Avant-propos[Notice]

  • Nicole Côté et
  • Alina Ruta

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  • Nicole Côté
    Université de Sherbrooke

  • Alina Ruta
    Université de Sherbrooke

L’invitation lancée aux chercheuses et chercheurs pour ce numéro 18 des Cahiers Anne-Hébert intitulé « Femmes en traduction, femmes et traduction » portait sur les textes littéraires traduits de personnes qui s’identifient comme femmes, de femmes qui traduisent, mais aussi de personnes qui étudient les textes de femmes en traduction, particulièrement de femmes issues de minorités. Le numéro invitait les analyses textuelles et intersectionnelles du travail de traduction. Il souhaitait aussi qu’on s’y interroge sur les écueils auxquels se heurtent les traductrices ou traducteurs qui tentent de rendre justice au contexte élargi du texte afin de tenir compte des relations de pouvoirs. Il s’interrogeait par ailleurs sur les manières de rendre à la fois le texte, dans toute sa richesse sonore et rythmique, et le contexte élargi, politique, qui tiendrait compte des références aux questions de féminisme, de genre et de sexuation (Simon, 1996 et von Flotow, 1997) pour lesquelles se posent simultanément des questions de racisation, de classe sociale et de communautés interprétatives (P. Hill Collins, 2019). On le sait, le politique n’exclut pas d’office le poétique en traduction. Comment rendre justice à une forme qui enracine le sens chez des écrivaines dans des langues-cultures aux moyens vastement différents, mais aussi selon des héritages culturels où les femmes et les personnes racisées entre autres autochtones ont traditionnellement été effacées ou diminuées? Ce sont à ces questions qu’ont tenté de répondre les chercheuses et chercheurs qui ont accepté de participer à ce numéro. En raison des divers choix de corpus effectués par les personnes collaboratrices, nous avons divisé le numéro en trois parties : la première, « Figures historiques de traductrices et d’écrivaines » ; la deuxième, « Traduire des autrices autochtones canadiennes » ; la troisième, « Traduire des autrices issues des minorités », numéro que viennent clore deux articles hors dossier. Les articles de la première partie, « Figures historiques de traductrices et d’écrivaines », sont présentés par ordre chronologique des trois figures historiques, bien qu’un hiatus de plus de deux siècles sépare la première de la seconde. Lori Saint-Martin ouvre la première partie, avec « Les filles d’Anne Dacier : genre, violences et résistances dans le monde de la traduction littéraire ». Elle rappelle la figure incontournable d’Anne Dacier, qui la première a traduit l’Iliade et l’Odyssée d’Homère en français. C’était une helléniste accomplie que l’histoire a ensevelie sous la réputation d’Houdar de la Motte. Par là même, Saint-Martin nous rappelle les valeurs en jeu dans le canon littéraire : qui choisit-on de retenir, indépendamment de la valeur de l’oeuvre? Dans le cas qui l’occupe, une politique des sexes y est de toute évidence à l’oeuvre. Chantal Ringuet s’intéresse, dans « Traduire la poésie yiddish des femmes Rachel Korn (1898-1982) et Kadia Molodowsky (1894-1975) », aux aspects couvrant la présence diasporique de la littérature yiddish de femmes à Montréal. Elle s’intéresse aux enjeux de traduction de ces oeuvres reconnues comme « le terreau de l’émergence des théories et des pratiques associées à la traduction féministe ». Ces poètes retracent par leur parcours et dans leurs écrits une grande partie du XXe siècle dans une langue en voie de disparition et que Ringuet traduit avec leurs poèmes. Dans « Texte ou contexte? Rendre justice à l’ultime oeuvre atypique de L.M. Montgomery », Audrey Loiselle discute de la dernière oeuvre de l’autrice d’Anne… La maison aux pignons verts, The Blythe are Quoted. Quelle attitude adopter si on traduit cette oeuvre ironique mais non dépourvue des tendances de son époque? Les questions de xénophobie, de classisme, de sexisme ordinaire, de violence parentale, toutes …

Parties annexes