
Cahiers Charlevoix
Études franco-ontariennes
Volume 2, 1997
Sommaire (7 articles)
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Avant-propos
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L’Ontario français et les grands congrès patriotiques canadiens-français (1883-1952)
Gaétan Gervais
p. 9–155
RésuméFR :
Gaétan Gervais sonde les plus éloquentes traces de l’identité canadienne-française qu’il trouve intactes dans les mémoires des grands congrès patriotiques canadiens-français. Avec raison, il note que ces déploiements, qui se sont tenus entre 1883 et 1952, fournissent, sur l’Amérique française – dans ses expressions canadienne, franco-américaine et acadienne –, une richesse documentaire unique. Tout en commentant la participation franco-ontarienne à ces assises nationales, à caractère patriotique, religieux et linguistique, l’auteur relève une même unité de pensée, manifestée par une même symbolique, soutenue par la même armature institutionnelle, diffusant la même idéologie clérico-nationaliste et le même projet de société, parce que fondée sur le même sentiment profond d’appartenance au Canada français.
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Coup d’oeil sur le répertoire traditionnel d’un chanteur franco-ontarien
Jean-Pierre Pichette
p. 157–211
RésuméFR :
Jean-Pierre Pichette explore la littérature orale franco-ontarienne dans cet article consacré au répertoire des chansons de Donat Paradis, un nonagénaire à la mémoire alerte qu’il a eu le privilège de rencontrer et d’interroger de façon brève mais intensive en 1982. Il expose d’abord les circonstances du collectage de ces oeuvres lyriques, montre aussi le rôle du réseau familial dans l’apprentissage et la transmission des chansons, et fait une analyse sommaire des types poétiques et des thèmes récurrents. Après quoi, il en dégage quelques éléments caractéristiques et en fait voir l’originalité ; franco-ontarien et blézardois par la géographie, familial et vicinal par l’inspiration, paysan par le milieu social, ce répertoire paraît tout à fait représentatif de la tradition canadienne-française. Sa recherche s’inscrit dans les travaux préparatoires à l’édition intégrale du chansonnier Paradis.
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Transferts linguistiques et anglicisation des francophones. Les enjeux de l’exogamie au Canada
Roger Bernard
p. 213–262
RésuméFR :
Roger Bernard approfondit ses recherches sur « les enjeux de l’exogamie » et la vulnérabilité des groupes minoritaires. À partir d’une compilation plus détaillée des données du recensement de 1991, il analyse les conséquences de ce phénomène sur les transferts linguistiques en englobant, dans son propos, les foyers mixtes francophones et les foyers mixtes anglophones. Cette nouvelle étude, qui prend en compte les groupes d’âges des épouses de langue maternelle française, lui permet de réviser et de nuancer les résultats obtenus dans son article précédent, et de faire les liens qui s’imposent entre exogamie et anglicisation : « plus le milieu est minoritaire, observe-t-il, plus les taux d’exogamie sont élevés, et plus les taux d’anglicisation des parents et des enfants sont élevés »; ce qui l’amène à l’évidence que l’exogamie est une cause majeure de l’anglicisation des minorités françaises au Canada.
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Fréquentation scolaire, alphabétisation et société au Québec et en Ontario jusqu’en 1911 : les francophones et les autres
Fernand Ouellet
p. 263–349
RésuméFR :
Tout en faisant une judicieuse critique des recensements de même que des interprétations de ses prédécesseurs, qu’il rectifie ou enrichit à l’occasion, Fernand Ouellet aborde un autre aspect de son projet de recherche en socio-économie des francophones du Canada : les rapports entre la fréquentation scolaire, l’alphabétisation et la société au Québec et en Ontario avant les années 1911. Ainsi, il observe, dès le début du xviie siècle, « la marche silencieuse vers la campagne et l’analphabétisme » qui se perpétuera, sous la mainmise du clergé, jusqu’aux législations de 1840, corrigeant sur ce point ceux qui continuent de répéter « que la dégradation de l’alphabétisme avait ses origines dans la conquête anglaise de 1760 ». C’est que les facteurs socio-économiques ont eu sur l’alphabétisation plus d’importance que les facteurs politiques. Son texte démontre qu’un système d’éducation, laissé aux mains d’une élite, ne fait que marginaliser ceux qui en sont exclus, en l’occurrence les femmes, les classes populaires et les habitants des campagnes. L’intervention de l’État tend à réduire ces inégalités sans pour autant les abolir.
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Là où il ne fallait pas de réponse. Réponse à « Désespoir de vieille fille » par Marie de Villers
Fernand Dorais
p. 351–387
RésuméFR :
Fernand Dorais, qui a présenté, dans un article précédent, le livre choc de Thérèse Tardif, Désespoir de vieille fille, considère maintenant Réponse à « Désespoir de vieille fille ». Cet ouvrage, que Simone Routier publia, six mois plus tard, sous le pseudonyme de Marie de Villers, est une réfutation vive, fragment par fragment, du livre de Tardif. Faute de pouvoir restituer tout le contexte socioculturel des années quarante, l’auteur étudie le malentendu profond qui séparait ces deux femmes et qui reposait sur des positions religieuses diamétralement opposées. Il montre surtout que, à la conception existentielle et marginale de la première, il ne fallait pas répondre par l’orthodoxie conceptuelle de la seconde qui dicte et condamne systématiquement, mais plutôt par la compréhension.
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Lettres des nouvelles missions du Canada, 1843-1852
René Dionne
p. 389–486
RésuméFR :
René Dionne, l’auteur de l’Histoire de la littérature franco-ontarienne, examine un autre texte fondateur du patrimoine littéraire de l’Ontario français : les Lettres des nouvelles missions du Canada, 1843-1852 qui sont, à son avis, « l’oeuvre la plus substantielle » de la deuxième période (1760-1865) de cette littérature régionale. En scrutant méthodiquement l’édition Cadieux, l’auteur analyse la série des soixante-dix-sept lettres ontariennes écrites par quatorze missionnaires ; il s’intéresse à leurs destinataires, ordinairement des jésuites européens, au genre plus personnel et moins officiel de ces nouvelles « relations ontariennes », aux formes, surtout de type narratif et descriptif, et aux contenus édifiants de ces missives, qui rapportent les peines et les travaux des missionnaires.