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Le Canada et le Québec projettent à l’international l’image de lieux multiculturels et accueillants pour les personnes LGBTQ+, étant donné l’égalité juridique et la relative acceptation sociale que celles-ci peuvent y obtenir. Plusieurs hommes gais qui choisissent de s’y installer espèrent accéder non seulement à de meilleures conditions socioéconomiques, mais aussi à un climat socioculturel et politique leur permettant une vie sociale et intime plus satisfaisante. Dans cet article, qui présente des résultats d’une étude qualitative, nous examinons l’expérience de vie au Québec et la quête de bien-être de 25 jeunes hommes gais ayant immigré récemment à Montréal ou Québec. Plus précisément, notre but est de montrer comment leurs expériences sociales et intimes façonnent leur bien-être en contexte post-migratoire. L’analyse de leurs témoignages, soutenue par l’approche de la sociologie de l’expérience de François Dubet, a permis de dégager quatre grands constats. Premièrement, vivre au Québec leur permet de se sentir plus acceptés comme gais par les autres et par eux-mêmes, élément central à leur bien-être. Deuxièmement, leur bien-être s’avère dépendre des possibilités de bien s’entourer dans leur nouvel environnement. Troisièmement, les milieux et réseaux gais, bien que sources de certaines insatisfactions, peuvent servir de portes d’entrée pour s’intégrer à leur société d’accueil. Quatrièmement, leur bien-être concernant leur vie intime est principalement lié aux possibilités de mieux vivre au quotidien une homosexualité autrefois contenue, entre l’exploration sexuelle et la quête souvent inaboutie d’une conjugalité stable. Cette contribution appelle à mieux prévenir les différentes formes de discrimination pouvant marquer la vie sociale et intime des immigrants gais en contexte post-migratoire, ainsi qu’à les accompagner davantage dans leur intégration à travers les milieux et réseaux gais, mais aussi à l’extérieur de ceux-ci.