listed categories.
The study of legal pluralism further suggests that the different dispute settlement processes are likely to be associated with different bodies of legal norms. There is evidence that to some extent alternative state processes employ different bodies of laws. The evidence also shows that non-state processes employ bodies of norms which always differ, and may differ widely from those of state law. While legal centralism denies these norms the name of "laws", there seems no good reason not to classify such rules and principles, which order relations within social fields other than the state, as "customary law", or by some similar term.
Alternative dispure resolution processes have been lauded as enhancing the effectiveness of the law, providing wider access to justice or law. However, if the argument presented here is correct, it is not sufficient to represent them as implementing "the law". Rather each implements a different variety of law. The social functions of these different laws of different dispute resolution processes, both state and non-state, vary, and so need investigation in each particular case. Whether any law is to be approved as affecting power relations in the society concerned is similarly a matter for investigation. While it has been suggested that alternative dispute resolution processes can confer on the weak and underprivileged an opportunity to assert their interests, it has been argued against such a view that they may provide opportunities for the already powerful to increase their powers, free of the restraining influence of regular state courts. On the other hand, state processes may at certain historical moments be manipulated by the weak to their advantage. Non-state processes may, also in special circumstances, empower collectively the members of the social fields in which they operate.
Résumé
La vision pluraliste du droit aide à bien comprendre la portée et la signification sociale et morale des modes alternatifs de solution des conflits, c'est-à-dire, par rapport à l’ordre juridique étatique, des modes de solution autres que celui correspondant à l'intervention décisionnelle des tribunaux ordinaires. Ces modes peuvent se rattacher à une typologie souple qui inclut d'autres formes d'adjudication, l'arbitrage, la médiation et la négociation. Mais, on doit tout aussi bien comprendre d'autres voies établies et pratiquées sans le concours de l'État. L'étude du pluralisme juridique en tant que phénomène universel permet de constater l'existence quasi universelle de tels forums correspondant à plusieurs ordres sociaux semi-autonomes et non étatiques.
L'étude du pluralisme juridique incite de plus à poser que les différents modes de solutions des conflits ont tendance à être associés à différents corpus de normes juridiques. On peut démontrer, pour ce qui est de l'ordre étatique, que, dans une certaine mesure, les modes alternatifs font appel à différents ensembles normatifs. Quant aux voies non étatiques, on peut également établir que les normes appliquées diffèrent, parfois même de façon marquée, du droit étatique. Bien qu'une conception centralisée du droit refuse de qualifier de “jurisprudence” ces normes, aucune véritable raison ne permet de refuser de tenir ces règles et principes, qui régissent des ordres sociaux autre que l'État, pour du “droit coutumier”, au sens général du terme.
On a souvent reconnu aux modes alternatifs de solution des conflits l'avantage de promouvoir l’effectivité du droit, d'élargir l'accès à la justice ou au droit. Cependant, si la présente thèse est correcte, il ne suffit plus de s'en tenir à cet apport relié à l'application du droit. En fait, chacun des modes alternatifs met en oeuvre une espèce distincte de droit. Les fonctions sociales de ces différents droits correspondant à différents modes de solution de conflits, qu'ils soient ou non étatiques, varient; d'où la nécessité d'une approche spécifique. De même, doit-on étudier, dans toute société donnée, si une loi y porte atteinte aux rapports de pouvoirs. Si on a avancé l'idée que les modes alternatifs de solution des conflits offrent aux parties faibles et défavorisées l'occasion de faire valoir leurs intérêts, on a aussi soutenu, à l'inverse, qu'ils peuvent permettre à des justiciables déjà bien nantis, d'augmenter leurs pouvoirs, étant ainsi à l'abri de l'influence régulatrice des tribunaux étatiques. À certains moments de l'histoire, les démunis peuvent même manipuler à leur avantage l'intervention étatique. Les voies non étatiques peuvent également, en certaines circonstances particulières, favoriser collectivement les membres de certains collectivités dans lesquelles elles interviennent.