Volume 41, numéro 1, 2020
Sommaire (14 articles)
Special Section: Speaking Freely and Freedom of Speech
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Speaking Freely and Freedom of Speech: Feminists Navigating the "New" Right
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Hostility, Harassment, and Violence: On the Limits of ‘Free Speech’ for Minority Feminist Scholars
Robyn Bourgeois
p. 9–20
RésuméEN :
Following the rich tradition of Indigenous and Black feminists and authors, this article makes use of storytelling to explore the limits of freedom of speech in the academy for feminist scholars belonging to socially marginalized groups and, particularly, Indigenous feminist scholars. Through autoethnography, I expose the ways that freedom of speech was been weaponized against me by people with power to silence and suppress my freedom of speech. Moreover, I draw attention to the ways this has been done to me in order to secure the freedom of speech of other dominant and powerful people. This paper concludes with some recommendations about disrupting this violence and better supporting feminist scholars from minority groups.
FR :
En suivant la riche tradition des féministes et des auteures autochtones et noires, cet article fait usage du récit pour explorer les limites de la liberté d’expression dans le milieu universitaire pour les érudites féministes appartenant à des groupes socialement marginalisés et, en particulier, les féministes autochtones. Par le biais de l’auto-ethnographie, j’expose les façons dont la liberté d’expression a été utilisée comme une arme à mon encontre par des personnes ayant le pouvoir de me réduire au silence et de supprimer ma liberté d’expression. De plus, j’attire l’attention sur les façons dont cela a été fait à mon égard afin de garantir la liberté d’expression de personnes dominantes et puissantes. Cet article se conclut par des recommandations pour briser cette violence et mieux soutenir les universitaires féministes issues de groupes minoritaires.
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Speaking Freely vs. Dignitary Harm: Balancing Students’ Freedom of Expression and Associational Rights with their Right to an Equitable Learning Environment
Elizabeth Brulé
p. 21–33
RésuméEN :
In this article, I examine the difficulty of using student codes of conduct and civility policies as a way to restrict harmful speech. I argue that policies used to monitor students’ non-academic behaviour provide administrators with a means to restrict and surveil students’ political advocacy work, especially marginalized students’ advocacy. Rather than providing a ‘safe’ learning environment, codes of conduct curtail students’ opportunities for freedom of expression and limits their ability for critical pedagogical engagement with controversial ideas. Drawing on case studies at Canadian universities, I illustrate the contradictory challenges that student activists encounter when attempting to balance principles of freedom of expression and principles of equity on university campuses. Rather than use codes of conduct, I argue that administrators should adopt criteria that help students identify and limit dignitary harms. In doing so, students will be better equipped to assess their expressive freedom and associational rights with the rights of others to an equitable learning environment. Moreover, such an approach represents a decolonial shift and promises to expand our narrow liberal conception of rights and ensure marginalized peoples’ voices and worldviews are heard.
FR :
Dans cet article, j’examine le problème qui se pose lorsqu’on utilise les politiques de civilité et les codes de conduite étudiante comme moyen de restreindre les discours préjudiciables. Je soutiens que les politiques utilisées pour surveiller le comportement non lié aux études des étudiantes et étudiants fournissent au personnel de direction administrative un moyen de limiter et de surveiller l’action de plaidoyer politique des étudiantes et étudiants, en particulier la défense de la cause du corps étudiant marginalisé. Plutôt que de fournir un environnement d’apprentissage « sécuritaire », ces codes de conduite réduisent les possibilités de liberté d’expression des étudiantes et étudiants et limitent leur capacité d’engagement pédagogique critique à l’égard d’idées controversées. En m’appuyant sur des études de cas dans des universités canadiennes, j’illustre les défis contradictoires que rencontrent les étudiantes et étudiants militants pour tenter de trouver un juste équilibre entre les principes de la liberté d’expression et les principes de l’équité sur les campus universitaires. Plutôt que d’utiliser des codes de conduite, je défends l’argument que la direction administrative devrait adopter des critères qui aident les étudiantes et étudiants à détecter et à limiter les atteintes à la dignité. De cette manière, ils seront mieux équipés pour évaluer leur liberté d’expression et leurs droits d’association en fonction des droits des autres à un environnement d’apprentissage équitable. En outre, une telle approche constitue une évolution décoloniale et promet d’élargir notre conception libérale étroite des droits et de faire en sorte que les voix et les visions du monde des personnes marginalisées soient entendues.
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Free Speech Rhetoric and Normalizing Violence: Setting Higher Standards for University Guest Speaker Policies
Madison McDonald
p. 34–45
RésuméEN :
In response to recent protests against controversial guest speakers, many Canadian universities have implemented new policies that conflate academic freedom and freedom of speech. The resultant free speech policies often protect speakers regardless of the content of their speech; this paper discusses the importance of barring speech that normalizes acts of harm.
FR :
En réponse aux récentes manifestations à l’encontre de conférenciers externes controversés, de nombreuses universités canadiennes ont mis en œuvre de nouvelles politiques qui regroupent liberté universitaire et liberté d’expression. Les politiques de liberté d’expression résultantes protègent souvent les conférenciers, quel que soit le contenu de leur discours; cet article discute l’importance d’interdire les discours qui normalisent les actes préjudiciables.
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Addressing Sexual Violence at Ontario Universities in the Context of Rising Anti-Feminist Backlash
Emily M. Colpitts
p. 46–58
RésuméEN :
In this paper, I argue that anti-feminist backlash at Canadian universities is fuelled by, and has a significant impact on, anti-violence efforts on campus and, in particular, whether and how they engage with male students and normative constructions of masculinity.
FR :
Dans cet article, je soutiens que la réaction antiféministe dans les universités canadiennes est alimentée par les efforts de lutte contre la violence sur les campus et a un impact significatif sur ceux-ci, en particulier sur la question de savoir si et comment ces efforts mobilisent les étudiants de sexe masculin et les constructions normatives de la masculinité.
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Speaking Freely and Freedom of Speech: Why is Black Feminist Thought Left Out of Ontario University Sexual Violence Policies?
Lindsay Ostridge
p. 59–71
RésuméEN :
As of January 1, 2017, the Province of Ontario has required all post-secondary institutions to create and maintain a stand-alone sexual assault policy that includes clearly stated complaint and response procedures. This paper brings to bear the influence of Black feminist thought as an analytic tool and politic on the outcomes and omissions of the development of these policies. Analyzing the stand-alone sexual violence policy of the University of Ottawa as a case study, the author conducted a critical discourse analysis with an intersectional lens to determine if intersectionality influenced the policy creation. Findings reveal that policymakers conceptualize gender in a one-dimensional manner, without attention to intersections of sexualized violence with racism and other systems of oppression. A policy with an ill-defined focus on gender can result in a colorblind policy that suggests that the institution should treat all students the same, regardless of systemic disadvantages they might face on the basis of race, class, gender, sexual orientation, or ability. This avoidance can create barriers to reporting. Neoliberalism and the changing university culture are discussed.
FR :
Depuis le 1er janvier 2017, la province de l’Ontario exige que tous les établissements d’enseignement supérieur créent et maintiennent une politique autonome en matière d’agressions sexuelles, comportant des procédures clairement énoncées pour les plaintes et les interventions. Cet article met en évidence l’influence de la pensée féministe noire en tant qu’outil d’analyse et de politique sur les résultats et les lacunes dans l’élaboration de ces politiques. En s’appuyant sur la politique autonome en matière de violence sexuelle de l’Université d’Ottawa à titre d’étude de cas, l’auteure a mené une analyse critique du discours dans une optique intersectionnelle pour déterminer si l’intersectionnalité a influencé la création de cette politique. Les conclusions révèlent que les responsables des politiques conceptualisent le genre de façon unidimensionnelle, sans tenir compte des intersections entre la violence sexualisée, le racisme et d’autres systèmes d’oppression. Une politique qui met un vague accent sur le genre peut aboutir à une politique insensible à la couleur qui suggère que l’établissement devrait traiter toutes les étudiantes et tous les étudiants de la même manière, quels que soient les désavantages systémiques auxquels ils sont confrontés en raison de leur race, de leur classe sociale, de leur genre, de leur orientation sexuelle ou de leurs capacités. Le fait d’éviter cette question peut créer des obstacles à la dénonciation. Le néolibéralisme et l’évolution de la culture universitaire sont aussi abordés.
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Snapping: Feminist Pedagogy and Navigating the “New” Right
Heather Latimer
p. 72–81
RésuméEN :
This paper uses anecdotal and affect theory to think through the repercussions of feminist pedagogy while navigating the “new” right. It extends Sara Ahmed’s metaphors of the feminist snap and the feminist ear as pedagogical and epistemological tactics.
FR :
Cet article utilise des récits anecdotiques et la théorie des affects pour réfléchir aux répercussions de la pédagogie féministe tout en naviguant parmi les écueils de la « nouvelle » droite. Il étend les métaphores de Sara Ahmed sur le « feminist snap » (pétage de plomb féministe) et l’oreille féministe comme tactiques pédagogiques et épistémologiques.
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Dis/Consent: Persepectives on Sexual Consent and Sexual Violence
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Not All Dead White Men: Classics and Misogyny in the Digital Age
Special Section: Transnational Feminism
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Transnational Feminism
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Modernity and Progress: The Transnational Politics of Suffrage in British Columbia (1910-1916)
Lara Campbell
p. 90–104
RésuméEN :
Canadian historians have underplayed the extent to which theproject of suffrage and first wave feminism was transnational in scope. The suffrage movement in British Columbia provides a good example of the global interconnections of the movement. While BC suffragists were relatively uninterested in pan-Canadian campaigns they explicitly situated provincial suffrage within three transnational relationships: the ‘frontier’ myth of the Western United States, radical direct action by suffragettes in the United Kingdom, and the rise of modern China. By the second decade of the 20thcentury, increasingly confident women’s suffrage societies hosted international visits and contributed to global print culture, both of which consolidated a sense of being part of a modern, international and unstoppable movement.
BC suffragists were attuned to American suffrage campaigns in California, Oregon and Washington, which granted female suffrage after referenda and situated political rights for settler women in the context of Western progress narratives. The emphasis on progress and modernity intersected with growing connections to non-Western countries, complicating racialized arguments for settler women’s rights to vote. BC suffragists were particularly impressed by the role of feminism in Chinese political reform and came to understand Chinese women as symbolizing modernity, progress, and equality. Finally, the militant direct action in the British suffrage movement played a critical role in how BC suffragists imagined the role of tactical political violence. They were in close contact with the militant WSPU, hosted debates on the meaning of direct action, and argued that suffragettes were heroes fighting for a just cause. They pragmatically used media fascination with suffragette violence for political purposes by reserving the possibility that unmet demands for political equality might lead to Canadian conflict in the future.
FR :
Les historiens canadiens ont minimisé la portée transnationale du projet suffragiste et du féminisme de la première vague. Le mouvement des suffragettes en Colombie-Britannique fournit un bon exemple des liens mondiaux de ce mouvement. Bien que les suffragettes de Colombie-Britannique aient été relativement peu intéressées par les campagnes pancanadiennes, elles ont explicitement positionné le droit de vote provincial des femmes au sein de trois relations transnationales : le mythe de la « frontière » de l’Ouest des États-Unis, l’action directe radicale des suffragettes au Royaume-Uni et la montée en puissance de la Chine moderne. Au cours de la deuxième décennie du 20e siècle, des sociétés suffragistes de plus en plus sûres d’elles ont organisé des rencontres internationales et contribué à la culture mondiale de l’imprimé, deux facteurs qui ont renforcé le sentiment d’appartenir à un mouvement moderne, international et que rien ne pouvait arrêter.
Les suffragettes de la Colombie-Britannique étaient au courant des campagnes des suffragettes américaines en Californie, en Oregon et à Washington, états qui avaient accordé le droit de vote aux femmes par référendum et situaient les droits politiques des femmes colons dans le contexte des récits progressistes de l’Ouest. L’accent mis sur le progrès et la modernité s’entrecroisait avec les relations croissantes avec des pays non occidentaux, ce qui a compliqué les arguments racialisés en faveur du droit de vote des femmes colons. Les suffragettes de Colombie-Britannique étaient particulièrement impressionnées par le rôle du féminisme dans la réforme politique chinoise et en sont venues à considérer les femmes chinoises comme un symbole de la modernité, du progrès et de l’égalité. Enfin, l’action militante directe dans le mouvement des suffragettes britanniques a joué un rôle essentiel dans la façon dont les suffragettes de Colombie-Britannique ont imaginé le rôle de la violence politique tactique. Elles étaient en contact étroit avec l’organisation militante Women’s Social and Political Union (union sociale et politique des femmes), elles ont organisé des débats sur la signification de l’action directe et ont affirmé que les suffragettes étaient des héroïnes luttant pour une cause juste. Elles ont utilisé avec pragmatisme la fascination des médias à l’égard de la violence perpétrée par les suffragettes à des fins politiques en réservant la possibilité que les exigences d’égalité politique non satisfaites pourraient mener à un conflit au Canada à l’avenir.
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Family Matters: Immigrant Women’s Activism in Ontario and British Columbia, 1960s -1980s
Margaret Little, Lynne Sorrel Marks, Marin Beck, Emma Paszat et Liza Tom
p. 105–123
RésuméEN :
This article uses oral history interviews to explore the ways in which different attitudes towards family and motherhood could create major tensions between mainstream feminists and immigrant women’s activists in Ontario and British Columbia between the 1960s and the 1980s. Immigrant women’s belief in the value of the family did not prevent immigrant women from going out to work to help support their families or accessing daycare and women’s shelters, hard fought benefits of the women’s movement. However, these women demanded access to job training, English language classes, childcare, and women’s shelters on their own terms, in ways that minimized the racism they faced, respected religious and cultural values, and respected the fact that the heterosexual family remained an important resource for the majority of immigrant women.
Immigrant women activists were less likely to accept a purely gender-based analysis than mainstream feminists. They often sought to work with men in their own communities, even in dealing with violence against women. And issues of violence and of reproductive rights often could not be understood only within the boundaries of Canada. For immigrant women violence against women was often analyzed in relation to political violence in their homelands, while demands for fully realized reproductive rights drew on experiences of coercion both in Canada and transnationally.
FR :
Cet article s’appuie sur des entrevues d’histoire orale pour explorer les façons dont différentes attitudes à l’égard de la famille et de la maternité pouvaient créer des tensions considérables entre les féministes traditionnelles et les femmes immigrantes activistes en Ontario et en Colombie-Britannique entre les années 1960 et 1980. L’attachement des femmes immigrantes aux valeurs familiales ne les a pas empêchées d’aller travailler pour aider à nourrir leur famille et de se prévaloir des garderies et des refuges pour femmes battues, avantages gagnés de haute lutte par le mouvement féministe. Toutefois, ces femmes ont exigé d’avoir accès à la formation professionnelle, aux cours d’anglais, aux garderies et aux refuges pour femmes battues à leur façon, de manière à minimiser le racisme qu’elles rencontraient, à honorer leurs valeurs religieuses et culturelles et à respecter le fait que la famille hétérosexuelle restait une ressource importante pour la majorité des immigrantes.
Les immigrantes militantes étaient moins susceptibles d’accepter une analyse purement sexospécifique que les féministes traditionnelles. Elles cherchaient souvent à travailler avec les hommes dans leur propre communauté, même dans le domaine de la violence contre les femmes. Et les questions de violence et de droits génésiques ne peuvent souvent pas être comprises uniquement à l’intérieur des frontières du Canada. Pour les femmes immigrantes, la violence à l’égard des femmes était souvent analysée en liaison avec la violence politique dans leur pays d’origine, tandis que leurs exigences en faveur de la pleine réalisation de leurs droits génésiques s’appuyaient sur des expériences de coercition tant au Canada que dans d’autres pays.
Book Reviews
Literary Works
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Being After Being Has Washed Away
Daze Jefferies
p. 127–128
RésuméEN :
Thinking with an assemblage of Black, Indigenous, crip, decolonial, and trans feminist creative and theoretical work, this poem explores fishy felt knowledges of sex work, outmigration, colonial erasure, and archival absence in the lives of trans women from Ktaqamkuk/Newfoundland.
FR :
En s’appuyant sur un assemblage de travaux créatifs et théoriques de féministes noires, autochtones, crip, décoloniales et transgenres, ce poème explore les expériences à sensation poisseuse du travail du sexe, de l’émigration, de l’anéantissement colonial et de l’absence d’archives dans la vie des femmes trans de Ktaqamkuk (Terre-Neuve).