Résumés
Résumé
Depuis 40 ans, la multiplication des fouilles archéologiques de grands ensembles funéraires en France a entrainé un accroissement considérable des vestiges osseux humains dans les dépôts de fouilles de l’État. Ces restes ne font pas partie du mobilier archéologique stricto-sensu mais relèvent de la « documentation scientifique ». D’un côté, les exigences de la science commandent de mobiliser toutes les techniques disponibles afin de mieux connaître les populations qui nous ont laissé ces traces. De l’autre côté, des limites matérielles et culturelles conduiraient à voir dans les techniques d’échantillonnage un dispositif archéologique efficient. La mission d’intérêt général qu’est la recherche archéologique commande au contraire de porter un soin particulier à ces vestiges en les épargnant d’une vision trop gestionnaire et de court terme. Les vertus éthiques de l’excellence archéologique ne doivent pas être oubliées, ainsi le savoir archéologique doit-il d’abord porter une exigence de rigueur scientifique. Cette exigence première est notamment questionnée par les choix de gestion des collections des restes humains. Une seconde exigence éthique conduit à s’interroger sur les limites juridiques ou morales de la première. L’ambition de rigueur scientifique doit-elle être limitée dans certaines hypothèses, notamment lorsque la recherche porte sur des restes humains? Ces restes doivent-ils faire l’objet d’un statut juridique ou éthique spécifique qui tendrait à les distinguer des autres éléments du mobilier archéologique? L’article se propose d’aborder ces questions sous le prisme de l’étude du cas du corps parfaitement bien conservé de Louise de Quengo, noble bretonne du XVIIe découverte en 2014 à Rennes (France).
Mots-clés :
- Corps humain,
- Ethique,
- Mobilier archéologique,
- Documentation archéologique,
- Collection anthropologique,
- Echantillonnage,
- Droit français,
- intérêt général archéologique
Abstract
Over the past 40 years, the increase in the number of archaeological excavations of large funeral complexes in France has led to a considerable increase in the number of human remains in the State’s excavation sites. These remains are not strictly speaking part of the archaeological material but are instead considered “scientific documentation”. On the one hand, the requirements of science necessitate the mobilization of all available techniques in order to better understand the populations that have left us these traces. On the other hand, material and cultural limitations necessarily lead to sampling techniques being seen as an efficient archaeological system. On the other hand, the mission of general interest that is archaeological research requires particular care be taken with these remains, sparing them from an overly managerial and short-term vision. The ethical virtues of archaeological excellence must not be forgotten; archaeological knowledge must be based on the requirement of scientific rigour. This primary requirement is questioned in particular by the choices made in the management of human remains collections. A second ethical requirement leads to questions about the legal or moral limits of the first. Should scientific rigour be limited in certain cases, particularly when the research involves human remains? Should remains be subject to a specific legal or ethical status that would distinguish them from other elements of archaeological material? This article addresses these questions through the prism of the study of the case of the perfectly preserved body of Louise de Quengo, a 17th century Breton noble discovered in 2014 in Rennes (France).
Keywords:
- human body,
- ethics,
- archaeological material,
- anthropological collection,
- sampling,
- French law,
- archaeological general interest
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