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Le principe de la série gestuelle relève, chez Delsarte, de la notation. Cette dernière consiste en une étude systématique de règles d’énonciation, soit une grammaire gestuelle qui permet d’étudier et de comprendre l’origine, le développement et la valeur de l’expression mimique. Bref, il s’agit d’une régie du rôle et de la séquence d’énonciation des agents expressifs.

Déjà dans le cadre de son Cours d’Esthétique appliquée de 1858, Delsarte mentionne la présence d’une série de gestes :

Je vous dispenserai de vous parler successivement de certaines choses […]. Cependant, il y a là quelque chose de magnifique encore à examiner : c’est le rôle partiel de ces agents, c’est le rôle mimique de ces agents en vertu de laquelle ces agents se meuvent. […] Il y a dans chacun de ces agents une série de gestes parfaitement successifs et appréciables

Delsarte, Cours d’Esthétique appliquée, 1858, 4e leçon. Delsarte Special Collection, Hill Memorial Library, Louisiana State University (HML). Box 12b, folder 54

Mais, en 1858, Delsarte ne fournit aucune autre précision à cet effet. Il a déjà établi le principe de la série dès 1858, et l’élabore à partir de 1861. À cet effet, apportons une précision : l’abbé Delaumosne[1], qui étudie chez Delsarte en 1861, reproduit le contenu du manuscrit autographe[2] à même son ouvrage. Nous croyons qu’en 1861 Delsarte lut ce texte à ses élèves et que ces derniers le prirent en dictée[3].

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Nous sommes en présence d’un manuscrit autographe qui affiche une mise au net, une dernière étape au processus rédactionnel. Il se compose de trois feuillets (16.5 cm. X 25.5 cm), non numérotés. Le manuscrit ne présente aucun titre. Aussi nous sommes-nous inspiré, pour l’incipit, du titre que fournit Delaumosne dans son ouvrage (Delaumosne, 1874 : 158).

Nous sommes intervenu le moins possible dans la correction du texte. Toutefois, nous avons relevé plusieurs mots mal orthographiés. Soucieux de coucher sur papier sa réflexion, Delsarte n’accorde que peu d’attention aux normes de l’orthographe d’usage. Ces particularités graphiques, notons-le, relèvent de la rapidité d’écriture. Aussi sommes-nous intervenu en cette matière. À cet effet, notons qu’un mot écrit correctement dans un texte peut présenter, dans un autre, une orthographe erronée.

Du même coup, nous remarquons que Delsarte maîtrise l’orthographe grammaticale. Outre certains lapsus, nous avons rarement été appelé à intervenir.

Nous avons souvent remarqué une absence d’accentuation de mots. En pareille occurrence, nous associons ce phénomène, encore une fois, à la rapidité d’écriture. Nous avons rétabli l’accentuation.

Selon la pratique habituelle, nous utilisons la majuscule dans l’orthographe des vocables Vie, Esprit et Âme lorsque ces derniers correspondent aux trois natures de l’être. Par ailleurs, Delsarte utilise souvent la majuscule de façon abusive. De nombreuses occurrences relèvent de ce procédé. Bien que ce ne soit pas une pratique exclusive à l’auteur, nous procédons à un rétablissement lorsque la majuscule ne permet pas de distinguer une acception particulière d’un emploi régulier d’un nom.

Nous normalisons la ponctuation lorsqu’elle pourrait engendrer une difficulté de lecture. Par exemple, à la fin d’une phrase – qu’elle soit déclarative ou interrogative –, il arrive que Delsarte n’indique aucune ponctuation. Très souvent, à la suite d’un point, nous retrouvons une lettre minuscule. Il arrive aussi parfois que Delsarte emploie un point alors que la phrase suivante forme un complément de phrase. Dans tous ces cas, nous intervenons.

Nous employons l’italique afin d’attirer l’attention du lecteur sur l’importance de certains mots.

Nous respectons la division des paragraphes. Parfois, pour l’établissement de certains manuscrits le travail fut problématique : les manuscrits ne marquaient pas toujours l’alinéa et Delsarte ne fournissaitt pas non plus d’espace en blanc. Il nous est arrivé aussi de subdiviser un paragraphe afin de respecter l’unité de pensée et ainsi faciliter la lecture.

En notes explicatives au texte édité, nous nous référons le plus souvent à des définitions ou à des commentaires tirés d’oeuvres antérieures ou contemporaines des écrits pour en souligner les sources ou certaines parentés.

À même notre édition, nous utilisons certains sigles. Nous prenons soin de fournir leur signification :

  • [ ] élément reconstitué, ajout de l’éditeur

  • { } conjecture

  • [***] texte inachevé.

Bref, sur la question de l’établissement du texte, nous nous sommes souvent senti tiraillé par les critères d’authenticité et de lisibilité[4]. Nous avons respecté l’authenticité du manuscrit, mais en matière d’orthographe d’usage, de ponctuation et de subdivision de certains paragraphes, nous avons fait travail d’éditeur et avons privilégié la compréhension. Nous espérons seulement que ni les héritiers de Delsarte ni le lecteur ne nous en tiennent rancune.