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Riverti Camille, 2022, Humour et érotisme dans les Andes. Une ethnographe à marier. Paris, Les Indes savantes, coll. « Americana », 262 p.

  • Étienne Levac

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  • Étienne Levac
    Département de sciences des religions, Université du Québec à Montréal, Montréal (Québec), Canada

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Couverture de Le genre à l’épreuve du sport, Volume 48, numéro 2, 2024, p. 11-218, Anthropologie et Sociétés

Dans Humour et érotisme dans les Andes. Une ethnographe à marier, l’anthropologue Camille Riverti, diplômée de l’École des hautes études en sciences sociales, s’intéresse aux farces burlesques quechua dans les Andes centrales péruviennes, et plus particulièrement à la position accordée à l’ethnographe dans ces échanges. L’ouvrage, tiré de sa recherche doctorale, analyse différentes interactions burlesques qu’a vécues l’auteure au fil de son terrain en 2015 et 2016 dans le village de San Juan de Dios. C’est à la suite de plusieurs échanges avec des hommes et des femmes quechua au cours desquels elle a été la cible de farces qu’elle pose la question suivante : « Pourquoi l’ethnographe est-elle prise à partie dans le burlesque quechua ? » En effet, des hommes l’interpelaient en quechua et des femmes lui soufflaient les réponses à leur donner. Voici un exemple, au tout début du livre, d’une interaction burlesque qu’elle a vécue alors qu’elle était avec des femmes près d’un terrain de football (soccer) : Au fil des 16 chapitres de l’ouvrage, Riverti analyse 24 enregistrements d’interactions burlesques qu’elle a vécues. Elle décrit sa méthode de collecte et d’analyse des données en 4 étapes. Premièrement, enclencher le dictaphone dès qu’une farce débute ou qu’elle en pressentait l’arrivée. Deuxièmement, réaliser des entretiens « métalinguistiques » avec les participantes et les participants aux farces, incluant les femmes « souffleuses » qui ont participé à la farce pour soutenir l’auteure. Troisièmement, utiliser la méthode « d’analyse de la conversation » (Fornel et Léon 2000 ; Keating et Egbert 2004) pour traiter les retranscriptions des échanges burlesques et des entretiens. Quatrièmement, réviser l’orthographe et la structure linguistique des retranscriptions avec son professeur de quechua et Maura, une habitante du village. S’inscrivant dans les champs de l’anthropologie linguistique, de l’anthropologie de l’humour et des humor studies (Kuczok, Stwora et Świerkot 2020), l’auteure revendique une approche ethnographique interactionniste et métaréflexive. La dimension interactionniste se concrétise par l’intégration des paramétrages interactionnels et contextuels dans l’analyse de l’humour burlesque (p. 23). Ces paramétrages peuvent notamment être le lieu de la farce, les personnes et les membres de la famille présents, les propos tenus, etc. L’auteure définit la dimension métaréflexive de sa démarche comme « une analyse sur un matériau impliqué qui interroge l’implication du chercheur et en même temps la dépasse pour restituer en quoi le matériau impliqué informe la société » (p. 241). Riverti offre une description détaillée et riche de son enquête et n’hésite pas à faire des allers-retours entre les farces, les entretiens et les théories. Ses résultats reposent sur l’importance polyphonique, polémique et parodique des farces burlesques quechua. En effet, elle démontre comment l’ensemble des occurrences burlesques s’inscrivent dans des dynamiques de sociabilisation dont l’ethnographe est prise à partie afin de réguler les affinités, tantôt potentielles, tantôt impossibles. Elle distingue donc les personnes de l’alliance burlesque, les personnages qui sont performés dans les farces et les métapersonnages comme les « souffleuses » qui s’engagent dans l’échange burlesque par l’entremise de l’ethnographe comme personne et personnage. Elle comprend l’alliance burlesque sous la notion de coalition, c’est-à-dire « des alliances temporaires entre personnes engagées dans l’interaction [burlesque], s’alignant de diverses façons l’une sur l’autre, et dont l’intérêt commun est de voir gagner leur ligne de conduite face à un tiers [le farceur] » (p. 24). Par cet ouvrage, Riverti pallie un manque dans la littérature anthropologique sur les cibles des farces burlesques quechua en y incluant l’ethnographe. Elle approfondit le champ de l’anthropologie sociale et linguistique par son approche interactionniste. À titre comparatif, l’ouvrage de l’anthropologue Roger Spielmann (1998), ‘You’re So Fat!’: Exploring Ojibwe Discourse, aspire à …

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