Résumés
Résumé
Héritée du code de l’action oratoire et étroitement liée aux règles dramaturgiques de la vraisemblance et de la bienséance, l’exigence de convenance est au fondement de l’art de la déclamation dans la tragédie française de la seconde moitié du XVIIe siècle. Elle incite à s’interroger sur l’usage et les caractéristiques d’un excès vocal apparemment constitutif de la déclamation tragique : le cri. Celui-ci pose en effet plusieurs problèmes esthétiques et éthiques : inarticulé et violent, il renvoie à une animalité et à un emportement incompatibles avec la poétique de la tragédie classique. Pour la rendre convenable, la véhémence du cri est dès lors mesurée par des règles de hauteur, d’intensité et de variété qui opèrent tant sur le plan scénique que sur le plan scriptural, notamment par la gestion dramaturgique des figures pathétiques. Ainsi ramené à cette juste mesure, le cri tragique participe pleinement de l’esthétique distanciée d’une déclamation qui vise à plaire à l’auditeur autant qu’à le toucher.
Abstract
Inherited from the code of oratory actio, closely linked as well to the dramaturgical rules of verisimilitude (vraisemblance) and decorum (bienséance), the criterion of suitability (convenance) forms the basis of the art of declamation in French tragedy in the second half of the 17th century. One can therefore question the use and features of a vocal excess apparently constituant to tragic declamation: the cry, as it poses several aesthetic and ethical problems. Being inarticulate and violent, the cry conveys animality and a lack of control that are considered incompatible with the poetics of classical tragedy. In order to make it suitable, the vehemence of the cry is thus measured by vocal rules of pitch, intensity, and variety, both on stage and in writing, notably through the pathos of rhetorical figures. Brought back to the right scale, the tragic cry fully partakes of the distancing aesthetics of declamation, as it seeks to please the audience as much as to move them.
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