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Christian Culas, Le Messianisme hmong aux XIXe et XXe siècles. La dynamique religieuse comme instrument politique. Paris, CNRS Éditions et Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2005, 368 p., bibliogr., index.[Notice]

  • Jean Michaud et
  • Frédéric Laugrand

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  • Jean Michaud
    Département d’anthropologie
    Université Laval
    Québec (Québec) G1K 7P4
    Canada

  • Frédéric Laugrand
    Département d’anthropologie
    Université Laval
    Québec (Québec) G1K 7P4
    Canada

L’ethnonyme Hmong est à la fois familier pour bien des ethnologues, et tout aussi exotique. Familier, d’abord, parce que lié aux guerres indochinoises qui ont secoué la péninsule sud-est asiatique sans discontinuer entre 1945 et 1989. La proportion notable de Hmong qui se sont alliés aux combattants pro-américains au Laos et qui, par la suite, ont bénéficié d’un canal d’exil privilégié, font des États-Unis aujourd’hui la plus importante terre d’asile de la diaspora hmong – 200 000 représentants au dernier recensement. De là, mais aussi de France, d’Australie et du Canada, la présence hmong dans les médias occidentaux et, depuis quelques années, sur Internet s’accroît régulièrement, au point de faire croire que cette voix d’Amérique est aujourd’hui celle des 5 millions de Hmong recensés dans le monde. Rien ne serait plus inexact… En fait, que sait-on exactement des Hmong en dehors des cercles d’initiés ? La publication d’un ouvrage de l’envergure du Messianisme hmong aux XIXe et XXe siècles est ainsi un événement. Il faut sans doute remonter à la parution, en 1968, de la monographie de Guy Moréchand, Le chamanisme des Hmong, pour trouver un ouvrage comparable en langue française. L’ouvrage découle de la thèse de doctorat de l’auteur soutenue à l’Université de Provence en 1998 et dont la recherche de terrain dans le nord thaïlandais s’était échelonnée de 1993 à 1996. Située à la frontière des provinces de Nan en Thaïlande et de Sayaburi au Laos, l’étude a eu dès le départ le grand mérite de détacher l’analyse de l’inévitable regard « national », si peu fidèle à l’identité hmong. L’ouvrage est divisé en quatre parties. La première, « Les Miao/Hmong : des classiques chinois à la guérilla maoïste », compte trois chapitres et lance l’étude en retraçant dans le temps et dans l’espace les racines de l’identité hmong, des premières inscriptions glanées dans les annales chinoises jusqu’à la situation actuelle observée sur les hauteurs de Thaïlande et du Laos. La seconde partie, « Événements messianiques, compositions sociales et idéologiques des mouvements », s’attaque en trois chapitres à la genèse du messianisme chez les Hmong, un phénomène extrêmement complexe dont les racines excèdent largement la période de contact avec les missionnaires chrétiens auxquels on a trop souvent attribué une responsabilité dans l’apparition de cette caractéristique de l’animisme hmong. Une grande originalité de cette partie est d’ailleurs d’explorer plusieurs épisodes de « rébellion » hmong en Indochine, en fait des périodes de fièvre politique collective, inaccoutumées chez ce groupe lignager acéphale, catalysées par l’émergence d’un leader messianique endogène. Les troisième et quatrième parties, respectivement intitulées « Messies, initiateurs et rapports à la surnature » et « Révolution vers l’unité : conceptions métaphysiques du messianisme », développent en six chapitres la thèse de l’auteur sur la place du messianisme dans la religion hmong et ses utilisations tant symboliques que politiques. À partir de sources pourtant fragmentaires et incomplètes, l’auteur décrit ici avec beaucoup de talent la nature et la particularité du messianisme des Hmong. Les cinq mouvements messianiques abordés sur une période d’un siècle et demi – deux de ces mouvements seraient toujours actifs aujourd’hui – offrent des données intéressantes pour saisir la complexité de ces cosmologies. Christian Culas a le mérite de faire ressortir l’ancrage du messianisme des Hmong dans leurs traditions chamaniques tout en montrant son autonomie, sa logique intrinsèque et ses profondes différences. Les quatre chapitres de la troisième partie portent sur les caractéristiques des messies, les panthéons messianiques, les modes de contact avec la surnature et la spécificité des rites et de la cosmologie du messianisme hmong. L’auteur explique la nature tout à …