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Fareed Zakaria, Ten Lessons for a Post-Pandemic World, New York, W.W. Norton, 2020, 307 p.[Notice]

  • Daniel Landry

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  • Daniel Landry
    Professeur de sociologie, Collège Laflèche

À la fin de l’année 2020, W.W. Norton & Company Inc. a fait paraître Ten Lessons for a Post-Pandemic World, de l’auteur Fareed Zakaria. Ce dernier est notamment connu pour l’animation de l’émission The Global Public Square sur la chaîne CNN (depuis 2008). Il est un diplômé de Harvard en relations internationales, où il a notamment été l’élève du célèbre politologue Samuel Huntington. En plus de ses nombreuses chroniques dans des journaux (Washington Post) et revues spécialisées (Foreign Affairs), il a publié quelques essais sur la démocratie libérale américaine, dont quelques-uns ont été traduits en français (Le monde post-américain, Perrin, 2011). Cette fois-ci, son ouvrage cherche à établir un diagnostic des maux qui guettent l’humanité au lendemain de la pandémie, et à exposer dix leçons pour construire un monde plus juste, démocratique, égalitaire et sécuritaire. La quatrième de couverture annonce les couleurs de l’ouvrage en cherchant à démontrer à quel point les propos de l’auteur se sont avérés quasi prophétiques par le passé. En effet, dans la foulée de Bill Gates (TED, 2015), Zakaria annonçait dès 2017 que la principale menace qui guettait les États-Unis d’Amérique était microscopique : le pays était vulnérable – et très mal préparé – aux éventuelles pandémies, et seule la coopération entre États pouvait prévenir d’un tel danger. L’année 2020 semble avoir donné raison à Zakaria, d’où la pertinence d’un ouvrage sur la suite des choses. L’essai est construit en dix chapitres correspondant à autant de leçons pour le monde post-pandémique. En filigrane, Zakaria présente clairement ses intentions en attaquant régulièrement (dans chacun des chapitres) les positions prises par l’administration Trump au cours de son mandat. Il faut savoir qu’au moment de la publication de l’ouvrage, l’élection présidentielle n’avait toujours pas eu lieu. Parmi ses principales critiques, il dénonce le repli américain ayant mené à plus de protectionnisme et moins de multilatéralisme. Au regard de l’auteur, cette voie est périlleuse et mène les États-Unis et le monde entier vers des dangers bien pires que celui de la pandémie de COVID-19. La première leçon invite à tenir compte d’un monde en changement où les sociétés ont besoin de développer une résilience. « Les éclosions de maladies sont inévitables, mais les pandémies sont optionnelles » (p. 26 [trad. libre]). Dans un plaidoyer pour la modernité (technologique entre autres), Zakaria affirme que le monde d’aujourd’hui doit être ouvert, rapide et stable. La deuxième leçon porte quant à elle sur le type de gouvernement à envisager. S’appuyant sur les exemples de pays et régions ayant bien répondu à la première vague de la crise sanitaire de 2020 (Taïwan, Corée du Sud, Hong Kong, Singapour), l’auteur explore les conditions pour obtenir un gouvernement efficace. À ses yeux, cela n’a rien à voir avec la « quantité » de gouvernement (la taille, pourrait-on dire), mais davantage avec la qualité de celui-ci. Néanmoins, dans sa troisième leçon, Zakaria insiste sur le fait qu’un gouvernement efficace, en temps de crise, est nécessairement un gouvernement interventionniste, à l’instar du Danemark, qui joue un immense rôle dans la création d’un filet de sécurité, même s’il oeuvre au sein d’une économie de marché productive. Les quatrième, cinquième et sixième leçons mettent en valeur le rôle des experts et du progrès technologique. D’une part, Zakaria insiste sur l’importance d’écouter les experts (surtout en période de crise), mais il comprend que le rôle de ceux-ci soit négligé dans une société où le fossé est parfois trop large entre experts et population. Il appelle donc à une réconciliation qui permettrait aux experts de tous domaines d’ancrer …