FR :
S’inspirant de la réflexion élaborée par le critique Guy Scarpetta dans Kantor au présent, un recueil d’essais tournant autour du travail de l’homme de théâtre, artiste et peintre disparu en 1990, l’auteur interroge la question de la mémoire et de la transmission d’un art théâtral lui-même entièrement voué au travail de deuil et au recyclage des matériaux historiques, autobiographiques et culturels, un art de la mise en scène si lié à son créateur qu’il était destiné dès sa conception à disparaître avec lui. Contre la fascination pour un passé réifié ou les emprunts ludiques de la postmodernité, l’oeuvre de Kantor appelle au contraire à une réinscription critique de la mémoire, héritage qui ne va pas sans questionner en retour fortement la responsabilité du témoin-spectateur, d’autant qu’il n’aura plus accès à la représentation de ces oeuvres théâtrales.
EN :
Inspired by critic Guy Scarpetta's reflections in his latest book Kantor au présent, a collection of essays dedicated to the work of this artist, painter and man of the theatre who died in 1990, the author questions the memory process and the transmission of an art which is entirely mobilized by the workings of mourning and the recycling of historical, autobiographical and cultural materials. Because Kantor's bringing into play revealed such an acute involment into the re-setting of his own "life and times", it had, such was the master's wish, to pass away with him. A paradoxical desire on his part, since his work takes a firm stand against any fascination toward a reified past or the superficial borrowings of a certain postmodernity, calling on the contrary for a critical reinscription of memory in its most complex constructions. This legacy strongly probes in turn the spectator-witness's responsibility, and even more so that he will never more directly experience the staging of the artist's plays.