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La cinquième étude de Julie Boissonneault donne suite à celle parue précédemment dans ces cahiers, où notre consoeur a examiné une dizaine de marqueurs utilisés à des fins grammaticales et à des fins pragmatiques dans le discours de francophones du Nord-Est ontarien. Cette analyse mettait en relief les changements intergénérationnels qui s’étaient opérés au fil du temps, soit par la progression de certains marqueurs anglais (so et like), soit par l’étiolement de certaines formes françaises (alors, (ça) fait que et en tout cas) ; elle avait aussi montré la prévalence de marqueurs de langue anglaise sur leurs homologues français (anyway/anyways), mais également celle de marqueurs de langue française sur leurs homologues anglais (comme et donc). Cette fois, en se penchant sur d’autres marqueurs discursifs – coudon, voyons, okay, d’accord, t’sais, vous savez, you know, disons et tiens – dans le discours de locuteurs du français habitant le même milieu, elle fait voir l’évolution des usages et en brosse un portrait intergénérationnel sur plus d’un siècle. Les analyses font aussi valoir la polysémie des marqueurs, qui revêtent une valeur autre que celle qu’admettent les catégories traditionnelles qu’enseigne l’école, en illustrant les valeurs que les informateurs leur accordent. Ce portrait analytique permet une plus grande appréciation de l’oralité et de sa richesse.