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Depuis l’avènement du tournant migratoire (« mobility turn ») au début du 21e siècle, les recherches autour de la mobilité, souvent liées à la mondialisation, se multiplient dans diverses disciplines des sciences humaines et sociales. De plus en plus, les mobilités, considérées dans leurs dimensions géographiques, sociales et culturelles, sont présentées comme étant facteurs de transformation non seulement pour les individus mais aussi pour les territoires d’accueil. Pour autant, peu d’attention a été portée jusqu’à maintenant à la mobilité des jeunes, qui se déplacent souvent dans le cadre de projets familiaux. Ce manque d’intérêt est dommageable car rechercher les spécificités de ces mobilités nous permettrait de mieux comprendre les dynamiques et trajectoires de ces nouveaux citoyens. Cet article s’intéresse à la mobilité d’une jeune immigrante francophone en Alberta au travers de ses trajectoires d’intégration scolaire, sociale et culturelle. En articulant les notions de « motilité » de Kaufmann et Widmer et d’« individuation » de Simondon, nous tentons de comprendre comment celles-ci s’influencent et ouvrent des potentiels dans le parcours des jeunes immigrants de minorité visible au Canada. Pour Victorine, les trajectoires de mobilité et d’individuation s’alimentent réciproquement, permettant l’ouverture de potentiels sociaux, scolaires et professionnels ainsi qu’une émancipation vis à vis de sa famille. Nous apportons des éléments de comparaison avec une autre participante afin de contextualiser son parcours.