Les ateliers de l'éthique
The Ethics Forum
Volume 13, numéro 3, automne 2018
Sommaire (8 articles)
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Liminaire / Frontmatter
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THE ETHICS OF BURDEN SHARING: WHEN CANADA TALKS ABOUT FAIRNESS, BUT ACTUALLY COUNTS BENEFITS
Dominika Kunertova
p. 4–30
RésuméEN :
This paper aims to rethink the problem of NATO burden sharing along ethical lines. It argues that the ethics of burden sharing reveals the tensions between utility of contribution and fairness of distribution. Inspired by Jarrod Hayes and Patrick James’s theory-as-thought method and using the traditions of normative ethics, this interpretive research looks at how the issues of sharing and contributing were discursively framed by its practitioners during NATO’s first decade. Focusing on one of the largest founding members, Canada, the paper finds incoherence between the predominantly consequentialist discourse of government authorities with respect to Canada’s contributions and those authorities’ discourse on allied sharing in NATO, shaped by obligations and communitarian ethics. Consequently, this presence of different ethical logics points to a split discourse on NATO burden sharing in Canada. The paper sheds light on the normative roots of the burden-sharing problem and demonstrates the relevance of theoretical pluralism and eclectic methodology for foreign-policy analysis.
FR :
Cet article vise à repenser le problème du partage de fardeau au sein de l’OTAN dans son horizon éthique. Il démontre que l’éthique du partage de fardeau dévoile des tensions entre l’utilité de contribution et l’équité de répartition. Inspirée par la méthode « théorie-comme-pensée » de Jarrod Hayes et Patrick James, et en s’inscrivant dans les traditions de l’éthique normative, cette recherche interprétative se penche sur la manière dont les problèmes de partage et de contribution ont été cadrés dans le discours de ses praticiens durant la première décennie de l’OTAN. En privilégiant un de ses plus larges membres originaux, le Canada, cet article repère une incohérence à la fois entre le discours des autorités canadiennes principalement conséquentialiste, pour ce qui a trait aux contributions canadiennes elles-mêmes, et un discours communautaire axé plutôt sur les obligations collectives dans le cas des enjeux de répartition de coûts entre les alliés. Cette présence de différentes logiques éthiques montre un « split discourse » sur le partage de fardeau au Canada. Finalement, ce texte met en lumière la racine normative du problème du partage de fardeau otanien et démontre la pertinence du pluralisme théorique et une méthodologie éclectique dans l’analyse de politique étrangère.
Dossier: Equality, Health, and Health Policy
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Sous la direction de Kristin Voigt
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EQUALITY, HEALTH, AND HEALTH POLICY: INTRODUCTION
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HEALTH(CARE) AND THE TEMPORAL SUBJECT
Ben Davies
p. 38–64
RésuméEN :
Many assume that theories of distributive justice must obviously take people’s lifetimes, and only their lifetimes, as the relevant period across which we distribute. Although the question of the temporal subject has risen in prominence, it is still relatively underdeveloped, particularly in the sphere of health and healthcare. This paper defends a particular view, “momentary sufficientarianism,” as being an important element of healthcare justice. At the heart of the argument is a commitment to pluralism about justice, where theorizing about just principles demands paying attention to the role particular goods play in our lives. This means that different approaches to the temporal subject—as well as other relevant issues—may be appropriate for different goods, including different goods within healthcare. In particular, the paper discusses two central goods targeted by healthcare: life-saving and pain relief. The view is offered as complementary to, rather than competitive with, lifetime approaches. As such, the paper finishes by considering how a pluralist approach, which engages both with people’s lives as a whole and with their states at particular moments, can reconcile the potentially competing claims in healthcare that emerge from these two perspectives.
FR :
Plusieurs présument qu’il est clair que les théories de justice distributive doivent prendre la durée de vie des gens comme seule et unique période de distribution pertinente. Même si la question du sujet temporel a gagné en importance, elle demeure relativement sous-exploitée, et ce, particulièrement dans le domaine de la santé et des soins de santé. Cet article présente une conception particulière, le « suffisantisme momentané », comme une composante importante de la justice en santé. Cet argument se centre sur un engagement pluraliste en matière de justice, qui implique que toute théorisation de principes justes doit prendre en compte le rôle que jouent des biens particuliers dans nos vies. Cela signifie que différentes approches du sujet temporel - ainsi que d’autres enjeux pertinents - peuvent convenir a différents bien, y compris des biens dans le domaine de la santé. Plus précisément, l’article traite de deux biens principaux que visent les soins de santé : l’aide vitale et le soulagement de la douleur. Cette conception s’articule en complémentarité avec les approches de la durée de vie, plutôt qu’en compétition avec elles. Dans cette optique, l’article examine pour finir comment une approche pluraliste, qui concerne a la fois la vie des gens dans sa totalité ainsi que leur condition a des moments précis, peut arriver a concilier les thèses émergeant de ces deux perspectives sur les soins de santé qui, autrement, entreraient potentiellement en conflit.
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EQUALITY IN THE ALLOCATION OF SCARCE VACCINES
Ben Saunders
p. 65–84
RésuméEN :
In the event of a pandemic, demand for vaccines may exceed supply. One proposal for allocating vaccines is to use a lottery, to give all citizens an equal chance, either of getting the vaccine (McLachlan) or of surviving (Peterson). However, insistence on strict equality can result in seriously suboptimal outcomes. I argue that the requirement to treat all citizens impartially need not be interpreted to require equal chances, particularly where citizens are differently situated. Assuming that we want to save lives, we should also seek to use vaccine efficiently, so far as this is compatible with equality. Thus, in allocating vaccine, we may want to be sensitive to (i) different levels of need and/or (ii) effects on vaccine production. While such policies may result in unequal chances, they may even improve everyone’s chances. In such cases, the resultant inequality is not a violation of impartiality, but a consequence of considering each person’s claim seriously.
FR :
Dans le cas d’une pandémie, il est possible que la demande pour des vaccins excède l’offre. Une proposition concernant la distribution des vaccins est d’employer une loterie, afin de donner à tous les citoyens une chance égale soit de recevoir le vaccin (McLachlan) soit de survivre (Peterson). Toutefois, l’accent mis sur une stricte égalité peut produire des résultats gravement sous-optimaux. Je soutiens que l’exigence de traiter tous les citoyens de manière impartiale ne doit pas forcément être interprétée comme une exigence d’égalité des chances, particulièrement en ce qui concerne des citoyens qui sont dans des situations différentes. En supposant que nous voulons sauver des vies, nous devrions également viser à employer les vaccins de manière efficiente, dans la mesure où cela demeure compatible avec l’enjeu d’égalité. Ainsi, notre distribution du vaccin devrait tenir compte de (i) différents degrés de besoin et/ou (ii) des effets sur la production du vaccin. Bien que de telles politiques risquent de conduire à une inégalité des chances, elles peuvent néanmoins améliorer les chances de tous. Dans de tels cas, l’inégalité qui en résulte ne va pas à l’encontre de l’impératif d’impartialité, mais découle plutôt d’une considération sérieuse de la demande de chacun.
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RELATIONAL EGALITARIANISM AND THE GROUNDS OF ENTITLEMENTS TO HEALTHCARE
Brian Berkey
p. 85–104
RésuméEN :
In recent years, a number of philosophers have argued that much theorizing about the value of equality, and about justice more generally, has focused unduly on distributive issues and neglected the importance of egalitarian social relationships. As a result, relational egalitarian views, according to which the value of egalitarian social relations provides the grounds of the commitment that we ought to have to equality, have gained prominence as alternatives to more fundamentally distributive accounts of the basis of egalitarianism, and of justice-based entitlements. In this paper, I will suggest that reflecting on the kind of explanation of a certain class of our justice-based entitlements that relational egalitarian considerations can offer raises doubts about the project, endorsed by at least some relational egalitarians, of attempting to ground all entitlements of justice in the value of egalitarian social relationships. I will use the entitlement to healthcare provision as my central example. The central claim that I will defend is that even if relational egalitarian accounts can avoid implausible implications regarding the extension of justice-based entitlements to health care, it is more difficult to see how they can avoid what seem to me to be implausible explanations of why individuals have the justice-based entitlements that they do. To the extent that I am correct that relational egalitarian views are committed to offering implausible explanations of the grounds of justice-based entitlements to healthcare, this seems to me to provide at least some support for a more fundamentally distributive approach to thinking about justice in healthcare provision.
FR :
Au cours des dernières années, certains philosophes ont avancé qu’une grande part de la théorisation sur la valeur de l’égalité, et la justice de façon plus générale, s’est concentrée de manière excessive sur des enjeux distributifs et a, par là même, négligé l’importance des relations sociales égalitaires. Par conséquent, les approches relationnelles de l’égalité, selon lesquelles la valeur des relations sociales égalitaires constitue le socle de l’engagement qui doit être pris envers l’égalité, ont pris du terrain en tant qu’alternatives à des explications plus fondamentalement distributives de la base de l’égalitarisme et de l’admissibilité fondée sur la justice. Dans cet article, je propose qu’en réfléchissant au type d’explication d’une certaine catégorie de droits fondés sur la justice que peuvent offrir des considérations liées à l’égalitarisme relationnel, on peut remettre en doute le projet, auquel souscrivent certains partisans de l’égalitarisme relationnel, de baser tous les droits fondés en justice sur la valeur des relations sociales égalitaires. Comme exemple principal, je prendrai le droit à l’accès aux soins de santé. Je défendrai l’argument central suivant : même si les explications relationnelles de l’égalitarisme peuvent éviter des implications peu plausibles quant à l’extension de droits fondés sur la justice aux soins de santé, elles peuvent toutefois plus difficilement éviter ce qui me semble être des explications invraisemblables des raisons pour lesquelles les individus possèderaient de tels droits. S’il est bien vrai que les conceptions de l’égalitarisme relationnel sont contraintes à offrir des explications invraisemblables du fondement en justice des droits aux soins de santé, il me semble que cela offre au moins un certain soutien à une approche plus fondamentalement distributive pour penser les enjeux de justice dans l’accès aux soins de santé.
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A SOCIAL DIVISION OF RESPONSIBILITY FOR HEALTH
Johannes Kniess
p. 105–122
RésuméEN :
When is it fair that some people are less healthy than others due to their own individual choices and preferences? In this paper, I explore two alternative answers. The first is a luck-egalitarian account that holds people responsible for choices that society could have reasonably expected them to avoid. I argue that this account is indeterminate and go on to sketch an alternative proposal based on Rawls’s idea of a “social division of responsibility.” This latter approach connects the notion of responsibility for health to the social conditions under which health-related behaviour is developed.
FR :
Dans quelles circonstances est-il juste que certaines personnes soient en moins bonne santé que d’autres à cause de leurs propres choix et préférences individuels ? Dans cet article, j’examine deux avenues de réponse. La première est une explication en termes d’égalitarisme de la chance qui tient les gens responsables des choix que, selon une attente raisonnable de la société, ils auraient dû éviter. Je défends que cette explication est peu concluante. Par la suite, j’esquisse une autre proposition qui s’appuie sur l’idée rawslienne d’une « division sociale de la responsabilité ». Cette seconde approche rattache la responsabilité de la santé aux conditions sociales dans lesquelles les comportements liés à la santé se développent.
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DISCRIMINATION, EMOTION, AND HEALTH INEQUITIES
Carina Fourie
p. 123–149
RésuméEN :
In this paper I argue that certain ways in which the relationship among discrimination, emotions and health is presented can undermine equity. I identify a model of this relationship the discrimination-emotion-health model - and claim that while the model is important for understanding the detrimental impact that discrimination and oppression can have on emotions and health, certain implications of the model are troubling. I identify six critiques of the model, and show that equity could be undermined, for example, when stereotypes of the oppressed are reinforced and the experiences of the privileged are normalized. I then assess the implications of my analysis of the model and its critique for a framework of health equity, demonstrating what such a framework would need to look like in order for it to best represent discrimination as a psychosocial determinant of health.
FR :
Dans cet article, je soutiendrai que certaines façons de présenter le rapport entre la discrimination, les émotions, et la santé peuvent miner l’équité. Je présente un modèle de ce rapport - le modèle discrimination-émotion santé - et avance que même si ce modèle est important afin de comprendre l’impact négatif que peuvent avoir la discrimination et l’oppression sur les émotions et la santé, certaines implications du modèle sont troublantes. Je présente six critiques du modèle, et montre que l’équité peut être affectée lorsque, par exemple, il renforce les stéréotypes concernant les opprimes et normalise les expériences des privilégiés. J’évalue ensuite les implications de ma propre analyse du modelé et de sa critique en vue de l’articulation d’un cadre de l’équité en santé, en démontrant la forme que devrait prendre un tel cadre afin de représenter de la meilleure façon possible la discrimination en tant que déterminant psychosocial de la santé.