Les Jeux olympiques de Paris 2024 ont été annoncés comme étant les premiers Jeux véritablement paritaires de l’histoire. Cette déclaration, faite en 2020 par la commission exécutive du Comité international olympique (CIO), visait à souligner le caractère inédit, moderne et progressiste de cet événement. Le CIO a affirmé que la « parité parfaite » parmi les 10 500 athlètes qualifiées et qualifiés ferait des Jeux une représentation fidèle de la société actuelle. Cependant, dans un article publié dans le journal Le Monde, la journaliste française Marion Dupont (2024) explique que cette parité proclamée est loin d’être « parfaite » et que l’événement, bien qu’historique, doit être remis en perspective. En effet, le pourcentage de femmes participant aux Jeux olympiques n’a cessé d’augmenter au cours des vingt dernières années, faisant de cette progression moins une rupture qu’une continuité (Blanchard, Bancel et al. 2024). En outre, dans l’écrasante majorité des compétitions sportives, les hommes et les femmes continuent de concourir dans des catégories distinctes, justifiées par les écarts de performances, au nom de l’équité. Cette bicatégorisation sexuée structure les pratiques sportives de différentes manières. Tout d’abord, dans la majorité des compétitions individuelles, les hommes et les femmes ne s’affrontent pas directement, mais concourent séparément, créant ainsi deux classements distincts. De même, dans les sports collectifs, les équipes sont formées en fonction du sexe des athlètes, et les confrontations se font uniquement entre équipes du même genre. Malgré une augmentation du nombre de pratiques sportives mixtes, la séparation des sexes dans le sport de haut niveau entraîne également une différenciation des épreuves. Par exemple, en athlétisme, la course de haies est de 110 mètres pour les hommes, mais seulement de 100 mètres pour les femmes ; le poids du marteau lancé est de 7,257 kilos pour les hommes contre 4 kilos pour les femmes ; et au tennis, dans les tournois du grand chelem, les hommes jouent leurs matchs au meilleur des 5 manches, tandis que les femmes jouent au meilleur des 3 manches (Dupont 2024). Certaines disciplines, comme la gymnastique, présentent même des épreuves totalement distinctes en fonction du sexe : les hommes s’exercent sur 6 agrès (sol, cheval d’arçons, anneaux, saut de cheval, barres parallèles, barre fixe), tandis que les femmes n’en ont que 4 (sol, barres asymétriques, saut de cheval, poutre d’équilibre). Ces différences sont principalement attribuées à des distinctions physiques, qu’elles soient anatomiques, physiologiques, métaboliques ou hormonales. Il ne s’agit pas ici de discuter de la validité de ces distinctions — les organisations sportives sont effectivement dans une position délicate, dans la mesure où elles doivent tendre à une forme « d’égalité des chances » lors des compétitions —, mais il semble important de noter que le champ sportif contribue puissamment, par l’organisation sexuée des compétitions, à valider les représentations de différences irréductibles entre hommes et femmes (Terret et Roger 2006). Et ce, d’autant plus que les discours naturalistes sont fréquemment mobilisés pour légitimer un « handicap naturel » dont souffrirait les femmes, ce postulat masquant l’influence de nombreux autres facteurs dans la production des performances sportives (Guérandel 2016). Par exemple, par rapport aux hommes, les femmes s’engagent dans des carrières sportives professionnelles généralement plus tardivement et elles sont moins encouragées à le faire, leur volume d’entraînement est moins important, elles bénéficient d’un encadrement de qualité inférieure, elles reçoivent moins de ressources financières, et le sport féminin est largement moins médiatisé. La dimension physiologique des disparités de performance, discutée, est en tous cas redoublée par ces différences dans la pratique des activités sportives, comme par les inégalités des ressources allouées. Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux olympiques …
Parties annexes
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