Comptes rendus

LUBAC, C., LUBAC, M. et BONNET, É. (dir.). (2019). Archives rêvées, mémoires de peintres. Saint-Denis : Presses Universitaires de Vincennes, 332 p.[Notice]

  • Anne Klein

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  • Anne Klein
    Professeure agrégée, Université Laval, Département des sciences historiques

L’ouvrage est le produit, l’archive diraient peut-être ses concepteurs, d’un projet articulant des expositions, des tables rondes et un colloque. « Archives rêvées, mémoires de peintres » s’est appuyé sur un partenariat entre la maison d’Art contemporain Chaillioux de Fresnes, le laboratoire Arts des images et arts contemporains (AIAC) de l’Université Paris 8, trois galeries d’art (Bernard Jordan, Paris-Zurich ; Jean fournier, Paris ; et Bernard Ceysson, Paris-Genève-Luxembourg-Saint-Étienne) et les Archives nationales de France. Le projet s’est déroulé en plusieurs moments : trois expositions accompagnées de tables rondes tout au long de l’année 2016, dans les galeries travaillant en réseau avec la maison d’Art contemporain Chaillioux (Fresnes) ; une exposition aux Archives nationales de France sur le site de Pierrefitte-sur-Seine , du 19 octobre au 12 décembre 2016, et ouverte les 20 et 21 octobre 2016 par un colloque donnant la parole aux artistes et universitaires autour de la question de l’archive dans la peinture contemporaine. L’exposition, quant à elle, donnait à voir à la fois des oeuvres et le travail de leur élaboration à l’atelier. Ce dernier temps du projet, exposition et colloque, en constituait une forme de synthèse à la fois visuelle et conceptuelle. C’est cette synthèse que propose l’ouvrage regroupant dix-huit textes d’artistes, de chercheurs en arts et en esthétique et de l’archiviste responsable des fonds relatifs au cabinet du ministre de la Culture, aux arts plastiques et à l’éducation populaire. À la fois catalogue et actes, l’ouvrage est construit en quatre parties. La première partie, « Exposer des archives rêvées », propose un retour sur l’exposition qui est présentée d’abord par un texte des commissaires, Marcel et Céline Lubac, puis par une série de photographies. Ensuite, les artistes présentent eux-mêmes leur travail. Enfin, Céline Lubac expose ses réflexions autour du projet. La deuxième partie du livre, « Le temps et la réminiscence », réunit trois regards – esthétique, philosophique et archivistique – sur le rapport en peinture et mémoire. La troisième partie, « Pratiques mémorielles », laisse la parole à six artistes qui présentent leur travail en lien avec ce que l’archive leur évoque. Finalement, « Faire archive », rassemble les analyses, par six historiens de l’art, d’oeuvres mettant en question la mémoire, la trace, l’archive et les archives. Cet ouvrage témoigne avant tout de l’instabilité d’une notion surinvestie dans le champ de l’art. Si le titre laisse à penser que les archives seront l’objet d’une réflexion dans leur articulation à la mémoire, elles sont finalement peu présentes. Dès l’introduction, le flou qui entoure la notion d’archive apparaît sous la forme d’une question d’ouverture « Comment définir une archive ? » (p. 11). Les lignes qui suivent, et l’ouvrage dans son ensemble, mêlent sans vraiment les distinguer les notions de « trace », d’« acte public », de « pièce à conviction », d’« indice », de « pièce », de « fragment », de « passé », d’« archivage », de « conservation ». De ce flou surgit une compréhension très large : « faire oeuvre, c’est faire archive » (p. 11), en ce sens que l’oeuvre trouve son origine dans des images existantes, dans la mémoire de l’artiste ou dans des objets qu’il collecte. La question qui est au coeur du projet « Archives rêvées, mémoires de peintres » est alors celle de la relation de l’artiste à la fabrique de son oeuvre à travers ce qu’elle nécessite de recours au passé, mais aussi en ce que le geste de peindre constitue une manière de faire mémoire. Le projet s’est donc mené depuis les ateliers d’artistes. Céline Lubac explique que la démarche historienne, associée …