Comptes rendus

Geneviève Fournier et Marcel Monette (dir.), L’insertion professionnelle, un jeu de stratégie ou un jeu de hasard? Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2000, 196 p.Geneviève Fournier et Bruno Bourassa (dir.), Les 18 à 30 ans et le marché du travail, quand la marge devient la norme. Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2000, 268 p.Geneviève Fournier et Bruno Bourassa (dir.), Disparition ou transformation des formes de l’emploi? Entretien du CRIEVAT-Laval avec José Rose. Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2000, 84 p.[Notice]

  • Philippe Lorenzo

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  • Philippe Lorenzo
    ORS Picardie et CRES Picardie
    Université de Picardie
    39 rue Jules Verne
    80440 Boves
    France

Les jeunes adultes et leur accès au marché du travail sont au coeur des trois ouvrages édités par les Presses de l’Université de Laval sous les auspices du CRIEVAT-Laval (Centre de recherche interuniversitaire sur l’éducation et la vie au travail). Avec des approches différentes et en mobilisant des auteurs du Québec et de France, dont José Rose à qui un livre d’entretien est consacré, les trois ouvrages proposent divers regards sur la question de l’insertion professionnelle. Les sous-titres des deux livres principaux forment les deux points d’ancrage de la réflexion « Quand la marge devient norme » pour l’un, « Jeu de hasard et de stratégie » pour l’autre ; l’entretien de José Rose sert en quelque sorte de contrepoint. D’un côté comme de l’autre, l’enjeu est considérable : comment les jeunes arrivent-ils sur le marché du travail et comment stabilisent-ils leur situation? La norme de l’insertion des Trente glorieuses se déplace-t-elle? Quels sont les facteurs qui facilitent leur insertion? Quels en sont les freins? De quelle marge de manoeuvre (stratégie) disposent-ils? Quelle est la place laissée au hasard? Le recueil de textes sur L’insertion professionnelle : un jeu de stratégie ou un jeu de hasard alterne textes théoriques, politiques et réflexions issues de recherches en cours. D’une manière générale, la place du hasard est assez vite marginalisée par les différents auteurs, mais celle d’une éventuelle stratégie mise en place par les jeunes est elle aussi évacuée. En résumé, l’accès à l’emploi dépendrait peu du hasard, a fortiori la stabilisation dans l’emploi, mais ne résulterait pas non plus d’une réelle stratégie, car personne ne maîtrise les fluctuations du marché du travail. Dans son avant-propos, Geneviève Fournier circonscrit ainsi le problème : depuis une vingtaine d’années, l’insertion professionnelle des jeunes se heurte à un marché du travail devenu chaotique ; il convient donc d’éclaircir la relation dialectique entre insertion socioprofessionnelle et marché de l’emploi. Les auteurs montrent que les jeunes diplômés traversent une sorte de « quête identitaire » qui les amène d’un premier emploi à une stabilisation professionnelle. Si la chance, le hasard, un bon timing, l’entretien d’un réseau contribuent à leur insertion, les stratégies mises en place se heurtent à un marché incapable d’être régulateur. Marie-Denyse Boivin propose une synthèse théorique sur l’insertion socio-professionnelle autour du pôle affiliation-désaffiliation et s’interroge sur le sens que prennent travail et insertion chez un public de toxicomanes. Elle conclut en conviant les conseillers d’orientation à se réinterroger eux-mêmes et à prendre en considération les différentes représentations de leurs interlocuteurs. Marcel Monette et Geneviève Monier s’intéressent au soutien social comme facteur de l’insertion sociale. Dans la phase transitoire entre études et premier emploi, l’encouragement et l’appui moral d’un réseau de soutien s’avèrent déterminants pour renforcer la croyance de l’individu en ses capacités à trouver un emploi. C’est à une déclaration plus politique que s’essaye Marie-Chantal Guédon : « la précarité d’insertion semble maintenant s’inscrire, sauf pour quelques privilégiés, dans le parcours “normal” bien que non souhaité de la transition des études vers l’emploi correspondant à un projet professionnel bien établi » (p. 80). Elle s’interroge dès lors sur la pertinence de certains cadres mentaux comme le lien entre l’identité d’adulte et le fait d’être travailleur permanent à temps plein. Counseling d’emploi (Marie-Claude Gagnon) ou psychodynamique du travail (Marie-France Maranda et Chantal Leclerc) sont deux moyens qui permettraient de faire acquérir aux étudiants une vision plus stratégique de leur insertion dans le travail. La psychodynamique met en évidence la double contrainte, source de souffrance, à laquelle sont soumis les étudiants, ici en sociologie : investissement demandé dans la formation mais rappel d’un marché du …