Résumés
Résumé
Raymond Mougeon analyse un cas de diversité linguistique : les mots et locutions qui marquent la conséquence dans le parler des adolescents franco-ontariens. Bien que ce sujet paraisse de prime abord pointu, l’auteur entend montrer que ce « petit sous-système de la grammaire du français […] permet d’aborder la plupart des dimensions distinctives de la variation du français ontarien ». Ainsi, à l’aide du corpus Mougeon et Beniak, recueilli en 1978 au moyen d’entrevues enregistrées, il scrute les divers emplois des conjonctions ça fait que, so, alors et donc dans le parler des adolescents de North-Bay, Pembroke, Cornwall et Hawkesbury, en Ontario, qu’il met en rapport avec ceux des locuteurs montréalais, au Québec. L’auteur examine l’alternance entre ces quatre conjonctions en fonction de divers facteurs : la localité, l’appartenance socio-économique, le sexe, la fréquence de l’emploi du français et le registre (sujet abordé dans l’entrevue). Il relève des divergences dans l’emploi de ces marqueurs : par exemple, la tournure typique du français vernaculaire ( ça fait que ) est mieux préservée dans les communautés majoritaires ; une pression normative plus faible rend les minorités tolérantes à l’anglais et explique l’emprunt, plus ou moins fréquent de la conjonction so selon le milieu et la condition des locuteurs ; chez ceux qui sous-utilisent le français, on observe une tendance à la standardisation (emploi plus fréquent d’alors et de donc ).