Résumés
Résumé
Dès l'attaque de Pearl Harbor par le Japon, le 7 décembre 1941, les États-Unis et le Canada ont tous deux pensé que leur sécurité était menacée par la présence de personnes d'origine et de descendance japonaises sur la côte du Pacifique, où existait déjà un fort sentiment anti-japonais. Les droits des individus paraissent avoir été tout à fait oubliés par ceux qui, dans les deux pays, furent chargés de remédier à cette situation plutôt imaginaire que réelle. Sans qu'il ne soit tenu compte de la nationalité et de la loyauté des personnes, tout un groupe ethnique a été ainsi obligé d'abandonner ses biens et placé de force dans des centres de détention éloignés du foyer et du lieu de travail habituel.
Aux États-Unis, ce déplacement massif fut le résultat d'Executive Orders, de Relocation Orders et de Civilian Exclusion Orders. Au Canada, cette déportation fut décidée par ordres en conseil. La British Columbia Security Commission, composée de trois personnes, eut la responsabilité d'organiser et de diriger l'évacuation de toutes les personnes de race japonaise de certaines régions de la Colombie Britannique. Cette Commission eut à déterminer le moment de l'évacuation, le mode de transport, l'endroit de détention, etc. . .
Aux États-Unis, quatre-vingt-dix jours après que l'évacuation eut été entreprise sous surveillance militaire, 110,142 personnes avaient été déplacées à partir de certaines régions des États de Californie, de Washington, d'Oregon et d'Arizona. Au Canada, une fois que la Commission de sécurité de la Colombie Britannique eut accompli son travail, toutes les personnes d'origine et de descendance japonaises, soit environ 21,000 personnes, avaient été repoussées à l'intérieur d'une bande de terre large de cent milles partant de la côte du Pacifique.
Aux États-Unis, les Japonais purent contester ce déplacement pendant qu'il eut lieu, avant la fin de la guerre. Au Canada, ce ne fut possible qu'après la guerre, et que relativement à la validité des ordres de déportation.
Dans le cas des États-Unis, trois cas ont été examinés par la Cour suprême. Dans deux causes, Hirabayashi v. United States (1943) et Korematsu v. United States (1944), le pouvoir du Gouvernement des États-Unis d'agir ainsi en temps d'urgence a été affirmé. Dans une troisième, Ex Parte Mitsuye Endo, l'idée que le Gouvernement peut dans ces circonstances détenir une personne loyale a été rejetée. Dans ce jugement le juge William O. Douglas a écrit :
« Un citoyen reconnu comme fidèle ne pose aucun problème d'espionnage ou de sabotage. La fidélité est une matière du coeur et de l'esprit, et non de race, de croyance, ou de couleur. Celui qui est fidèle n'est par définition ni espion ni saboteur. Quand le pouvoir de détenir dérive du pouvoir de protéger l'effort de guerre de l'espionnage et dit sabotage, la détention qui n'a aucun rapport avec cet objectif est sans autorisation ».
Au Canada, la Cour suprême s'est divisée sur la question de la validité de la déportation des épouses, des enfants de moins de seize ans et des sujets britanniques résidant au Canada. Le Conseil privé fut toutefois d'avis que les ordres en conseil devaient être envisagés dans leur ensemble et qu'ils n'étaient pas ultra vires.
D'un point de vue rétrospectif, le traitement des Japonais-américains et des Japonais-canadiens pendant la deuxième guerre mondiale montre qu'en temps d'urgence, même l'homme raisonnable et juste peut parfois oublier les droits d'autrui et agir d'une façon très étrange.
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