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Cahiers Charlevoix
Études franco-ontariennes
Volume 9, 2012
Sommaire (5 articles)
Études
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Passage de l’élémentaire au secondaire et décrochage culturel en Ontario français. Élimination de quelques facteurs
Simon Laflamme
p. 15–59
RésuméFR :
Simon Laflamme examine le rôle qu’a pu jouer en Ontario français une « idéologie pro-anglaise » qui expliquerait le décrochage d’un certain nombre d’élèves du système scolaire français en faveur du système anglais. Mais avant d’étudier les tenants et aboutissants de cette idéologie, l’auteur entend vérifier si le comportement des jeunes, tant francophones qu’anglophones, devant la transition du cycle élémentaire au cycle secondaire, est comparable. Et il le fait à partir de données recueillies auprès de jeunes, de parents et d’éducateurs entre les mois d’octobre et de décembre 2008, dans le cadre d’une étude menée en Ontario prenant en compte toute une série de facteurs associés à ce passage : profil des deux échantillons (selon le groupe d’appartenance, le pays de naissance, la discrimination, la langue parlée et le statut socio-économique de la famille d’origine), l’influence des amis, l’estime de soi, la manière dont on se sent à l’école, l’évaluation de l’école et l’impression sur la diversité de l’école, l’opinion sur les enseignants, l’encouragement des parents et des enseignants, l’importance de l’école secondaire dans l’environnement de l’élève, l’aide pour le travail scolaire, le bonheur à l’école, les notes, le choix de l’école secondaire et les sentiments attachés à la transition. Au terme de la comparaison de tous ces facteurs, Simon Laflamme constate que les élèves franco-ontariens ne paraissent en rien différer de leurs semblables anglo-ontariens au moment de franchir le seuil de l’école secondaire. Ce qui lui fait « conclure que la dualité idéologique trouve son origine ailleurs » et qui devrait le conduire à une nouvelle « enquête qui voudrait comprendre le développement de l’idéologie duelle franco-ontarienne », en considérant les artisans et les sources de ces discours.
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« Jeter les bases d’une “politique franco-ontarienne” » : le Comité franco-ontarien d’enquête culturelle à l’heure des grandes ruptures (1967-1970)
Michel Bock
p. 61–106
RésuméFR :
Michel Bock se penche sur le Rapport Saint-Denis, fruit du Comité franco-ontarien d’enquête culturelle mis sur pied en mai 1967 par le premier ministre John Robarts afin de faire le bilan de la situation culturelle des Franco-Ontariens. Déposé en janvier 1969, une vingtaine de mois plus tard, La Vie culturelle des Franco-Ontariens livrait le résultat de ses délibérations, « un portrait riche et complexe de l’Ontario français qui débordait largement le domaine strict des arts et de la culture », avec une série de 107 recommandations. Selon Michel Bock, l’analyse des travaux du comité présidé par Roger Saint-Denis « permet au chercheur de jeter un regard probant sur la nature et l’ampleur des bouleversements qu’a connus l’Ontario français à la fin des années 1960 et de jauger l’importance relative des éléments de rupture et de continuité qui se sont exercés, à un moment précis, sur la redéfinition de sa référence identitaire ». À la fois reflet et catalyseur des enjeux débattus au sein de l’élite intellectuelle franco-ontarienne, le Rapport Saint-Denis contribua par exemple au virage de l’Acféo, l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario, dont le nom modifié en Association canadienne-française de l’Ontario (Acfo) en mars 1969 manifestait son ouverture à l’égard de toutes les facettes de la vie culturelle des Franco-Ontariens, et non plus seulement aux revendications linguistiques et scolaires. « L’acceptation par l’élite franco-ontarienne de la nécessité d’une intervention étatique musclée représentait un élément de rupture substantiel par rapport au nationalisme canadien-français traditionaliste », note l’auteur. Le programme de développement proposé, notamment par la création d’un Conseil franco-ontarien d’orientation culturelle, devait amener l’État à prendre ses responsabilités face à sa minorité culturelle, conformément à la thèse des deux peuples fondateurs du Canada, qui continuait, en revanche, de guider l’action de l’élite franco-ontarienne. En ce sens, la logique du Rapport Saint-Denis demeurait très proche, somme toute, de celle du projet national canadien-français. Même si le sort de ce rapport ne fut pas entièrement à la mesure des attentes du Comité franco-ontarien d’enquête culturelle, son impact reste majeur sur le rayonnement des arts en Ontario français.
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Germain Lemieux par lui-même (1914-1958)
Jean-Pierre Pichette
p. 107–193
RésuméFR :
Jean-Pierre Pichette publie la première tranche de l’entrevue qu’il a réalisée en 1995 auprès du fondateur de l’ethnologie franco-ontarienne. Ce long entretien consacré à la vie et à l’oeuvre du jésuite Germain Lemieux (1914-2008) a d’abord été diffusé sur les ondes de la radio d’État. Préparé de longue main, sur la base de la fréquentation continue des écrits et de l’homme, il a été enregistré sous la forme d’un autoportrait afin de permettre au père Lemieux de situer dans leur contexte les travaux de sa production scientifique et d’aller au-delà des écrits en livrant ses souvenirs et ses projets. Ce premier volet, qui couvre les années 1914-1958, aborde sous un jour personnel la période gaspésienne de ce chercheur – son enfance à Cap-Chat et ses études au séminaire de Gaspé –, puis son entrée et sa formation chez les jésuites de Montréal, jusqu’au début de sa période franco-ontarienne – son affectation au collège du Sacré-Coeur de Sudbury et ses premières enquêtes dans le nord de l’Ontario. Présentés dans leur chronologie, ces témoignages apportent un éclairage nouveau sur les origines paysannes de ce personnage marquant, sur sa formation, sur son tempérament et finalement sur son oeuvre dont ils révèlent les détours inédits. Cette édition est accompagnée de notes et de commentaires.