Comptes rendus

David Cuccioletta (dir.), L’américanité et les Amériques. Québec, Presses de l’Université Laval et Éditions de l’IQRC, 2001, 246 p., bibliogr., notes.[Notice]

  • Sébastien Arcand

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  • Sébastien Arcand
    Département de sociologie
    Université de Montréal
    C.P. 6128, succursale Centre-ville
    Montréal (Québec) G1K 7P4
    Canada

Cet ouvrage, publié par le Groupe interdisciplinaire de recherche sur les Amériques (GIRA) de l’Université Laval, regroupe des articles sur des thèmes divers mais liés par une démarche que l’on dit comparative, continentale, multidisciplinaire et transnationale de l’américanité. Parce qu’ils considèrent que l’intégration des Amériques est souvent analysée à partir du seul prisme de l’économie, les auteurs mettent l’accent sur les aspects culturels et identitaires de l’américanité. Divisé en trois sections distinctes, l’ouvrage nous entraîne tout d’abord dans un « regard croisé sur les Amériques » où sont discutées des questions sur les dimensions culturelle, politique et économique de l’américanité. Ainsi, le texte de J.-F. Côté cherche à montrer que si l’utilisation de sondages pour faire ressortir les éléments identitaires des sociétés contemporaines est pertinente, elle ne peut saisir l’identité dans sa mouvance « large et profonde », c’est-à-dire dans les processus et l’élaboration de ce que Côté appelle « l’identification ». L’objectif de ce texte, fort intéressant au demeurant quant aux différents niveaux (culturel, politique et économique) dont est constituée l’américanité, est de (re)visiter les tenants et les aboutissants de l’identité étatsunienne en tenant compte de sa réalité intrinsèque et mouvante, de ses aspirations hégémoniques et de la place qu’elle occupe dans l’identité québécoise. On retrouve ensuite un texte de D. Cuccioletta sur une période historique importante des États-Unis, 1760-1860. Un troisième texte suit et traite de l’angle de l’américanité pour comprendre la culture « franco-québécoise ». Certains éléments sont novateurs dans ce texte de L. Dupont, comme la manière de désigner et de définir les différents discours tenus au Québec sur l’américanité. L’interaction entre les différentes étapes du développement du Québec et les idéologies y est présentée de manière claire et précise. Si les trois premiers textes de cette section se limitent au contexte canado-québécois et étatsunien, il en va autrement de l’article de P. Imbert qui campe, grâce à l’appel à des littéraires latino-américains, les questions identitaires relevant de l’américanité dans un espace géographique et culturel plus large. Cette décision est pertinente dans la mesure où il ne saurait être question d’américanité sans un détour par l’hémisphère sud du continent américain, en dépit de la position hégémonique occupée par les États-Unis. Toutefois, ce texte possède les défauts de ses qualités dans la mesure où il ne parvient pas à s’intégrer à l’ensemble du livre. Les dimensions économiques et politiques dominent la deuxième partie intitulée « Intégration continentale, libéralisme et américanité ». Ici, la thèse de J. Cispack et L. Héroux est intéressante et défendue de manière rigoureuse : l’américanité loin d’être un concept récent, désigne plutôt une appartenance identitaire qui existe au Québec depuis les années 1950 mais qui, grâce à l’ALENA (Accord de libre échange de l’Amérique du Nord), aurait émergé au début des années 1990. C’est par cette américanité qu’est rendu possible le lien entre le libéralisme et le nationalisme au Québec. Un autre point fort de cette section concerne l’utilisation de données empiriques obtenues lors d’un sondage sur l’américanité mené en 1997 et utilisé dans les textes de J. Cispack et L. Héroux et de F. Lesemann. La question d’un espace social, politique et économique nord-américain constitué avant l’ALENA est également abordé dans le texte de I. Morales. Dans la troisième partie, « Identités culturelles américaines », certains textes s’appuient aussi sur des résultats du sondage de 1997. C’est le cas du texte de L. Bernier pour qui les identifications globalistes des Québécois (européenne ou américaine) fournissent une part d’altérité dans la construction identitaire québécoise. Pour sa part, N. van Schendel aborde l’américanité à partir de la perspective linguistique et plus spécifiquement francophone. Cet …