Résumés
Résumé
Les professionnels de la santé affectés aux soins critiques (urgence, soins intensifs, réanimation et soins coronariens) sont confrontés au quotidien à des situations particulièrement éprouvantes sur le plan émotionnel. Leurs conditions de travail difficiles peuvent devenir anxiogènes, se répercuter sur leur condition physique et/ou psychologique, diminuer leur performance et augmenter leur taux d’absentéisme au travail. Pour faire face à ce contexte stressant et parfois même déprimant, certains professionnels ont recours à l’humour macabre (ou « gallows humour »), une forme d’humour noir à connotation morbide, dont le contenu est susceptible de choquer certaines personnes. Bien que très répandue, l’utilisation de l’humour macabre en soins critiques est extrêmement controversée et la plupart du temps réprimandée par les ordres professionnels. Prenant appui sur les codes déontologiques qui les régissent, les ordres professionnels supposent que l’humour macabre enfreint les devoirs et les responsabilités de leurs membres envers leurs patients, rejetant alors son utilisation d’emblée. Dans cet article, nous contestons le rejet catégorique de l’humour macabre en soins critiques. Nous adoptons une perspective conséquentialiste, axée sur l’étude de la littérature scientifique portant sur les bienfaits de l’utilisation de l’humour en milieu de travail, pour défendre son acceptabilité éthique. En permettant d’être mieux disposés à prodiguer des soins malgré les événements tragiques vécus par les professionnels, nous verrons comment l’utilisation de l’humour macabre peut ultimement avoir des retombées positives sur les patients. L’éthique conséquentialiste n’est pas intéressée seulement par la maximisation des bienfaits de l’humour macabre, mais également par la réduction des risques de préjudices à autrui associés à son utilisation. Ce critère important nous conduira donc à définir les termes et à proposer certaines conditions devant être respectées pour une utilisation éthique de ce mécanisme de défense important par les professionnels de la santé en soins critiques.
Mots-clés :
- humour macabre,
- soins critiques,
- professionnels de la santé,
- mécanisme de défense,
- éthique
Abstract
Health care professionals assigned to critical care (emergency, intensive care, reanimation) are confronted on a daily basis with particularly trying situations. Their hard work conditions can become anxiety-provoking, affect their physical and/or psychological condition, decrease their performance and increase their absenteeism rate at work. To face this particularly stressful and sometimes depressing context, some professionals fall back on “gallows humour”, a sort of black humour with a morbid overtone, which is likely to shock certain people. Although gallows humour is very widespread, its use in critical care is extremely controversial and most of the time reprimanded by professional orders. Based on the codes of ethics that govern them, professional orders assume that gallows humour violates the duties and responsibilities of their members towards their patients, rejecting its use straightaway. In this article, we contest the categorical rejection of gallows humour in critical care. We adopt a consequentialist perspective based on the study of scientific literature on the benefits of using humour in the workplace, to defend its ethical acceptability. By enabling us to be better prepared to provide care despite the tragic events experienced by professionals, we will see how the use of gallows humour can ultimately have a positive effect on patients. A consequentialist ethics is not only interested in maximizing the benefits of gallows humour but also in reducing the risk of harm to others related to its use. This important criterion will therefore lead us to define the terms and suggest certain conditions that must be respected for an ethical use of this important defense mechanism by health care professionals in critical care.
Keywords:
- gallows humour,
- critical care,
- health professionals,
- defense mechanism,
- ethics
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