Corps de l’article
Parmi ses multiples effets, le développement des moyens de communications se répercute sur une tradition méritoire des revues scientifiques qui consiste à recenser les plus récentes publications. Lorsque l’on s’apprête à faire le compte rendu d’une publication électronique, comme ce cédérom de Laurence Pourchez publié par l’Unesco, on doit s’attendre à un défi : rendre compte de la multiplicité des supports employés : textes, images et son.
Comme je dois me limiter, je me propose de creuser ce qui se rapporte au symposium dont le cédérom fait écho et qui s’est tenu à l’Unesco (Paris) du 15 au 18 mai 2001, dans le cadre de la décade universelle des peuples autochtones (1995-2004). Chercheurs, artistes et critiques ont participé à cet événement, d’où la richesse de son programme et la diversité de ses contenus : colloque, projection de films, performances d’artistes autochtones venus des quatre coins du monde. Le premier volet est consacré aux papiers et réflexions qui ont été présentés lors du colloque, selon deux axes : la mondialisation et les cultures autochtones, d’une part, et les nouvelles technologies et les savoirs autochtones, d’autre part.
La mondialisation n’a pas que des effets néfastes sur les cultures autochtones. Certes, ces dernières, et comme on ne cesse de le montrer dans des études diverses, se trouvent menacées par ce qu’on appelle la standardisation culturelle ou l’hégémonie des cultures productrices des technologies de pointe. Cependant, sans l’apport de ces technologies on pourrait prédire la rupture des mémoires des autochtones et la disparition de leurs patrimoines. Ainsi, les tenants de ce discours, qu’ils soient des chercheurs ou des artistes autochtones, ont multiplié les témoignages qui soulignent l’importance de cet apport et l’efficacité de son emploi. À titre d’exemple, Jean-Patrick Razon président de Survival International, organisation qui défend le droit des peuples autochtones à sauvegarder leurs cultures, leurs terres et leurs vies, a mis l’accent sur deux projets que mène son organisation. Le premier consiste à élaborer un programme d’éducation qui sera adressé aux enfants de 8 à 11 ans et dont l’objectif sera de les sensibiliser aux cultures autochtones dans le monde. Le deuxième consiste dans un site Web qui portera sur ces cultures et leurs spécificités.
Le deuxième axe du colloque s’est intéressé à la synergie qu’il faudrait établir entre les nouvelles technologies, l’anthropologie, la muséologie et les savoirs autochtones. Une idée pertinente a été avancée dans ce cadre. Il s’agit du droit des communautés autochtones à se réapproprier les données qui étaient recueillies sur leurs territoires ou en regard de leurs cultures. La restitution de ces données aux peuples dont elles émanent s’avère être non seulement un devoir à la charge de ceux qui les exploitent dans un cadre scientifique ou autre, mais aussi un moyen qui rendrait les savoirs autochtones plus profitables à ces communautés. Étayant cette idée, l’anthropologue Barbara Glowczewski montre comment elle est parvenue à numériser l’ensemble des données qu’elle a recueillies lors de ses recherches auprès des Warlpiri en Australie, pour les mettre au service de cette communauté. Laurence Pourchez expose à son tour son expérience à l’Île de la Réunion où elle a réalisé un cédérom qui a permis de récupérer un ensemble de savoirs traditionnels du pays. Cette réalisation n’est autre que le fruit d’un travail ethnographique portant sur ces savoirs et faisant le sujet d’une thèse de doctorat en anthropologie.
Le symposium de l’Unesco s’était ouvert sur des créations et des réalisations de quelques artistes autochtones. Le volet images du cédérom de Pourchez rend compte de ces activités. On nous montre des visages et des paysages illustrant certains aspects de la culture autochtone un peu partout dans le monde, ainsi que des chants, des poèmes et des contes.