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Le présent article s’intéresse aux pratiques et à la conception du développement de la Société de développement de la Baie-James (SDBJ) au cours de la première phase de l’imposant complexe hydroélectrique La Grande (1971-1984). À partir de quatre éléments caractéristiques du développement mis de l’avant dans le cadre du projet de la Baie-James, nous explorons comment les responsables politiques et étatiques de l’époque ont traduit une stratégie plus vaste d’intégration des activités de l’État au Nord. Ces quatre éléments comprennent l’originalité des structures étatiques créées pour l’occasion, l’intégration des autochtones aux structures de l’État, la prise en compte de la protection de l’environnement aux objectifs de développement et l’émergence d’activités récréotouristiques pour favoriser l’occupation régionale. Somme toute, le développement mis de l’avant par la SDBJ s’ancre dans des dynamiques sociohistoriques nous permettant de mieux comprendre l’importance de l’expansion territoriale dans les objectifs de transformation globale de la société portés par les responsables politiques au cours de la Révolution tranquille. Cette analyse a pour but d’éclaircir les mutations dans les rapports entretenus par la société québécoise avec le Nord, ses populations et l’environnement, tout en interrogeant les finalités auxquelles réfère le concept de développement au cours de cette période. Ces objectifs s’insèrent dans l’évolution de l’historiographie sur l’exploitation des ressources naturelles des dernières décennies, notamment son intérêt pour l’intégration des savoirs techniques et scientifiques au sein de l’État, de même que leurs conséquences sur les populations locales.