Résumés
Résumé
Qualifiée, par son auteure (Lise Vaillancourt), de « théâtre épique marqué », la pièce Billy Strauss rejette le conflit dramatique et la résolution cathartique de la mimesis aristotélicienne en faveur de mécanismes qui dévoilent les rouages de la représentation théâtrale. Parmi ces mécanismes, se trouve l’amplification, voire l’exacerbation, des rituels de communication. En observant de plus près ces rituels, on est frappé par le primat de trois procédés particuliers : la répétition, l’interview et la conférence. Quelles sont les conséquences de cette pratique sur la construction des personnages et qu’est-ce que cette pratique révèle de la représentation des relations sociales en rapport avec le contexte sociohistorique ? On constatera que l’idiome cérémonial, traditionnellement employé pour renforcer et gérer les connexions sociales, devient ici synonyme d’une violence postmoderne. C’est ainsi que Vaillancourt opère une radiographie de la poussée individualiste et d’un malaise existentiel au féminin qui a pris de l’ampleur à partir des années 1980, et plus particulièrement dans la décennie qui a suivi l’époque du théâtre féministe militant au Québec.
Abstract
The play Billy Strauss has been described by its author, Lise Vaillancourt, as a clear example of epic theatre. It rejects the dramatic conflict and the cathartic resolution typically associated with Aristotelian mimesis in favour of mechanisms that expose the workings of theatrical representation. One of these devices is the exacerbation of communication rituals. A closer observation reveals the primacy of three operating process in particular: repeated speech, interviews and conferences. What effect does this practice have on the construction of the play’s characters and what does it reveal about the representation of social relationships in their social and historical context? One discovers that the ceremonial idiom, traditionally used to reinforce and manage social connections, is used here as a synonym of a type of post-modern violence. It is in this way that Vaillancourt performs an x-ray of the individualist trend and the accompanying existential malaise afflicting women in the 1980s, that is, in the decade following the heyday of a committed feminist theatre in Québec.
Parties annexes
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