Résumés
Résumé
Cet article propose d’observer comment certains créateurs de la scène contemporaine travaillent à maintenir leur oeuvre dans un informe, un « à venir » (Blanchot, 1959), qui ouvre un champ illimité de constructions fictionnelles. Selon l’hypothèse défendue, par le recours au procédé de minoration (Deleuze, 1979), qui consiste à affaiblir ou à retirer volontairement un ou des éléments constituants de l’oeuvre, les trois oeuvres étudiées appelleraient une participation plus active du spectateur dans sa réception. Blind Cinema (2015), de Britt Hatzius, s’appuie sur un principe de masquage. The Pyre (2013), de Gisèle Vienne, retire le texte de la représentation pour enfouir la fiction dans les corps des interprètes. La chambre sonore de la maladie de la mort (2018), de L’eau du bain, parie sur une écriture scénique au conditionnel qui s’interdit d’affirmer un récit.
Abstract
This article proposes to demonstrate how certain creators in contemporary theatre aim for an inform, a sense of à venir (“to come”) in their work (Blanchot, 1959), which opens a boundless field of fictional constructions. Our hypothesis is rooted in the minoration (reductive) process (Deleuze, 1979), which involves voluntarily weakening or removing one or more of the inherent elements of a work. In keeping with this, the three works examined call for more active participation on the part of the viewer. Blind Cinema (2015) by Britt Hatzius relies on the principle of masking. Gisèle Vienne’s The Pyre (2013) removes text from the performance in order to enshroud fiction in the bodies of the performers. La chambre sonore de la maladie de la mort (2018) by L’eau du bain is committed to a scenic writing in conditional that prohibits the affirmation of a narrative.
Parties annexes
Bibliographie
- Anonyme (2013), « ManiFeste : The Pyre », Paris Art, http://www.paris-art.com/manifeste-the-pyre/
- Anonyme (2007) « Le Vatican abolit les limbes », Le Devoir, 21 avril, https://www.ledevoir.com/monde/europe/140395/le-vatican-abolit-les-limbes
- BARTHES, Roland (2002), Le Neutre : notes de cours au Collège de France (1977-1978), Paris, Seuil, « Traces écrites ».
- BERNARD DE COURVILLE, Florence (2009), « Hiroshima mon amour : la mémoire de l’oubli, problématique d’un récit cinématographique », dans Christophe Meurée et Pierre Piret (dir.), De mémoire et d’oubli : Marguerite Duras, Bruxelles, Peter Lang, « Marguerite Duras », p. 107-125.
- BLANCHOT, Maurice (1959), Le livre à venir, Paris, Gallimard.
- BOISSEAU, Rosita (2013), « Gisèle Vienne, ou quand la danse se fait magie noire », Le Monde, 28 mai, http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/05/28/gisele-vienne-ou-quand-la-danse-se-fait-magie-noire_3419800_3246.html#ZtQiGjHCkCkBbfz7.99
- CHEVALLIER, Jean-Frédéric (2015), Deleuze et le théâtre : rompre avec la représentation, Besançon, Les Solitaires Intempestif, « Expériences philosophiques ».
- CHEVALLIER, Jean-Frédéric (2004), « Le geste théâtral contemporain : entre présentation et symboles », L’Annuaire théâtral, no 36, p. 27-43.
- DANAN, Joseph (2005), « Pièce-paysage », dans Jean-Pierre Sarrazac, (dir.), Lexique du drame moderne et contemporain, Belval, Circé, « Poche », p. 156-158.
- DELEUZE, Gilles (1979), « Un manifeste de moins », dans Carmelo Bene et Gilles Deleuze, Superpositions, trad. Jean-Paul Manganaro et Danielle Dubroca, Paris, Minuit, p. 88-131.
- DESHAYS, Daniel (2001), « Écouter et inscrire l’écoute : à propos du livre de Peter Szendy Écoute : une histoire de nos oreilles », Entretemps, www.entretemps.asso.fr/Samedis/Szendy2.Deshays.html
- DIDI-HUBERMAN, Georges (2003 [1995]), La ressemblance informe ou Le gai savoir visuel selon Georges Bataille, Paris, Macula, « Vues ».
- DURAS, Marguerite (2008 [2006]), « L’horreur d’un pareil amour », dans Cahiers de la guerre, Paris, Gallimard, « Folio », p. 351-353.
- DURAS, Marguerite (1987), La vie matérielle : Marguerite Duras parle à Jérôme Beaujour, Paris, P.O.L.
- DURAS, Marguerite (1982), La maladie de la mort, Paris, Minuit.
- KANE, Sarah (2001), 4.48 Psychose, trad. Évelyne Pieiller, Paris, L’Arche.
- KAPELUSZ, Anyssa (2015), « “Mettre en scène des jeux de perception” : Kindertotenlieder de Gisèle Vienne », Incertains regards, no 5, p. 63-71.
- LAGARCE, Jean-Luc (2002), Le pays lointain, dans Théâtre complet, Besançon, Les Solitaires Intempestifs, vol. 4 (« Les règles du savoir-vivre dans la société moderne, Nous, les héros, Nous, les héros (version sans le père), J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, Le pays lointain »), p. 331-428.
- MONFORT, Anne (2009), « Après le postdramatique : narration et fiction entre écriture de plateau et théâtre néo-dramatique », Trajectoires, no 3, http://trajectoires.revues.org/392
- NANCY, Jean-Luc (1994), « De l’écriture : qu’elle ne révèle rien », Rue Descartes, no 10, p. 104-109.
- PRODUCTIONS RECTO-VERSO (2016a), « Blind Cinema », dans le programme de Mois Multi : festival international d’arts multidisciplinaires et électroniques, p. 7, http://mmrectoverso.org/wp-content/uploads/2016/08/Programme_MM_2016.pdf
- PRODUCTIONS RECTO-VERSO (2016b), « Britt Hatzius : Blind Cinema », http://mmrectoverso.org/portfolio/britt-hatzius-blind-cinema/
- RYKNER, Arnaud (2008), « Du dispositif et de son usage au théâtre », Tangence, no 88, p. 91-103.
- VOUILLOUX, Bernard (2013), « Gisèle Vienne : trouble dans la représentation », L’Officiel Art, no 7, p. 164-167.