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Bibeau Gilles, 2023, Une histoire d’amour-haine. L’Empire britannique en Amérique du Nord. Montréal, Mémoire d’encrier, 409 p.

  • Antoine Hamel

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  • Antoine Hamel
    Département d’anthropologie, Université Laval, Québec (Québec), Canada

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Couverture de La situation coloniale à la lumière des archives, Volume 48, numéro 1, 2024, p. 15-318, Anthropologie et Sociétés

Le travail de recherche de Gilles Bibeau sur les préludes de l’histoire canadienne lui a permis d’« entrevoir la présence d’un mal dans ce qui a porté la naissance de ce pays » (Bibeau 2023 : 384). Ce sentiment a émergé lors de sa lecture des journaux de bord des navigateurs anglais et français qui étaient au service de « l’ambition des rois d’Europe, de la quête de profit des banquiers et de la recherche de produits exotiques de la part des commerçants » (ibid. : 44). Toutefois, la fresque historique de l’anthropologue ne s’attarde pas seulement aux récits des navigateurs de la Renaissance, mais aussi à ceux qui les ont précédés, soit aux immrama irlandaises et aux sagas islandaises, et ce, dans le but de comprendre les représentations qui poussèrent les Européens vers le couchant. Ces récits de voyages sont la matière première de son ouvrage, Une histoire d’amour-haine. L’Empire britannique en Amérique du Nord. Ce qui préoccupe l’auteur est de révéler ce que « cachent au juste les préludes européens de l’histoire canadienne » (ibid. : 15), pour ainsi comprendre la genèse des imaginaires anglais et français qui coexistent depuis la fondation du Canada. L’ouvrage, dont les différentes parties sont structurées autour d’« une trentaine de vignettes, de scènes de rencontres, de portraits de personnages et d’épisodes de l’histoire » (ibid. : 32), débute avec la description des navigations des moines irlandais sur leurs currachs, il y a de cela plus de 1 500 ans, alors qu’ils étaient à la recherche du paradis celtique. Il nous transporte ensuite sur les knörrs norrois dans leurs expéditions vers l’ouest. Avec moult détails, Bibeau nous explique ce qui mena ces aventuriers de Scandinavie au Groenland, et ce qui les poussa à naviguer, autour de l’an mil, jusqu’à la terre « énigmatique » du Vinland, dont l’emplacement est à ce jour incertain. Une fois les premiers jalons de cette quête vers l’ouest établis, l’anthropologue fait un bond en arrière et, en utilisant des sources primaires, telles que les livres de Grégoire de Tours (v. 538-594) et de Bède le Vénérable (v. 672-735), il nous introduit dans les manières de penser des Anglo-Saxons à l’époque de leur installation dans les îles anglo-celtes. L’auteur raconte aussi la mise en place de la dynastie franque des Mérovingiens dans les régions gallo-romaines. Ces développements permettent de décrire l’évolution ethnolinguistique et la parenté ethnique, culturelle et génétique originelle des habitants des territoires de la France et du Royaume-Uni actuels. L’auteur revient ainsi sur les mouvements, les conquêtes et les jeux géopolitiques qui ont mené à leur différenciation progressive et qui ont fait d’eux, au fil du temps, « les meilleurs ennemis du monde » (ibid. : 161). Bibeau décrit par la suite comment la politique d’expansion coloniale et le rêve d’empire en Angleterre sont nés et se sont solidifiés, notamment grâce à l’établissement de la flotte de l’Angleterre qui en vint à dominer les mers au XVIe siècle. Cette flotte fut au service d’une « véritable obsession » (ibid. : 278) des Anglais pour trouver le passage du Nord-Ouest. L’odyssée nordique des navigateurs anglais fut aussi l’occasion de réaliser l’exploration minière de l’actuel territoire de l’Arctique canadien qui ne leur permit que de trouver le célèbre « fool’s gold » (Bibeau 2023 : 295), autant d’occasions de rencontres et d’échanges ratées avec les Autochtones d’Amérique. Le professeur émérite de l’Université de Montréal souligne que si certains penseurs humanistes du XVIe siècle — More, Shakespeare, Rabelais et Montaigne —, inspirés de récits de voyageurs ayant côtoyé les Autochtones, ont …

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