Résumés
Résumé
Cet article examine le concept d’intersection à partir d’observations effectuées sur le terrain des pratiques rituelles en Inde. Ce concept permet de décrire différentes modalités de convergence qui unissent ou différencient les pratiques artistiques que sont la musique, les arts visuels ou encore la danse. Dans la perspective d’une anthropologie du sensible, l’auteure analyse différents procédés de composition consistant à associer des formes esthétiques a priori distinctes (ex : une formule rythmique spatialisée autour d’un dessin de sol ; un chant mis en décalage d’un mouvement dansé), ou encore à les dissocier dans certains cadres récents de performance. Cette démarche, fondée sur l’observation de rituels in situ, est à même d’offrir un cadre de comparaison dépassant le terrain indien et ses spécificités culturelles. On envisagera en effet ces intersections comme de véritables médias de l’efficacité rituelle, tout en s’appuyant sur les théories locales dont ils font l’objet. Quelle est la nature de ces expériences combinant des expressions visuelles et sonores ? Comment les décrire et avec quels outils ? À travers l’association (ou la dissociation) des registres expressifs, comment les acteurs attribuent-ils des valeurs spécifiques ?
Mots-clés :
- Guillebaud,
- musique,
- danse,
- arts visuels,
- Inde,
- Kerala,
- rythme,
- multisensorialité
Abstract
The article examines the concept of « intersection » on the basis of what the author has observed in different ritual actions in Kerala, India. It denotes complex interplays which unify or distinguish different artistic practices, such as music, visual arts and dance. The author argues that the analysis of composition processes of art association (as well as dissociation in new performance contexts) enables comparisons across South Asia and beyond its cultural peculiarities, for instance in Western contemporary art. Based on creative process, the study considers these interplays as concrete experimentations of sensitive perceptions, and takes into account local theories concerning efficiency. How can one define and describe the modes of convergence between visual and sound idioms ? Which type of experiences do they cultivate in different performance contexts ? Through association or dissociation processes, how do participants attribute specific values ?
Keywords:
- Guillebaud,
- Music,
- Dance,
- Visual Arts,
- India,
- Kerala,
- Rhythm,
- Multisensoriality
Resumen
Este artículo examina el concepto de intersección a partir de observaciones realizadas en el campo de las prácticas rituales en la India. Dicho concepto permite describir diferentes modalidades de convergencia – que unen o diferencian – las prácticas artísticas que son la música, las artes visuales y la danza. Desde la perspectiva de una antropología de lo sensible, el autor analiza diferentes procedimientos de composición que consisten en asociar formas estéticas a priori distintas (por ejemplo : una formula rítmica desplegada en torno a un dibujo en el suelo ; un canto en desfase con el movimiento de la danza) y más aun, a disociarlas en ciertos contextos recientes de representación. Este proceso, basado en la observación de los ritos in situ, ofrece un marco comparativo que rebaza la práctica hindú y sus especificidades culturales. Se consideraran dichas intersecciones como verdaderos medios de la eficacidad ritual, apoyándonos en las teorías locales de las cuales forman parte. ¿ Cuál es la naturaleza de esas experiencias que combinan expresiones visuales y sonoras ? ¿ Cómo describirlas en tanto que instrumentos ? Y gracias a la asociación (o la disociación) de los registros expresivos ¿ cómo los actores les otorgan valores específicos ?
Palabras clave:
- Guillebaud,
- música,
- danza,
- artes visuales,
- India,
- ritmo,
- multisensorialidad
Parties annexes
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